Parrain 3ème partie (Le)

Parrain 3ème partie (Le)
Titre original:Parrain 3ème partie (Le)
Réalisateur:Francis Ford Coppola
Sortie:Cinéma
Durée:160 minutes
Date:27 mars 1991
Note:
En 1979, Michael Corleone reçoit une médaille du pape pour son travail humanitaire. C'est l'occasion de réunir sa famille, qui s'est dispersée depuis le divorce de Michael et Kay. Alors que le fils Anthony veut suivre une carrière de chanteur classique, la fille Mary tombe amoureuse de Vincent, son cousin qui veut monter dans l'organisation. En même temps, Michael est sur le point de rendre toutes les affaires familiales complètement légales, grâce à une transaction importante avec la banque du Vatican. Mais ses ennemis anciens voient d'un mauvais oeil ce gain de pouvoir dans les hautes sphères des finances internationales.

Critique de Mulder

À venir









Critique de Tootpadu

Le Parrain 3ème partie a été notre premier film culte personnel, le premier à nous souffler lors de sa sortie, le premier dont l'accueil plutôt frais de la part du public nous a chagriné, le premier que nous avons vu plusieurs fois de suite au cinéma, jusqu'à profiter d'un voyage à l'autre bout de la planète pour pouvoir le regarder en version originale. C'était pour nous, qui étions à peine né lors de la sortie de ses deux prédécesseurs, l'introduction à l'univers de la famille Corleone, et en même temps la révélation et la conclusion d'un monde fascinant, fait de pouvoir, d'honneur et de trahisons. En somme, il s'agit ici du film qui a renforcé durablement notre passion du cinéma !
Plus de quinze ans plus tard, qui ont évidemment vu notre rattrapage des deux épopées précédentes, que reste-t-il de ce premier amour, de cette dévotion devant une oeuvre complexe et imparfaite ? Pour réellement apprécier ce dernier chef-d'oeuvre de Francis Ford Coppola, il faut l'admirer sur grand écran, dans toute son opulence et sa majesté. Cette épitaphe mélancolique n'est pas faite pour une vision intimiste en vidéo, il lui faut toute notre attention, ainsi que tout notre champ visuel pour conter la dernière cavale de Michael Corleone. Un destin comme le sien, qui a marqué l'histoire du cinéma à jamais, on ne le boucle pas à la va-vite, sans évoquer à quel point sa vie ne ressemble pas à ce qu'il a voulu en étant jeune, sans plonger une dernière fois dans les méandres impitoyables du crime.
En effet, Le Parrain 3ème partie est en premier lieu un chant de cygne puissant et déchirant. Rarement la volonté d'un personnage épique de se défaire de ses démons ne s'est fourvoyé dans un tel opéra tragique. Cette référence à l'art lyrique ne s'applique d'ailleurs pas seulement au troisième acte magistral du film, mais à son mélange phénoménal de thèmes fortement dramatiques avec un cadre des plus luxueux. Michael Corleone est au delà de toute rédemption. Cependant, cet état de damnation certaine ne provient-il pas de sa soif intarissable de pouvoir, d'influence et, au bout du compte, d'argent ? Car ce chef de famille redouté a beau professer son attachement inconditionnel au bien-être familial, il ne se prive pas pour autant de toutes sortes de manoeuvres qui la mettent en danger et qui finiront par l'anéantir.
Francis Ford Coppola a conçu cette conclusion de sa saga légendaire à la fois comme une variation dans la continuité des deux films des années 1970, et comme un conte sombre sur la force perverse du pouvoir. La trame narrative du film évolue ainsi imperturbablement entre les fêtes de famille et les règlements de compte, entre les pourparlers stratégiques et l'élaboration de trahisons sanglantes. Derrière l'action évidente se tisse toutefois un réseau hautement sophistiqué de rapports de force, d'attractions et de répulsions qui soustendent les relations entre les personnages. Dans ce contexte, la disposition des acteurs dans le cadre, les distances qui les séparent et les mouvements qu'ils effectuent, sont infiniment plus révélateurs des préoccupations du récit que dans des films moins soigneusement orchestrés.
La force et la beauté plastique de ce film dépassent de loin la qualité des éléments qui le constituent. Il convient néanmoins de citer la photographie d'une splendeur baroque de Gordon Willis, ainsi que l'interprétation puissante d'Al Pacino, de Diane Keaton, de Talia Shire et d'Andy Garcia. La participation de Sofia Coppola avait été la cause, à l'époque, de bon nombre de railleries. Son jeu, plein d'une innocence gauche et molle, n'est certes pas le point fort du film, mais il traduit malgré tout très pertinemment la place de Mary au sein du clan : celle de quelqu'un à l'écart du crime, qui veut croire encore à l'unité de la famille. En cela, sa naïveté ressemble à celle de Kay dans Le Parrain.

Revu le 28 mai 2007, au Quartier Latin, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: