De la vie des marionnettes

De la vie des marionnettes
Titre original:De la vie des marionnettes
Réalisateur:Ingmar Bergman
Sortie:Cinéma
Durée:103 minutes
Date:07 octobre 1980
Note:
L'homme d'affaires respecté Peter Egermann assassine de sang froid la prostituée Katarina Krafft. A travers l'enquête de la police auprès de l'entourage du meurtrier, la suite d'événements et d'obsessions personnelles qui ont conduit à la catastrophe est évoquée.

Critique de Tootpadu

Dans son pénultième film en tant que réalisateur, avant une semi-retraite qui perdure jusqu'à ce jour, Ingmar Bergman sonde une fois de plus les abîmes de la vie sentimentale contemporaine en générale, et des problèmes de couple en particulier. Avec une crudité remarquable qui, par son nihilisme, sonne convenablement l'entrée en les années 1980s, il dissèque un nombre important de névroses de la bourgeoisie européenne, qu'elle soit allemande comme ici, ou scandinave comme dans la plupart de l'oeuvre du cinéaste. Pas un seul semblant de bien-être ou de bonheur persiste sous le regard acerbe du réalisateur qui dévoile le vide émotionnel qui gouverne le couple, jusqu'aux rêves meurtriers qui trouvent leur exécution par le biais d'un double et aux disputes mille fois répétées qui laissent les deux participants exsangues. Cependant, le constat amer ne se limite pas uniquement au couple, mais s'étend à tout leur entourage, de la mère possessive jusqu'au psy qui voudrait bien séduire l'épouse de son patient, en passant par le styliste homo terrorisé de veillir et de ne pouvoir concilier son rêve d'un amant et sa vie de conquêtes salaces. D'ailleurs, c'est à partir des aveux de cet assistant de la femme, admirablement joué et filmé face au miroir, que le film gagne réellement en particularité et force.
Photographié dans un noir et blanc lumineux et d'une froideur à peine voilée, ce drame rempli de crudité qui traduit pourtant une réalité désespérante, est également joué de façon fort appropriée. Tout en cruauté retenue qui ne s'exprime que par des paroles caustiques tant qu'elle reste dans son environnement social régi par certaines conventions, c'est surtout le personnage principal de Robert Atzorn qui intrigue, épaulé par une pléiade d'actrices et acteurs exceptionnels qui ont accédé depuis à une plus grande notoriété grâce à la télé. L'intimisme du récit, son aspect calculé par l'enchaînement des différents moments avant le drame, séparés par des textes de présentation comme les parties d'un dossier d'enquête, se prêterait en effet bien au petit écran – un changement de format qui n'enlèverait rien à la pertinence du propos et à la maestria de la réalisation.

Vu le 21 mai 2004, au Mac Mahon, en VO

Note de Tootpadu: