Titre original: | Indiscrétions |
Réalisateur: | George Cukor |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 109 minutes |
Date: | 23 janvier 1947 |
Note: | |
La fille de la haute société Tracy Lord prépare son deuxième mariage avec l'homme du peuple et politicien aspirant George Kittredge. Son premier mari, C.K. Dexter Haven, s'invite à la fête pour troubler l'harmonie préservée entre les futurs mariés. Il s'y emploie en emmenant deux journaliste d'une revue de ragots, avides de décortiquer le plus beau jour de la vie d'une favorisée. Entre quiproquos et faux semblants, Tracy découvre qu'elle n'est peut-être pas la femme qu'elle croyait être, et que ce n'est pas non plus son futur mari qui est le mieux placé pour lui tenir tête.
Critique de Tootpadu
Comédie agréablement pétillante, cette réunion unique entre trois monstres sacrés du cinéma hollywoodien (Katharine Hepburn, Cary Grant & James Stewart) est toujours aussi divertissante, même si du côté de la mise en scène et du scénario le bât blesse de temps en temps. Cela ne nous empêche pourtant pas d'admirer le désintérêt total pour tout semblant de réalité sociale ou sentimentale. Encore moins crédible que les incursions des pauvres dans les sphères des riches de nos jours à la Jet Set, le film véhicule en effet une image hautement improbable des rapports humains, ce qui ne fait au demeurant qu'augmenter sa valeur évasive. Il faut donc aimer cette recherche de la réplique qui tue, plutôt que d'une retranscription fidèle des rapports sociaux de l'époque. Après tout, c'est d'une comédie qu'il s'agit, malheureusement pas aussi légère et enjouée qu'elle voudrait le faire croire, mais tout de même très agréable à suivre.
A défaut de nous révéler quoique ce soit de nouveau sur la nature humaine, le scénario nous réserve un lot bien fourni d'échanges intelligents et jouissivement ironiques, pas toujours à l'abri d'une pointe qui tombe à plat, mais comme le champagne qui coule à flot à un certain moment, suffisamment travaillés pour séduire. Avec le recul, c'est l'humour sec de Liz Imbrie (Ruth Hussey) qui sonne le plus vrai, à l'opposé de certaines théâtralités du trio de tête. Par contre, des paroles pleines d'esprit et de verve ne réussissent pas à cacher la faiblesse générale de l'intrigue, avec ses revirements trop abrupts et son déroulement trop prévisible.
Le réalisateur George Cukor fournit au mieux un travail convenable, au pire un exercice au bord de l'inertie qui freine considérablement les envols embryonnaires du scénario à certains moments. Le film n'en devient certes pas pesant, mais il lui manque une légèreté de mise en scène en accord avec celle plus affirmée de l'écriture.
Enfin, tous les inconvénients mineurs derrière la caméra (le montage approximatif n'est pas non plus du meilleur effet) n'amenuisent en rien le plaisir de voir Hepburn, Grant & Stewart au meilleur de leur forme. Stewart en fait toujours un peu trop, mais cette interprétation débridée nous le montre pour une fois sous un jour plus comique. Grant se contente le plus souvent de jouer du Grant, et Hepburn personnifie à merveille la déesse adulée à la recherche de son coeur.
Revu le 6 juin 2004, au Mac Mahon, en VO
Note de Tootpadu: