Holler

Holler s’impose aisément comme une des plus belles surprises de cette édition du festival du cinéma américain de Deauville. Même si le film n’est pas reparti auréolé d’un prix, il nous aura permis de découvrir une nouvelle voix importante du cinéma américain. Après deux courts-métrages Smoke (2015) et Holler (2016) lequel est à l’origine de ce premier long métrage, la réalisatrice et scénariste Nicole Riegel signe un premier film passionnant dans lequel on découvre que la vie de certains américains est loin d’être un conte de fée.

En plein cœur du sud de l’Ohio dans lequel face à une crise économique persistante de nombreuses entreprises sont contraintes de ferme, Ruth Avery, une étudiante ayant un réel potentiel est contrainte pour payer ses frais de scolarités de travailler avec son frère avec des ferrailleurs n’ayant pas peur de pratiquer des activités illégales pour faire fructifier leur business. Obligé de voler un livre à sa bibliothèque pour travailler chez elle ou devant manquer des cours pour travailler avec son frère et ramener assez d’argent pour vivre, Holler s’impose comme un film dur mais rempli d’espoir. Holler aborde aussi le passage à l’âge adulte d’une adolescente devant aussi bien prendre soin de son frère ainé en l’absence d’une mère ayant des soucis de santé.

Alors que le cinéma hollywoodien à tendance à vendre du rêve et à montrer un monde trop souvent idyllique, le cinéma indépendant aborde des sujets plus graves et n’hésite pas à porter un regard très réaliste sur notre société actuelle dans laquelle nous n’avons pas tous les mêmes cartes en main pour réussir sa vie. Dans une société dans laquelle survivre est l’objectif premier, nous ne pouvons pas nous permettre de juger les actions de Ruth Avery et de son frère qui sont obligés de voler des métaux dans des usines fermées et abandonnées même si cela reste illégale.

Même si le scénario du film est simpliste, il est indéniable de reconnaitre que la jeune comédienne Jessica Barden réussit à donner son personnage Ruth Avery une force émotionnelle rare et surtout une valeur ajoutée indéniable à un film qui réussit à montrer à la perfection l’envers du rêve américain. Même si la fin de Holler rappellera beaucoup celle de l’un de nos films préférés, Will Hunting, (1997), ce premier film montre qu’il faudra dorénavant compter sur Nicole Riegel comme réalisatrice aguerrie et capable d’injecter une réelle vision d’auteur dans ce drame social chargé en émotions et incarné à la perfection par Jessica Barden.

Holler
Un film écrit et réalisé par Nicole Riegel
Produit par Michael Bachochin, Adam Cobb, Rachel Gould, Katie McNeill, Jamie Patricof, Christy Spitzer Thornton
Avec Jessica Barden, Gus Halper, Austin Amelio, Grace Kaiser, Pamela Adlon, Becky Ann Baker
Musique de Gene Back
Directeur de la photographie : Dustin Lane
Montage : Kate Hickey
Durée : 90mns

Vu le 8 septembre 2020 au Centre International de Deauville, en VO

Note de Mulder: