Titre original: | Quelques minutes après minuit |
Réalisateur: | Juan Antonio Bayona |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 108 minutes |
Date: | 04 janvier 2017 |
Note: |
Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…
En seulement deux films Juan Antonio Bayona (L’orphelinat (2007), The Impossible (2012)) a su s’imposer comme l’un des réalisateurs espagnols à la renommée internationale. Son nouveau film Quelques minutes après minuit l’impose tout simplement comme l’un des plus intéressants actuels. Publié en 2011 le livre homonyme de Patrick Ness se voit ainsi scénarisé par son auteur lui-même et donne naissance ici à un conte fantastique d’une force émotionnelle rare.
La thématique de l’enfance occupe une place prépondérante dans les deux premiers films du réalisateur et se trouve ici magnifiée par le personnage principal un jeune lycéen dont la mère est en phase terminale d’un cancer. Se réfugiant dans un univers qu’il a créé et peuplé d’un géant, ce jeune héros va devoir passer de l’enfance insouciante à l’âge des responsabilités avec l’aide de sa grand-mère venue en rescousse pour l’accueillir chez lui.
Mélangeant parfaitement différents formats (animation et live), le film renouvelle astucieusement le conte fantastique trop ancré dans ses habitudes enfantines. La présence de la créature fantastique se devait d’être réaliste pour que le film puisse trouver son rythme et jongler astucieusement entre la réalité dans laquelle évoluent les personnages principaux et l’univers issu des dessins de ce jeune personnage. Le réalisateur a pu s’entourer d’un casting solide dans lequel on retrouve dans le rôle principal le jeune comédien Lewis MacDougall (Pan (2015)) mais aussi Sigourney Weaver (La grand-mère), Felicity Jones (La mère), Toby Kebbell (Le père), Liam Neeson (la voix du monstre en version originale). Comme dans le labyrinthe de Pan (2006) de Guillermo Del Toro, Quelques minutes après minuit aborde par la thématique du conte des sujets assez sensibles comme la maladie, la perte de l’innocence.
Chacun des plans du film révèle un soin important de la part du réalisateur et de son directeur de la photographie Oscar Faura pour donner vie à cette histoire mémorable et montrant qu’il est encore possible de réinventer tout simplement une forme de cinéma trop ancrée dans ses habitudes. Les nombreuses scènes d’animations présentes dans le film dont la mise en place aurait pu alourdir la structure de celui-ci s’articulent parfaitement. Rares sont ainsi les films qui nous ont aussi touchés tant par la pudeur de certaines thématiques que par ce rapport entre le monde réel et celui imaginé dans lequel se réfugie ce jeune personnage.
Alors que de nombreux films fantastiques préfèrent masquer derrière des effets spéciaux spectaculaires leurs faiblesses scénaristiques, le réalisateur préfère avoir recours au minimum possible afin de renforcer la crédibilité de son récit et surtout la présence de cette créature géante à la force énorme. Certes le film pourrait être un peu trop violent par son approche pour un trop jeune public mais en soi, il représente un divertissement familial d’une qualité rare et d’une maitrise conceptuelle totale. Parmi les très nombreux films découverts cette année celui-ci marquera pour longtemps notre mémoire et s’impose comme un classique du genre à voir et revoir.
Dire que l’on attend avec impatience le prochain film de Juan Antonio Bayona est un euphémisme. On est certain que le prochain Jurassic Park sera un événement majeur de 2018.
Vu le 29 novembre 2016 à UGC Ciné Cité Les Halles , en VO
Note de Mulder: