Armée des morts (L')

Armée des morts (L')
Titre original:Armée des morts (L')
Réalisateur:Zack Snyder
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:30 juin 2004
Note:
Un groupe de jeunes gens doit échapper à une horde de zombies assoiffés de chair fraîche. Ils se réfugient dans un centre commercial que tentent d'envahir les mort-vivants. Bientôt, les vivres et les munitions manquent et les mauvaises surprises se multiplient...
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Zack Snyder relève le parie d’effectuer un remake d’un film culte avec une maîtrise étonnante. Les zombies sont vifs et surprenants pour symboliser une haine virulente qui émerge de plus en plus. Ce n'est plus du Romero, mais c'est tout aussi noir et l'esthétique est en forme de coup de poing pour l'air du temps. La critique de la société de consommation suggérée par Romero a cédé la place à des clins d'oeil sur le consumérisme.

Comme le montre son film, Zack Snyder connaît le pouvoir subliminal des images. Il y ajoute l'humour en pleine terreur: la destruction, par un sniper, de zombies ressemblant à des stars du ciné ou de la télé et un accouchement particulièrement gratiné. Comme le disait si bien un critique récemment : « L'Armée des morts vient assez brillamment rappeler que l'art du remake est aussi une manière d'utiliser la programmation, qui n'est finalement qu'une spéculation sur la mémoire du spectateur, comme un principe esthétique. L'Armée des morts invente une nouvelle dimension plastique, la négociation d'un virage du figuratif à l'abstraction grâce aux possibilités de trucage offertes par le numérique. »

Tous les comédiens semblent prendre ici un malin plaisir dans l'entreprise, à commencer par Ving Rhames, qui balance une réplique culte tous les quarts d'heure. En horde ou pris séparément, les méchants zombies, visages ravagés et démarche de demeuré, présentent bien. Toutes les scènes d'extérieur sont d'ailleurs impressionnantes et donnent bien la mesure du chaos généralisé.

Zack Snyder s'en tire plus qu'honorablement. Alternant scènes de foule menaçantes et de paniques psychologiques en huis clos, il signe un premier film terrifiant, riche en rebondissements. Ce film remplit donc toutes ses promesses. Une première partie qui démarre sur les chapeaux de roues, terrifiante et efficace à souhait. En quelques minutes, le réalisateur nous plonge dans l'horreur. A partir de la moitié du film, l'horreur se transforme en action violente. Car attention, le film se complait constamment dans le gore, les détails scabreux et la démonstration. D'autre part, le film distille un humour revendiqué et pour une fois vraiment drôle, contrairement à l'immense majorité des films d'épouvante actuels. Ici, le cynisme et le sadisme sont poussés à l'extrême et fonctionnent grâce à l'absurde des situations proposées. En conclusion, un film à voir si vous en avez les tripes. Petit conseil, restez pendant le générique de fin du film car l'histoire continue et la fin n’est pas celle de l’original...

A revoir impérativement en version uncut lors de la sortie du dvd collector

Vu le 30 juin 2004 à la séance de 11h15 salle 02 au Gaumont de Disney Village

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Après Massacre à la tronçonneuse, la nouvelle mode de remakes des films phares du genre d'horreur bon marché mais diablement efficace continue avec cette refonte du classique de George A. Romero. L'idée originale extrêmement prenante y est conservée et témoigne ainsi de l'inventivité de son auteur. Par contre, le côté bricoleur et bout de ficelle est remplacé par un budget et des moyens biens plus conséquents, qui font gagner au film en efficacité et classe ce qu'il perd en imminence et imprévisibilité.
En fait, par sa stylisation - fort belle au demeurant - le film trahit en quelque sorte ses origines et la particularité de celles-ci, afin de devenir une oeuvre très forte et impressionnante, mais un brin trop formatée. Cela va jusqu'à l'impression que le point de vue affirmé et réussi du réalisateur se contente tout juste d'être au service d'un récit sans temps mort, constamment en danger de basculer vers un registre précieux et uniquement préoccupé par sa forme tape-à-l'oeil. De surcroît, ce style principalement véhiculé par la photographie très travaillée a parfois tendance à disparaître sans préavis, ni raison apparente, pour laisser place à une palette de plans et de perspectives beaucoup plus conventionnels. Cette paresse trompeuse fait tout pour déséqulibrer encore plus le film. Bien que l'action y soit présente pratiquement sans relâche, les véritables temps forts se succèdent de façon un peu trop saccadée, truffée d'invraisemblances et de raccourcis trop faciles et évidents pour convaincre. Ainsi, l'idée de Romero est évidemment géniale, par contre, l'agencement des différentes parties aurait demandé plus de travail et plus de souplesse.
Il n'en reste pas moins que ce remake est une réussite, un film d'horreur plus jouissif et haletant que terrifiant, qui développe cependant son sujet social avec suffisamment de délicatesse pour en glisser quelques notions dans une histoire à fort potentiel bourrin. En gros, un très bon divertissement qui ne se démarque toutefois pas assez de son original pour lui succéder au même rang de culte et qui ne se soucie peut-être pas assez de présenter une alternative esthétique valable au côté "cheap" du film de Romero.

Vu le 27 juillet 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 23, en VO

Note de Tootpadu: