Titre original: | Cruella |
Réalisateur: | Craig Gillespie |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 134 minutes |
Date: | 23 juin 2021 |
Note: |
Dans sa volonté de revisiter ses classiques de l’animation en version live, il est intéressant de voir que le film Cruella n’est pas l’adaptation des 101 Dalmatiens, celle-ci avait déjà donné lieu à un film de Stephen Herek avec Glenn Close dans le rôle de Cruella. Une suite fut donnée à ce film en 2000 réalisé par Kevin Lima et ne rencontra pas le même succès mondial que ce premier film. Plus de vingt ans plus tard les studios Walt Disney Studios Motion Pictures ont décidé de prolonger cet univers en proposant de revisiter le passé de Estella Miller/Cruella de Vil incarnée ici à la perfection par Emma Stone. Le film se déroule à Londres dans les années 1970 (pendant le mouvement punk rock) et nous propose de découvrir l’enfance d’Estella Miller après que sa mère soit tuée lors d’un accident dramatique et nous présente ce personnage alors qu’elle n’est une simple aspirante styliste, qui explore le chemin qui la mènera à devenir une célèbre styliste connue sous le nom de Cruella de Vil.
Cruella aurait pu s’imposer comme un classique tant la réalisation, la photographie et les interprétations sont de qualité irréprochable pourtant c’est le scénario de Dana Fox et Tony McNamara qui affaiblit de manière ce film qui parait trop long et présentant ainsi plusieurs soucis de rythme. De la même manière la mise en scène se rapproche beaucoup de l’univers de Tim Burton au point se demander si le réalisateur Craig Gillespie (Fright Night (2011), The Finest Hours (2015), Moi, Tonya (I, Tonya) (2017)) n’a pas voulu proposer une mise en scène trop fortement inspirée par celle de ce réalisateur surdoué. C’est ce manque d’originalité qui dessert grandement ce film et semble montrer la volonté des studios Walt Disney Studios Motion Pictures de proposer un film surcalibré et en évitant tout initiative inutile. Ce dit manque sera on le pense absent de la suite de ce film tant le potentiel du personnage Cruella interprété par Emma Stone semble ne pas avoir de limite. Cette excellente comédienne trouve ici un rôle calibré pour elle dans lequel elle peut de nouveau témoigner qu’elle est bien une des meilleures comédiennes actuelles.
Ce film est réussi car il évite d’être de nouveau une simple préquelle expliquant comme une orpheline et qui doit faire plusieurs arnaques pour gagner sa vie va devenir une des méchantes les plus connues de l’univers Disney. Epaulée par deux personnes, Jasper (Joel Fry) et Horace (Paul Walter Hauser), elle se révèle surdouée pour monter des coups dignes de ceux de la saga cinématographique Ocean’s Eleven. Le film oriente donc le récit vers une histoire de vengeance et mettre en place une véritable concurrence entre la styliste, la baronne Von Hellman (Emma Thompson) et Cruella. A ce titre l’univers de la mode occupe une place importante dans le récit et nous propose plusieurs numéros d’une efficacité redoutable.
Emma Stone dans le rôle de Cruella semble bizarre sur le papier car ce changement d’image d’une comédienne habituée à des rôles moins risqués s’impose comme la principale qualité du film. Aussi irrésistible que permettant de mettre en scène la dualité de son personnage tel un super héros Marvel ayant une identité publique et une secrète. On ressort donc satisfait d’avoir passé un bon moment.
Le film est sorti le 28 mai dernier aux Etats-Unis en même temps sur Disney + (Premier Access) et au cinéma où il rencontra un bon accueil critique et publique louant l’interprétation remarquable d’Emma Stone mais aussi une mise en scène efficace, des seconds rôles calibrés (Emma Thompson et Paul Walter Hauser) et le grand soin porté aux costumes. On comprend donc aisément qu’une suite a déjà été confirmée et on l’espère corrigera les défauts de ce film.
Cruella
Réalisé par Craig Gillespie
Produit par Andrew Gunn, Marc Platt, Kristin Burr
Scénario par Dana Fox, Tony McNamara
Histoire par Aline Brosh McKenna, Kelly Marcel, Steve Zissis
Basé sur le film de Disney Cent et un Dalmatiens de Bill Peet et le roman Les Cent et un Dalmatiens de Dodie Smith.
Avec Emma Stone, Emma Thompson, Joel Fry, Paul Walter Hauser, Emily Beecham, Mark Strong
Directeur de la photographie : Nicolas Karakatsanis
Montage : Tatiana S. Riegel
Société de production : Walt Disney Pictures, Gunn Films, Marc Platt Productions
Distribué par Walt Disney Studios Motion Pictures
Date de sortie : 28 mai 2021 (USA), 23 juin 2021 (France)
Durée : 134 minutes
Vu le 28 mai 2021
Note de Mulder:
Que l’on aime ou pas les films labellisés Disney, il faut bien leur reconnaître une qualité : leur capacité à créer des tendances. Mieux à s’inscrire au fil du temps comme des références façonnant l’univers de la pop culture. Cruella, dernière itération autour des 101 Dalmatiens, ne cache pas longtemps son ambition : imposer une nouvelle icône. Plus qu’un simple spin-off, le long métrage joue la carte de la réinvention du personnage. Un peu à la manière de Wicked avec la méchante sorcière de l’Ouest, Cruella réécrit la légende de cette figure de fiction célèbre pour ses mauvais goûts en matière de manteaux…
Avec ses costumes ébouriffants, sa bande originale aussi enivrante que tapageuse et ses décors dopés aux seventies, Cruella cherche en permanence la connivence intemporelle avec son public. Pas une séquence sans une chanson culte, pas une robe qui ne manque de flamboyance, pas de personnage qui ne soit immédiatement sympathique. À part peut-être, la Baronne, papesse de la mode dont l’ambition broie les individus, sans aucun remords. Mais cette dernière est interprétée par une Emma Thomson visiblement très en joie d’incarner cette méchante made in Disney. De quoi définitivement transformer le film en pandragon du « Cool »
Si la « hype » de Cruella apparait comme indéniable, quand est-il de sa verve ? L’histoire, bien ficelée, nous promet son lot de rebondissements. Ce rythme défendu par une kyrielle de distractions optiques finit toutefois par laisser échapper quelques faiblesses. Pourquoi ? Tout simplement, car à trop vouloir se concentrer sur le beau, le spectacle, la chorégraphie, le scénario passe à côté de l’ingrédient principal : l’émotion. Cruella a bien une faille, mais elle n’est jamais suffisamment mise en exergue pour nous toucher au cœur. Pourtant, il aurait été intéressant d’explorer la noirceur du personnage. Cette folie contre laquelle elle doit lutter et qui se révèle être, plus ou moins, inscrite dans ses gènes. Une tragédie intime que le film ignore au profit d’une banale histoire de règlement de compte. Dommage, mais on pardonne tout aux grands yeux verts d’Emma Stone que l’on devrait retrouver prochainement dans un second épisode.
Vu le 11 juin 2021 au Publicis Champs-Élysées
Note de Marianne Velma: