Adopte un veuf

Parmi toutes les comédies françaises sorties récemment, produites à la chaîne comme de simples denrées alimentaires et répondant avec plus ou moins de conviction aux demandes des spectateurs (Les visiteurs – La Révolution est l’exemple nauséabond parfait) Adopte un veuf a au moins le mérite d’être pétri de bonnes attentions à défaut d’être complètement réussi. Sur la base d’une idée originale de Jérôme Corcos et Richard Pezet ce sujet de la colocation est une thématique d’actualité face à des dévalorisations progressives des salaires et à un coût de la vie en pleine augmentation. Restait à savoir comment aborder avec originalité cette thématique. Il aura fallu quatre scénaristes dont le réalisateur François Desagnat (Jérôme Corcos, Catherine Diamant et Romain Protat) pour arriver au scénario final.

On découvre ainsi le personnage d’Hubert Jacquin (André Dussolier parfait) , un veuf en pleine dépression car seul dans son grand appartement et n’arrivant pas à oublier la mort de sa compagne. Suite à une annonce pour rechercher une femme de ménage, un quiproquo va le faire rencontrer une jeune femme en recherche d’un appartement à partager, Manuela Baudry (Bérengère Krief dans son meilleur rôle). Celle-ci arrive dans un second temps à lui faire partager son appartement avec deux autres personnes Paul-Gérard Langlois, un jeune avocat (Arnaud Ducret dans un rôle sur mesure) et une ravissante infirmière Marion Legloux (Julia Piaton). Voici donc ces quatre personnes que tout oppose avec leurs soucis, leur mal-être cohabitant ensemble et apprenant à faire avec les défauts des autres. Le fil conducteur n’est pas nouveau en soit mais il est ici traité avec conviction et donne à chacun des comédiens un moyen de créer des personnages vivants et intéressants.

Adopte un veuf marque la deuxième réalisation que réalise François Desagnat sans son compère Thomas Sorriaux avec lequel il avait réalisé des films sur mesure pour Michael Youn La Beuze (2002) et Les 11 commandements (2003) mais aussi 15 ans et demi. Il s’agissait de comédies réussies et portées par la bande de l’ancien présentateur du Morning Live mais manquant cruellement d’émotions . Le réalisateur trouve ici son juste équilibre et insuffle au film une véritable générosité et un constat amère et pourtant sensible de notre société actuelle.

Pour que le film soit une réussite il aurait fallu y injecter un grain de folie et surtout sortir des sentiers traditionnels et trop facile de la comédie populaire dans laquelle l’histoire se conforte. De bons comédiens ne remplaceront jamais un bon scénario, ce film en est une nouvelle fois la preuve.

Vu le 22 avril 2016 au Gaumont Disney Village, Salle 06, en VF

Note de Mulder: