Convoi (Le)

Convoi (Le)
Titre original:Convoi (Le)
Réalisateur:Frédéric Schoendoerffer
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:20 janvier 2016
Note:

Organisés en go fast, sept hommes, répartis dans quatre voitures, convoient une tonne trois cent de résine de cannabis au départ de Malaga au sud de l’Espagne. Direction Creil en banlieue parisienne. Mais pour Alex, Yacine, Majid et les autres, ce qui aurait dû être un convoi ordinaire va devenir un convoi fatal. Sept homme mais très vite une femme aussi, Nadia, une jeune touriste française qui remonte d’un voyage au Maroc, embarquée malgré elle dans l’aventure parce qu’elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Une plongée au cœur du trafic, le temps d’une journée, avec les hommes qui en vivent.

Critique de Mulder

Le précédent film français qui abordait avec succès la thématique des Go Fast remontait à 2008 et sous la réalisation d’Olivier Van Hoofstadt le film homonyme donnait aux comédiens Roschdy Zem et Olivier Gourmet des rôles intéressants. Ce précédent film ne se contentait pas de suivre uniquement ce convoi de voitures roulant à toute vitesse pour transporter de la drogue. En cela l’approche du réalisateur Frédéric Schoendoerffer est nettement plus réussie et différente à la fois. Sur la base d’un scénario qu’il a co-écrit avec Yann Brion le réalisateur a tenu à réaliser une histoire aussi originale qu’efficace. A toute vitesse quatre voitures quittent la ville de Malaga avec à leur bord une tonne trois cents de résine de cannabis et foncent vers Creil (région parisienne). L’histoire suit ainsi sept hommes et une femme qui va être suite à un accident une des otages de ce convoi. Le film nous présente donc la motivation de ces hommes, leur manière de communiquer et surtout les risques réels que représente un tel convoi.

Le sixième film du réalisateur Frédéric Schoendoerffer semble témoigner de sa volonté à continuer à proposer des personnages forts et surtout des thrillers angoissants et cherchant constamment à surprendre les spectateurs. Dès son premier thriller Scène de crimes (2000) le réalisateur a toujours souhaité s’appuyer sur des comédiens reconnus. Charles Berling, André Dussolier pour son premier film, Vincent Cassel et Monica Bellucci pour Agents secrets (2004)… Déjà présent au sein du casting de son troisième film Truands (2007), le réalisateur retrouve ainsi pour la seconde fois le comédien Benoit Magimel. Il donne à son personnage Alex une réelle force palpable tout au long du récit. Loin d’être un Fast and Furious à la française, le réalisateur nous livre un thriller à haute vitesse se déroulant pratiquement que dans les véhicules roulant à plus de cent quarante kilomètres heure. Il serait même être plus judicieux de comparer ce film avec Mad Max Fury Road pour cette prouesse de réaliser un tel film sur des véhicules lancés à toute vitesse…

On sent une réelle volonté du réalisateur à vouloir disséquer réellement à quel point les go fast sont des organisations maîtrisées et réfléchies reposant sur des bases solides. Sans vouloir par ailleurs valider de telles actions, il montre que ces trafics reposent sur des personnes n’ayant pas fait forcément de grandes études mais agissant à l’instinct de survie et une volonté forte de trouver leur place dans la société. Certains sont marqués par des passés troubles, le film nous présente donc sept individus aux volontés différentes. La prouesse réelle du réalisateur est d’avoir su capter la fragilité de ces personnages à travers des comédiens professionnels et de jeunes talents.

Le réalisateur livre également un film réaliste loin de vouloir livrer des scènes de courses poursuite rarement égalées dans les productions françaises (exceptions faites de certaines productions Europacorp).De ce fait, ce film nous fait oublier ses précédents films qui n’avaient pas toujours su convaincre. Switch (2010) et 96 heures (2013) n’avaient ainsi pas totalement rencontré un large public. Parfaitement rythmé, le film réussit à faire oublier son absence de comédiens reconnus hormis Benoît Magimel et Reem Kherici et donne la réelle impression que le réalisateur a pu faire le film qui lui tenait à cœur. Sans vouloir révolutionner le genre auquel il se réfère, le film constitue un divertissement de qualité indéniable et montre une fois de plus que Benoit Magimel est un des meilleurs comédiens polymorphes s’adaptant parfaitement aux différentes personnages auxquels il donne vie. Préférant de loin des projets indépendants que des films commerciaux sans âme, sa présence constitue réellement un signe de qualité.

Vu le 07 mai 2016 en Blu-ray

Note de Mulder: