La Loi de Teheran

La Loi de Teheran
Titre original:Metri Shesh Va Nim
Réalisateur:Saeed Roustaee
Sortie:Cinéma
Durée:134 minutes
Date:28 juillet 2021
Note:
En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort. Dans ces conditions, les narcotrafiquants n’ont aucun scrupule à jouer gros et les ventes ont explosé. Ainsi, 6,5 millions de personnes ont plongé. Au terme d’une traque de plusieurs années, Samad, flic obstiné aux méthodes expéditives, met enfin la main sur Nasser K., le parrain de la drogue. Alors qu’il pensait l’affaire classée, la confrontation avec le cerveau du réseau va prendre une tout autre tournure…

Critique de Mulder

Cette année le festival Reims polar nous aura permis de découvrir dix-huit films sur les vingt et un proposés. Certains s’imposant aisément comme de gros coups de cœurs comme Boite noire de Yann Gozlan qui a mérité amplement le prix du public mais aussi un film arrivé tardivement en France La loi de Téhéran qui a bénéficié d’un excellent accueil dans différents festivals mondiaux. Auréolé du Grand Prix et du prix de la critique, le second film écrit et réalisé par Saeed Roustayi après Abad va yek rooz (2016) s’impose aisément comme un thriller implacable et surtout un film témoignant d’une mise en scène minutieuse ne laissant aux spectateurs aucun moment pour souffler. Mission d’autant plus réussie qu’il s’agit d’un film iranien et qui ne bénéficie pas ainsi des mêmes facilités que les films issus des studios hollywoodiens actuels. On se doute qu’un remake américain ne serait tardé dans l’histoire conté ici permet de mettre judicieusement en opposition deux hommes.

Il est intéressant de voir qu’un film comme La loi de Téhéran semble suivre les traces de l’excellent film de William Friedkin French connection (1971). Dans les deux films on trouve au centre du récit un flic prêt à tout pour mettre la main sur un puissant parrain de la drogue et on retrouve ici la même volonté de rester crédible en permanence.  La police est ainsi ici à la recherche d'un baron de la drogue nommé Naser Khakzad, mais lorsqu'elle parvient enfin à l'attraper, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour s'échapper et sauver sa famille. Même si l’intrigue en soit n’a rien de nouveau c’est le traitement et le scénario parfaitement maitrisé de Saeed Roustaee qui fait de La loi de Téhéran (Just 6.5) assurément un classique instantané et un film d’une force incroyable. 

Dans un pays comme l’Iran la possession de drogue que cela soit 30 grammes ou des kilos reste la même, la peine de mort par pendaison. Dans ce pays pauvre la drogue est devenue un véritable fléau et le titre américain du film fait ainsi allusion aux 6.5 millions de toxicomanes. Alors que la corruption semble être partout et que des personnes pour survivre sont obligés de devenir de simples transporteurs de drogues ou des revendeurs, les forces de l’ordre semblent avoir du mal à imposer le respect de la loi voire ne pas tomber dans une corruption omniprésente.

La grande force de La loi de Téhéran est de trouver une approche quasi documentaire sur un pays vacillant et dans lequel les forces de l’ordre ne doivent pas avoir peur d’avoir les mains salles pour mettre hors d’état de nuire de puissants criminels que rien ne semble pouvoir arrêter. Le scénario de Saeed Roustaee trouve l’approche parfaite en donnant une réelle épaisseur à ses personnages principaux tout en nous livrant certaines scènes spectaculaires ou marquantes comme cette scène d’introduction du film. Alors que L'inspecteur Samad (Payman Maadi) et son équipe doivent faire arrestations sur arrestations pour remonter jusqu’à un puissant caid Naser Khakzad (Navid Mohammadzadeh) dont les informations sont très rares. 

Par certains côtés, La loi de Téhéran nous rappelle ces grands films américains des années 70 qui n’avaient pas peur de montrer la réalité telle qu’elle est avec ses nombreuses imperfections, en mettant l’accent sur une société avec de nombreuses castes dans laquelle certains truands bénéficiant d’énormes ressources ont d’une influence considérable. On pensera ainsi en voyant ce film à l’ombre de réalisateurs comme Brian de Palma et Alan Parker et on se dira que le jeune réalisateur Saeed Roustaee a assurément l’étoffe d’un grand réalisateur en devenir dont nous attendons avec impatience le nouveau film.

La loi de Téhéran
Un film écrit et réalisé par Saeed Roustaee
Produit par Seyed Jamal Sadatian & Mohammad Sadegh Ranjkeshan
Avec Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Hooman Kiaie, Parinaz Izadyar, Farhad Aslani, Maziar Seyedi, Ali Bagheri
Musique de Payman Yazdanian
Directeur de la photographie : Hooman Behmanesh
Montage : Bahram Dehghani 
Distribution : Wild Bunch (France)
Date de sortie : 28 juillet 2021 (France)
Durée : 134 minutes

Vu le  29 mai en version originale (Festival Reims Polar)

Note de Mulder: