JLG / JLG

JLG / JLG
Titre original:JLG / JLG
Réalisateur:Jean-Luc Godard
Sortie:Cinéma
Durée:55 minutes
Date:08 mars 1995
Note:
Le vieux cinéaste Jean-Luc Godard réfléchit sur la vie, l'art et la mort dans sa maison en Suisse.

Critique de Tootpadu

Fidèle à lui-même, Jean-Luc Godard reste énigmatique dans cette tentative délibérément détournée d'un auto-portrait filmique. Le but de cette méditation d'un homme vieillissant qui n'a, de loin, pas encore fini avec son exploration intellectuelle et sensuelle de la nature humaine et du monde, ou de toute façon le cas de figure habituel dans ce genre de situation volent rapidement en éclats, pour laisser libre cours au talent associatif de Godard. Comme dans la plupart de ses films des dix, quinze ans passés, la trame narrative est absente. Le seul point commun entre les images d'une étrange beauté envoûtante et la bande son très travaillée est la combinaison d'un personnage, "Jeannot" qui est censé être Godard (mais est-ce réellement lui ou seulement l'image qu'il veut bien nous présenter de lui ?), et d'un décor, la Suisse autour du lac de Génève, au fil des saisons.
Truffé de références et de citations, ce film assez court opère comme une porte d'entrée possible dans l'univers de Godard. Caustique et prétentieux à souhait, il reflète les préoccupations formelles et existentielles d'un cinéaste qui fascine autant qu'il reste incompréhensible. Ce manque de compréhension, cette opposition permanente entre les hautes sphères de la pensée godardienne et la banalité de la vie quotidienne, le réalisateur se fait une fois de plus un malin plaisir de nous les dévoiler. Tel un élément comique, le fait de buter contre la médiocrité des autres garde les propos recherchés de l'auteur dans un contexte finalement assez abordable.
Même dans sa forme la plus courte, avec une fin très abrupte, cette méditation exigeante et moqueuse renforce notre admiration pour le cinéaste français le plus complexe et le plus poétique.

Vu le 21 mai 2005, au MK2 Hautefeuille, Salle 3

Note de Tootpadu: