Eiffel

Eiffel
Titre original:Eiffel
Réalisateur:Martin Bourboulon
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:13 octobre 2021
Note:
Venant tout juste de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu’il crée quelque chose de spectaculaire pour l’Exposition Universelle de 1889 à Paris, mais Eiffel ne s’intéresse qu’au projet de métropolitain. Tout bascule lorsqu'il recroise son amour de jeunesse. Leur relation interdite l’inspire à changer l’horizon de Paris pour toujours.

Critique de Mulder

« Eiffel raconte une grande histoire d’amour romanesque sur fond de construction de la Tour Eiffel. Nous avons retravaillé le scénario original avec Caroline Bongrand et Thomas Bidegain, avant que n’interviennent plus tard Tatiana de Rosnay – qui apportera l’idée de la construction du récit en flashbacks – et Natalie Carter. » - Martin Bourboulon

Le cinéma aime par moment prendre du recul pour retranscrire la réalité mais rarement ce procédé arrive à un résultat réellement ambitieux qui retient notre attention. Eiffel montre une nouvelle fois avec brio la force du cinéma français quand il se donne les moyens et surtout apporte à un film une ossature resplendissante et quasi-parfaite. Loin de vouloir nous raconter la vie d’un visionnaire surdoué qui a changé à jamais notre société, le film Eiffel préfère tirer un trait sur les moments difficiles notamment le scandale de Panama qui a failli envoyer en prison Gustave Eiffel et entraine son discrédit aux yeux du public. Eiffel nous raconte de manière un peu éloignée de la réalité comment la tour Eiffel fut construite mais surtout dresse une histoire d’amour entre deux êtres de deux classes différentes qui vont se retrouver après une longue séparation difficile.

Dès les premières images du film, Eiffel nous tient en haleine et se veut autant un film académique porté par une interprétation solide avec une photographie très soignée mais aussi bénéficiant d’une musique collant à l’action créant ainsi une véritable immersion. La force de l’excellent scénario de Caroline Bongrand est de mettre en parallèle des éléments historiques tout en développant en parallèle un cadre très romanesque dans lequel Gustave Eiffel (Romain Duris) va retrouver la magnifique Adrienne Bourgès (Emma MacKey découverte dans la série Netflix Sex Education est parfaite). En développant ces deux axes et en nous racontant une partie importante du passé de Gustave Eiffel le film lui rend réellement hommage et montre que cet ingénieur centralien s’est toujours totalement investi dans ses projets aussi ambitieux que variés.  Il serait ainsi facile de faire un parallèle entre le film Titanic de James Cameron et ce film dans lequel des éléments de la réalité sont juxtaposés avec une réelle réussite sur des éléments fictifs rendant ainsi un film aussi bien universel qu’inoubliable.

Eiffel nous raconte ainsi comment fut monté l’un des monuments historiques les plus visités d’Europe avec pas moins de 300 millions de visiteurs ce qui en fait l’un des sites touristiques les plus visités de France après Disneyland Paris, le musée du Louvre et le Domaine de Versailles. Cette tour de fer de 324 mètres de haut aura nécessité des travaux importants et pas moins de deux ans  pour qu’elle soit prête pour l’Exposition universelle de Paris de 1889. Véritable phénomène mondial ce monument est apparu dans plusieurs films notamment Superman 2 (1980) et Dangereusement vôtre (A View to a Kill) (1985) et plus récemment À la poursuite de demain (Tomorrowland) (2015).  L’influence du cinéma américain est clairement visible dans la réalisation de Martin Bourboulon. On pensera notamment à des réalisateurs comme Damien Chazelle, P.T Anderson pour le grand soin donné aux personnages et à leur faire traverser des moments difficiles de la vie qui ne les feront qu’en sortir grandis. 

Après deux comédies Papa ou maman 1&2 (2015, 2016) rien ne semblait destiner le réalisateur a changé de genre et à aborder le film d’aventure. Pourtant le résultat témoigne que celui-ci maitrise non seulement son film mais surtout a su parfaitement s’entourer et le duo principal Romain Duris et Emma Mackey fonctionne à merveille. Tandis que Romain Duris continue à montrer qu’il excelle dans tous les genres, il donne ici à son personnage une aura toute particulière qui fait que nous pouvons qu’aller dans le sens de son personnage prêt à se battre jusqu’au bout pour que sa création La Tour Eiffel soit achevée y compris à payer le double ses employés pour les motiver et éviter des grèves et des revendications syndicales. De la même manière, Emma Mackey apporte au film toute sa fragilité et dégage une véritable émotion palpable à l’écran.

 Comme dans de nombreux films américains l’importance des rôles principaux est ici à la source même de la réussite de ce film de grand spectacle qui plaira à un très large panel de spectateurs. En cela, Eiffel s’impose comme l’un des films incontournables de cet été et tient aisément la concurrence avec la déferlante de blockbusters américains que nous allons bientôt pouvoir découvrir au cinéma. On attend maintenant avec impatience les deux nouveaux films de Martin Bourboulon consacrés aux trois mousquetaires en espérant retrouver le même souffle épique que celui du film Eiffel.

Eiffel
Réalisé par Martin Bourboulon
Produit par Vanessa Van Zuylen
Scénario de Caroline Bongrand
Avec Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps, Andranic Manet, Armande Boulanger, Alexandre Steiger, Julien Sarazin, Philippe Herisson, Jeremy Lopez, Damien Zanoly, Clémence Boué, Frédéric Merlo, Michèle Clément, Josselin Baillarguet
Musique : Nicolas Godin
Image : Matias Boucard
Montage : Virginie Bruant
Sociétés de production : VVZ Production, Pathé, M6, Constantin Film Produktion GmbH
Distribué par Pathé (France)
Date de sortie : 13 octobre 2021 (France)
Durée du film : 119 minutes

Vu le 17 juin 2021 au Gaumont Disney Village, Salle 3 place B19 

Note de Mulder:

Critique de Marianne Velma

Pas assez d’ambition dans le cinéma français ? Il suffit de quelques minutes au long métrage de Martin Bourboulon pour nous prouver le contraire. Cette reconstitution historique du Paris de la fin du XIXe siècle impressionne. Sa photographie légèrement ambrée et ses ambiances d’éclairage à la bougie. Ses volutes de fumée. Ses costumes d’époque somptueux et ajustés avec précision. Le tableau ne nous prive ni de charme, ni de hauteur de prise de vue. Un pied entier de la célèbre tour a ainsi été construit pour les besoins du tournage. De là-haut, le spectacle apparaît encore plus grandiose.

Les moyens, Eiffel n’en manque pas. Contrairement à son personnage principal qui devra lui s’endetter pour donner à Paris son futur emblème. Cette dernière s’apprête donc à prendre sa place sous le ciel gris parisien, le combat s’annonce épique. D’autant que le scénario nous promet également une belle histoire d’amour, supposément secrète, entre Gustave et une certaine Adrienne. Une femme qui lui aurait inspiré l’idée et la forme de la construction métallique. 

Si l’image apparaît comme séduisante sur le papier, une fois transposée à l’écran, la magie n’opère pas. Pourtant, l’alchimie entre Romain Duris et Emma Mackey est palpable. Les deux acteurs se donnent corps et âme dans ce jeu de dupe amoureux et nous offrent quelques séquences fiévreuses. Tellement d’ailleurs que ces scènes éclipsent totalement le contexte lié à la construction de la tour. Au lieu de tresser savamment enjeux sentimentaux et historiques, le film nous propose une balade romantique et tragique, oubliant de conférer à Gustave un supplément d’âme créative. Il fallait être bien plus qu’un amant alangui pour bâtir un tel édifice, non ?

Cette trame, imaginée par Caroline Bongrand à la fin des années 90 (dont les nombreuses péripéties sont relatées dans le livre Eiffel et moi), n’a sans doute pas pu s’exprimer pleinement. Pour autant, Eiffel possède la grâce légèrement surannée de ces fresques historiques d’autrefois. Il nous transporte dans un ailleurs à mi-chemin entre la réalité et la fiction. À charge pour le spectateur de démêler le vrai du faux ou bien de se laisser porter.

Eiffel
Réalisé par Martin Bourboulon
Produit par Vanessa Van Zuylen
Scénario de Caroline Bongrand
Avec Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps, Andranic Manet, Armande Boulanger, Alexandre Steiger, Julien Sarazin, Philippe Herisson, Jeremy Lopez, Damien Zanoly, Clémence Boué, Frédéric Merlo, Michèle Clément, Josselin Baillarguet
Musique : Nicolas Godin
Image : Matias Boucard
Montage : Virginie Bruant
Sociétés de production : VVZ Production, Pathé, M6, Constantin Film Produktion GmbH
Distribué par Pathé (France)
Date de sortie : 13 octobre 2021 (France)
Durée du film : 119 minutes

Vu le 9 septembre 2021 à la Fondation Jérôme Seydoux Pathé

Note de Marianne Velma: