Titre original: | Nowhere in Africa |
Réalisateur: | Caroline Link |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 141 minutes |
Date: | 10 mars 2004 |
Note: | |
L'Allemagne en 1938. La famille juive de la jeune Regina ressent de plus en plus les pressions du régime nazi. La jeune fille et sa mère sont alors incitées par le père qui les a précédées au Kénia de venir le rejoindre en Afrique. Après une première impression favorable, basée sur l'espoir de pouvoir rejoindre bientôt la patrie, la vie de cette famille bourgeoise se trouve confrontée à la simplicité de leur nouvelle existence en tant qu'employés fermiers. Alors que des nouvelles inquiétantes leur parviennent de leurs proches restés en Allemagne, ces exilés commencent pas sans peine à s'accommoder au rythme de vie africain.
Critique de Tootpadu
Lauréat d'un Oscar pour le meilleur film étranger l'année dernière, cet "Out of Africa" allemand nous parvient enfin et on est tenté de dire, "mieux vaut tard que jamais". Aussi discutable que le choix de l'Académie puisse paraître, surtout en vue de la concurrence qui comportait notamment le "Hero" de Zhang Yimou, ce deuxième trophée pour les teutons, après "Le Tambour", n'est pas complètement injustifié non plus. Pas tellement un film typiquement allemand - si à tout hasard cette appelation veut encore dire quelque chose à notre époque où les films d'outre-rhin sont plutôt rares - mais plutôt un hymne universel à la tolérance et à l'intégration, cette exercice en bons sentiments et belles images est beaucoup moins académique et plate que l'on n'aurait pu le craindre.
Tout commence de façon un peu trop nerveuse, trop percutée pour que le spectateur ne puisse y prendre ses repères. Mais cette agilité déconcertante, ce début apparemment maladroit ne sont en fin de compte que la traduction de l'état d'esprit des protagonistes, en fuite d'une menace dont la mortalité est pour eux encore en doute. Les grands airs de la mère habituée à une vie aisée de notable avec ses sorties régulières et ses robes de soir reflètent alors très bien la difficulté de s'adapter, de lâcher prise avec le monde d'avant. Tandis que l'intégration s'opère petit à petit avec d'occasionnels inconvénients mineurs dus à la guerre, cette dernière fait périodiquement et brutalement irruption lors de la confirmation du destin de ceux qui sont restés. Ce sont ces moments de tristesse exaspérée qui donnent de la force au film, qui l'empêchent de n'être qu'un album de photos jolies.
Parallèlement à ce contenu dramatique, le point de vue dominant des deux femmes (la mère et la fille) confère au récit une sensualité et une détermination émancipatrices appréciables. Ce n'est pas que le rôle du père est négligé, au contraire, il se retrouve pratiquement doublé et peut-être aussi un peu remplacé par le cuisinier africain Owuor. Toutefois, la liberté que déploient progressivement ces deux femmes, tout en gardant la structure familiale intacte, est bien plus intriguante que l'attachement à la patrie profondément enraciné du père.
Tout n'est malheureusement pas parfait dans cette histoire subtilement inspirante. C'est surtout le recours trop facile aux moyens du cinéma trop voyants (ralentis, zooms) qui nous laissent douter du talent intrinsèque de la réalisatrice qui nous a pourtant pas déçu dans l'ensemble.
Vu le 11 mars 2004, au MK2 Bibliothèque, Salle 6, en VO
Note de Tootpadu: