In the Earth

Certains scénaristes et réalisateurs réussissent à se réinventer à chaque film tant ils refusent de se contenter de la simplicité et de reproduire les mêmes films afin de se faire un nom auprès des grands studios hollywoodiens et de rentrer dans un moule prédéfini. Dès son premier film Down Terrace (2009), un thriller britannique aussi original qu’efficace, ce réalisateur a su rester fidèle à ses sujets qui lui tiennent à cœur. Ses films suivants, Kill list (2011), Touristes (Sightseers) (2012), English Revolution (A Field in England) (2013), High-Rise (2015), Free Fire (2016), Happy New Year, Colin Burstead (2018) et Rebecca (2020) ont su imposer non seulement son style mais aussi faire de lui l’un des réalisateurs britanniques les plus appréciés.

Certes ces films ne plairont pas à tous mais ont au moins le mérite de présenter une réelle vision d’un réalisateur toujours à la recherche de la perfection et qui continue à pouvoir exercer son métier librement sans jamais trahir ses pensées. Son nouveau film In the earth qu’il a de nouveau également scénarisé et monté est une réelle expérience cinématographique et surtout place son action en pleine pandémie mondiale comme celle que nous vivons depuis bien trop longtemps.

Le scénario à l’apparence très simpliste dans lequel le monde cherche un remède à un virus désastreux tandis que nous suivons un scientifique et un éclaireur qui s'aventurent au plus profond de la forêt pour une course de routine. Le réalisateur et scénariste Ben Wheatley nous livre un film parfaitement d’actualité et un message fort dans lequel la nature peut être réellement hostile et certaines croyances être de véritables alarmes pour la race humaine. A la frontière du cinéma fantastique, In the earth profite de décors naturels et d’une équipe réduite liée aux conditions de tournages relatives au coronavirus pour s’imposer par son originalité et sa radicalité.

Le réalisateur Ben Wheatley continue à nous surprendre par sa volonté de renoncer à toute simplicité et surtout à continuer son analyse de l’âme humaine. Il oppose ici la science, la religion et la nature dans une danse macabre dont personne ne sortira indemne y compris les spectateurs. Une nouvelle fois la musique occupe une part importante dans la réussite de ce film en amplifiant le climat oppressant et en mettant en avant la cruauté et la démence de certains personnages. Il en sort un sentiment de malaise permanent et une voie sans issue pour les deux personnages principaux qui vont devoir affronter deux personnes démentes et souffrir de manière violente.

Une nouvelle fois le réalisateur porte une grande attention non seulement à la photographie de son film mais aussi au niveau du montage. Il en ressort un film qui trouve le parfait angle pour traiter de la pandémie mais aussi amener les spectateurs à s’interroger sur notre avenir incertain.

In the earth
Écrit et réalisé par Ben Wheatley
Produit par Andy Starke
Avec Joel Fry, Ellora Torchia, Hayley Squires, Reece Shearsmith
Musique de Clint Mansell
Directeur de la photographie : Nick Gillespie
Conceptrice de la production : Felicity Hickson
Montage : Ben Wheatley
Créatrice de costumes : Emma Fryer
Distribué par Neon (https://neonrated.com)
Date de sortie (USA) : 30 janvier 202 (Sundance)
Durée : 100 minutes

Vu le 30 janvier 2021 (Festival Sundance)

Note de Mulder: