Titre original: | Alice de l'autre côté du miroir |
Réalisateur: | James Bobin |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 110 minutes |
Date: | 01 juin 2016 |
Note: |
Les nouvelles aventures d'Alice et du Chapelier Fou. Alice replonge au pays des merveilles pour aider ses amis à combattre le Maître du Temps.
Faire une suite à un grand succès commercial n’est jamais chose aisée tant le public espère découvrir une nouvelle aventure nettement plus rythmée, réussie et originale que le film dont il se réfère. Dans le cas d’Alice de l’autre côté du miroir qui est la suite du film réalisé par Tim Burton (ici uniquement producteur) sorti au cinéma en 2010. Comme pour le précédent volet, on retrouve la même scénariste Linda Woolverton (Le roi lion (1994), Maléfique (2014)) et les mêmes principaux comédiens Mia Wasikowska (Alice), Johnny Depp (Le Chapelier Fou), Helena Bonham Carter (La Reine Rouge), Anne Hathaway (La Reine Blanche), Matt Lucas (Tweedledee / Tweedledum) et l’univers magique de Lewis Carroll.
En prenant certaines distances avec le roman publié en 1871 dont le film s’inspire, la scénariste a voulu donner une plus grande importance aux personnages et développer leur consistance et surtout marquer le fait que le personnage d’Alice a grandi entre ses deux aventures. Elle est devenue entre temps une capitaine de navire et se passionne pour les grands voyages et la découverte du monde. Dès la première scène nous rappelant aussi bien Pirates des Caraïbes que Peter Pan par ce plan sur une longue mer agitée sur laquelle le navire d’Alice est poursuivi par des pirates, toute la tonalité du film apparaît. Cet univers nettement plus adulte sied parfaitement à l’univers d’Alice que l’histoire se passe dans le monde réel ou dans un univers magique dans lequel le temps semble jouer un rôle de destruction et imposer un pessimisme ambiant. En suivant un papillon Alice passe ainsi du monde réel à celui d’un monde enchanté. Son ami le chapelier fou est mourant rongé par un pessimisme relatif à son passé et à sa famille perdue. La seule manière pour Alice de reprendre le contrôle de cet univers est de se confronter à Time (maître du temps) et remonter le temps pour changer les erreurs passées.
Comme dans le film précédent, Alice va rencontrer des personnages multiples aussi amicaux que très dangereux et ne pourra se fier qu’à son instinct pour faire triompher le bien. Une nouvelle fois, la magie opère même si l’originalité du premier film disparaît un tant soit peu pour faire place à une suite prolongeant avec un certain plaisir le premier film sans rien réellement apporter de réellement nouveau. Certes personnifier le Temps et en faire le grand méchant du film apporte une certaine nouveauté mais elle ne réussit pas totalement à s’imposer et à donner au film une portée nouvelle. Certes il était impossible de faire une adaptation fidèle du roman homonyme qui n’était qu’une suite d’épisodes absurdes et sans réelle corrélation directe. Pourtant le film revisite toujours avec le même plaisir les contes de fées à l’ancienne et apporte une réelle touche de folie avec le personnage du Chapelier fou toujours interprété avec conviction par Johnny Depp. Ce dernier semble toujours aussi passionné à interpréter des personnages loufoques, grimés et irréalistes. Toujours avec le même talent il apporte à son personnage toute la force nécessaire et en fait le parfait compagnon de voyage d’Alice.
La réalisation qui revient cette fois à James Bobin (Les Muppets, le retour (2011)), Muppers most wanted (2014)) témoigne de son savoir-faire indéniable pour mélanger personnages réels et créés de toutes pièces par des effets spéciaux numériques importants. Il apporte au film tout son savoir-faire et malgré un scénario manquant cruellement de rebondissements voire de l’apport d’une scène spectaculaire mémorable reste au moins une aventure captivante à vivre en famille. En s’écartant du roman homonyme, le film ressemble à une fusion réussie entre l’œuvre de Lewis Carroll et celle de Sydney Newman et Donald Wilson (Doctor Who). Les nombreux voyages dans le temps nous font penser à ceux du Dr Who et aurait mérité un traitement avec légèrement plus de folie. Il en ressort un film plus tourné pour un jeune public adulte voire familial où chacun trouvera sa propre lecture du film. Le ton plutôt coloré devrait certes plaire à un jeune public mais certaines scènes abordant la thématique de la mort et d’un destin inscrit dans le marbre risquent de ne pas être forcément idéal pour celui-ci.
Pourtant le film remporte notre adhésion par les nombreux seconds rôles qui ont tous leur importance comme celui de la Reine Rouge et celui de sa sœur la reine blanche. On retrouve le même plaisir à revoir ces personnages inspirés que dans le premier volet. De la même manière le film aurait été totalement réussi s’ il était resté uniquement dans l’inspiration de l’auteur Lewis Carroll. A ce titre la scène de la partie de thé est une réussite totale tant par son approche respectueuse de non-sens chère à son auteur mais aussi par une inventivité totale. Un peu dommage dans ce sens que le résultat final semble vouloir surfer sur les derniers succès de The Walt Disney Pictures et s’éloigner de l’œuvre pourtant prolifique de l’un des plus grands auteurs de la littérature moderne. Le charme s’estompe mais le divertissement familial reste de qualité et surtout à découvrir en 3D pour les nombreux effets spéciaux réussis.
Vu le 25 mai 2016 au Gaumont Côté Premier, salle 3, en VO
Note de Mulder: