Titre original: | Cerf-volant (Le) |
Réalisateur: | Randa Chahal Sabbag |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 76 minutes |
Date: | 18 février 2004 |
Note: | |
Lamia, une jeune fille de seiza ans au bord de la vie d'adulte, habite un village coupé en deux par la frontière israélo-libanaise. Elle est promise en mariage à son cousin Samy qui vit du côté israélien et qu'elle n'a jamais vu. Une fois passée de l'autre côté des barbelés qui découpent de plus en plus le paysage et l'existence des habitants, Lamia n'a d'abord qu'un désir : retrouver les siens. Mais très doucement elle se rend compte de l'amour que lui voue un jeune soldat israélien, penché sur son mirador.
Critique de Tootpadu
On se croirait d'abord dans une sorte de "No man's land" au proche orient, avec ces soldats pas tellement imbus de leur tâche et un paysage qui cache tant bien que mal ses dangers et ses pièges derrière un aspect aride mais beau. Par son aspect pictural et sa photographie, ce drame aux accents ironiques rappelle de même "Mille mois" dont il hérite le sens de la justesse du cadre avec, toutefois, une plus grande liberté dans l'emploi des échelles de plan. Pour dépasser cependant le moule des références et des conventions, ce film se targue d'un équilibre très délicat mais admirablement maîtrisé entre la comédie et la tragédie.
Ainsi, les échanges par mégaphone à travers la vallée reflètent à la fois la déchirure de la communauté et la dérision des disputes familiales qui trouvent ici une tribune publique inopportune. De même, le flottement des cerfs-volants au début contraste avec la mort qui guette quelques mètres plus loin à la frontière truffée de mines, ou la discussion entre les deux adolescentes sur les faits de la vie sexuelle suit une découverte macabre qui est due justement à la mauvaise compréhension de ces faits. La liste de ces oppositions est particulièrement longue pour un film, malheureusement, aussi court, sans que ces allers-retours ne deviennent jamais schématiques ou forcés. Au contraire, l'allégresse et la poésie avec lesquelles la réalisatrice aborde son sujet plutôt sérieux ajoutent encore à la qualité de cette oeuvre exceptionnellement belle.
En dépit d'une fin au caractère onirique exagéré qui comporte une négation triste à l'amour dépeint avec beaucoup de finesse tout au long du film et à la durée trop courte de ce dernier, on ne peut qu'être admiratif devant ce message d'une féminité et d'une douce révolte remarquables !
Vu le 08 mars 2004, au MK2 Parnasse, Salle 2, en VO
Note de Tootpadu: