Demain on déménage

Demain on déménage
Titre original:Demain on déménage
Réalisateur:Chantal Akerman
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:03 mars 2004
Note:

Après la mort de son mari, la mère de Charlotte s'installe dans le duplex de sa fille. Celle-ci est en train d'écrire un roman érotique. En manque d'inspiration pour ce travail de commande, elle y incorpore des expressions et des bribes de conversations qu'elle entend alors qu'elle met son appartement en vente et qu'elle cherche un studio pour y travailler tranquillement.

Critique de Tootpadu

Parfois trop intelligente pour son propre bien, cette comédie au féminin est dans l'ensemble plaisante à regarder mais n'arrive pas toujours à se défaire d'une certaine lourdeur. D'un ton enjoué et marqué plus par la parole écrite que par la vivacité d'une conversation réelle, ce retour à la ficiton de la réalisatrice belge Chantal Akerman a un certain côté désuet, théâtral et choral à la fois. Puisque l'action est limitée aux quelques décors qui constituent l'espace vital de Charlotte, le seul moteur et fil conducteur de cette première est l'écriture du roman. Toutefois, la rédaction de cette histoire finalement plus drôle que cochonne ne prend qu'une place secondaire, alors que les différentes rencontres avec les acheteurs et bailleurs potentiels imprègnent l'atmosphère de l'ensemble.
Autant un film de paroles qu'un film de gestes, le langage corporel des actrices (surtout Sylvie Testud, Aurore Clément, Natacha Régnier et Dominique Reymond) est particulièrement révélateur et rajoute une touche comique supplémentaire. En effet, le léger contre-emploi d'une distribution illustre renforce l'impression de cohésion de l'ensemble; un regain de vivacité qui laisse oublier l'odeur de renfermé qui plombe de temps en temps le récit.

 

Vu le 22 mars 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 20

Revu le 1er avril 2014, au Magic Cinéma, Salle 1, Bobigny

Note de Tootpadu:

Critique de Noodles

Demain on déménage se présente comme une comédie légère essentiellement féminine. En effet, on ne trouve pas de figure masculine profonde dans ce long-métrage qui s’attache à décrire la relation entre une mère veuve (Aurore Clément) et sa fille candide et attachante (Sylvie Testud) vivant toutes les deux dans un duplex à Paris. Le film est tout à fait à l’image de leur appartement : un charmant bordel dans lequel entre et sort une multitude de personnages plus ou moins anecdotiques.

Malgré la bonne humeur et la tendre folie qui en émanent, le résultat peine à être vraiment convaincant. Est-ce parce que Chantal Akerman est peu habituée à l’exercice burlesque ? Il est vrai que de telles comédies sont assez rares au sein de la filmographie de la cinéaste. Le seul véritable intérêt de Demain on déménage réside dans ses dialogues habilement écrits et déclamés de manière très théâtrale par les acteurs. Si certaines séquences sont hilarantes, elles sont cependant mal articulées, si bien que l’on se demande souvent où le film veut en venir.

Sous couvert d’une comédie plus intello qu’intelligente, la réalisatrice tente de faire apparaitre certains thèmes sous-jacents plus graves. On pense bien sûr aux cicatrices encore douloureuses de la déportation, que certaines scènes ne manquent pas d’évoquer de manière plus ou moins explicite, comme ce four qui laisse échapper une épaisse fumée. Le film est également empreint d’un féminisme quelque peu primaire, avec cette femme obligée de répondre aux besoins sexuels de son mari et de lui donner un enfant.

Il faut donc faire abstraction d’un scénario maladroit pour ne retenir que les moments drôles et agréables offerts par les textes de Chantal Akerman et par le jeu des acteurs.

 

Vu le 1er Avril 2014, au Magic Cinéma, à l’occasion du festival Bande(s) à part de Bobigny.

Note de Noodles: