Un homme en colere

Un homme en colere
Titre original:Wrath of a man
Réalisateur:Guy Ritchie
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:16 juin 2021
Note:
Un nouvel agent de sécurité de camions-caisses, mystérieux et au regard sauvage (Jason Statham), surprend ses collègues lors d'un hold-up au cours duquel il déploie de manière inattendue des talents de précision. L'équipe se demande alors qui il est et d'où il vient. Bientôt, le motif ultime du tireur d'élite devient clair alors qu'il prend des mesures dramatiques et irrévocables pour régler un compte.

Critique de Marianne Velma

Dans la longue liste des métiers qui font rêver, convoyeur de fonds arrive certainement bon dernier. Pourtant H (Jason Statham) se présente en dodelinant de la tête pour rejoindre cette joyeuse famille de bravaches qui sent bon la testostérone. Malgré son excellent pédigrée et son air patibulaire, H intrigue ses nouveaux collègues. Surtout quand ce dernier réalise un carton plein sur une bande de braqueurs un peu trop sûrs d’eux. 

Si ce pitch vous rappelle vaguement quelque chose, c’est normal. Un homme en colère n’est autre que le remake du Convoyeur, le film de Nicolas Boukhrief, porté par Albert Dupontel et sorti en 2004. Un remake peut éventuellement être une bonne idée (reconnaissons-le cela reste assez rare) quand il adopte pour principe de se réapproprier l’histoire pour la recontextualiser dans l’époque ou le pays commanditaire. Le long-métrage original, sous des couverts de thriller nerveux et efficace, déclinait en toile de fond un propos social pas inintéressant. Parler de la manière dont les individus sont broyés par de grandes corporations dans l’Amérique de Trump aurait pu être accrocheur. Malheureusement ce sous-texte (qui finissait par se diluer dans sa dernière partie chez Boukhrief) a complètement disparu. 

À la place Guy Ritchie semble s’être concentré sur ce qu’il sait faire de mieux : le film d’action avec une narration à rebours. Question rythme et intensité, rien ne manque. Les hommes tombent comme des mouches. Mais ce carnage minutieux, aussi réjouissant soit-il pour les amateurs du genre, tourne malheureusement en rond. Pire, quand le film original ménageait son suspense, le remake prône assez rapidement la loi du talion. Au risque de tomber allégrement dans « Revenge Movie » un peu facile. Comprenez que H est prêt à massacrer la terre entière du moment qu’il obtient sa vengeance. Le sujet délicat aurait mérité un peu plus de nuances. 

La mise en scène ne manque pas de précision ni d’efficacité. Mais on se demande pendant tout le film où est passée la folie salvatrice de Ritchie. Celle qui bravait les interdits sémantiques, qui défiait les lois de la gravité, qui réécrivait les codes du genre. Un homme en colère reste un produit de studio parfaitement calibré, qui séduira sans doute les amateurs de « stathameries », mais laissera les autres sur le bord de la route. 

Un homme en colère (Wrath of Man)
Réalisé par Guy Ritchie
Produit par Ivan Atkinson, Bill Block, Andrew Golov
Écrit par Guy Ritchie, Ivan Atkinson et Marn Davies
Basé sur Le Convoyeur écrit par Nicolas Boukhrief et Éric Besnard et réalisé par Nicolas Boukhrief.
Avec Jason Statham, Scott Eastwood, Holt McCallany, Jeffrey Donovan, Laz Alonso, Post Malone, Josh Hartnett.
Musique : Chris Benstead
Directeur de la photographie : Alan Stewart
Sociétés de production : Metro-Goldwyn-Mayer, Miramax
Distribué par United Artists Releasing (États-Unis), Lionsgate (Royaume-Uni), Metropolitan FilmExport (France)
Date de sortie : 7 mai 2021 (USA), 16 juin 2021 (France)
Durée : 119 minutes

Vu le 28 mai 2021 dans la salle Métropolitan

Note de Marianne Velma:

Critique de Mulder

Certaines associations d’un comédien adulé par le public et d’un réalisateur surdoué peuvent donner non seulement des films mémorables mais surtout montrer l’importance d’une réelle osmose entre ce qui se passe devant et derrière la caméra. Ce lien fort se révèle particulièrement vrai pour le comédien Jason Statham qui a pu s’imposer pour certes des rôles sur mesure et surtout s’entourer de réalisateurs maitrisant leurs films (Guy Ritchie, F. Gary Gray, Louis Leterrier, Roger Donaldson, Sylvester Stallone, James Wan, David Leitch). Un homme en colère (Wrath of Man) marque ainsi la quatrième collaboration entre Guy Ritchie et Jason Statham après Arnaques, Crimes et Botanique (Lock, Stock and Two Smoking Barrels) (1998), Snatch : Tu braques ou tu raques (Snatch) (2000) et Revolver (2005).

Sur la base d’un scénario écrit par Guy Ritchie, Ivan Atkinson et Marn Davies et aussi sur le scénario du film français de Nicolas Boukhrief Le convoyeur (Cash Tuck) (2004), Un homme en colère (Wrath of Man) met un mystérieux garde de sécurité pour un camion-caisse récemment recruté qui semble s’intégrer dans une équipe déjà en place pour des raisons de vengeance personnelle. Pour ceux qui ont déjà pu découvrir Le convoyeur (Cash Tuck) (2004) certains éléments de l’intrigue ne sont pas réellement nouveaux mais c’est au niveau de l’intrigue et de la  patte d’un réalisateur surdoué qu’Un homme en colère (Wrath of Man) gagne en prestige et en efficacité.

Il faut reconnaitre que le réalisateur Guy Ritchie n’a pas son pareil pour décrire le milieu des truands et donner vie à des personnages plus vrais que nature et surtout arriver à surprendre en permanence les spectateurs. De films de truands à des commandes de studios hollywoodiens comme Sherlock Holmes (2009), Agents très spéciaux : Code UNCLE (The Man from U.N.C.L.E.) (2015) , Aladdin (2019) on sent une réelle volonté du réalisateur et scénariste d’alterner gros budgets dans lesquels ses films perdent une part de la patte de ce réalisateur pour répondre à des demandes précises et films comme Un homme en colère (Wrath of Man) dans lequel le réalisateur peut laisser court à son imagination et mettre en scène un film efficace et réussi à défaut d’être totalement original. 

Cette manière de mettre en scène cette histoire et de brouiller les pistes fait qu’Un homme en colère (Wrath of Man) n’est pas qu’un nouveau film d’action avec Jason Statham mais plutôt un mixte réussi entre le thriller et le film d’action. La mise en scène très virile de Guy Ritchie joue ici en sa faveur car elle repose aussi sur un casting solide dans lequel on retrouve également Scott Eastwood, Holt McCallany, Jeffrey Donovan et Josh Hartnett. De la même manière le découpage du film en différents chapitres permet de renforcer chacune des parties du film et de mieux comprendre les motivations réelles du personnage incarné par Jason Statham. Loin d’être qu’une série de braquages successifs et de trahisons diverses, Un homme en colère (Wrath of Man) est surtout un film montrant l’amour d’un père pour son fils et sa manière de vouloir rendre sa propre justice quitte à risquer lui-même sa peau. 

Alors que dans des films comme The Transporter se focalisaient sur des scènes d’action non-stop pour faire de Jason Statham le digne successeur des héros américains des films d’action des années 80 (Arnold Schwarzenegger, Steven Seagal, Sylvester Stallone), le personnage qu’il campe ici semble plutôt utiliser ses capacités mentales que musculaires pour arriver à ses fins. En cela la collaboration entre Guy Ritchie et Jason Statham fait ici des étincelles en détruisant le type de personnage campé par ce comédien pour en faire un nettement plus mature et dont la vengeance prend des allures bibliques tel un homme brisé se relevant pour exercer une dernière mission avant de partir en paix libéré des chaines qui ont fait de lui un homme prêt à tout aussi manipulateur que patient. 

Un homme en colère (Wrath of Man)
Réalisé par Guy Ritchie
Produit par Ivan Atkinson, Bill Block, Andrew Golov
Écrit par Guy Ritchie, Ivan Atkinson et Marn Davies
Basé sur Le Convoyeur écrit par Nicolas Boukhrief et Éric Besnard et réalisé par Nicolas Boukhrief.
Avec Jason Statham, Scott Eastwood, Holt McCallany, Jeffrey Donovan, Laz Alonso, Post Malone, Josh Hartnett.
Musique : Chris Benstead
Directeur de la photographie : Alan Stewart
Sociétés de production : Metro-Goldwyn-Mayer, Miramax
Distribué par United Artists Releasing (États-Unis), Lionsgate (Royaume-Uni), Metropolitan FilmExport (France)
Date de sortie : 7 mai 2021 (USA), 15 juin 2021 (France)
Durée : 119 minutes

Vu le 28 mai 2021

Note de Mulder: