Année du dragon (L')

Il est impossible de ne pas voir dans le personnage de Stanley White et sa quête pour lutter contre la mafia chinoise implantée à Chinatown (New York) un reflet du réalisateur de refaire surface suite au naufrage que fut La porte du Paradis (1980). L’échec commercial de ce film avait entrainé la faillite des studios United Artists et l’arrêt d’une carrière prometteuse commencée par deux excellents films (Le Canardeur (1974) et Voyage au bout de l’enfer (1978)). L’ écriture du scénario a quatre mains avec Oliver Stone lequel n’était pas encore un réalisateur reconnu (il faudra attendre l’année suivante, 1986, pour découvrir Platoon) mais un scénariste apprécié (Midnight express (1978),Conan, le barbare (1982), Scarface (1983)).

En adaptant le roman homonyme de Robert Daley, les deux scénaristes mettent en relief de manière convaincante la ville de New York gangrènée par des malversations multiples (police corrompue, insécurité dans les rues, crimes impunis..) et font du personnage du capitaine Stanley White un personnage intègre et prêt à sacrifier sa vie personnelle pour arriver au bout de son enquête. Le réalisateur Michael Cimino trouve ainsi par la présence du comédien Mickey Rourke la personnalisation parfaite d’une police ayant encore un véritable sens moral.Il est en perpétuelle lutte que cela soit envers sa femme qu’il délaisse, son supérieur qui lui demande de ralentir son enquête.

Plus de trente ans après sa sortie en salles, L’année du Dragon n’a rien perdu de son charme au contraire la réalisation collant au personnage principal, une intrigue riche en rebondissements et se passant aussi bien à New York qu’à Bangkok en fait un classique intemporel. De la même manière le brillant scénario témoigne une nouvelle fois qu’Oliver Stone est un des meilleurs scénaristes actuels qui a marqué de son empreinte indélébile le nouvel Hollywood. L’année du dragon sera également la dernière participation de Michael Cimino à l’écriture. Les films qu’il fera par la suite n’auront plus la même force un peu comme si résigné il avait décidé de rentrer dans le moule hollywoodien traditionnel (La Maison des otages (1990), The Sunchaser (1996)).

Certains ont attaqué ce film lors de sa sortie en salles en lui reprochant une approche teintée de racisme anti-chinois mais comment définir cette mafia chinoise montrée dans ce film dans laquelle ne règne que la loi du plus fort sans aucune éthique ni code moral. Il faudra attendre l’excellent film de Ridley Scott Black Rain (1989) pour avoir une vision aussi juste d’un milieu violent traité sans concession mais cette fois –ci c’était la mafia japonaise.

L’année du dragon mérite d’être redécouvert et surtout bénéficie grâce à l’éditeur Carlotta Films d’une édition somptueuse à la hauteur de ce film devenu un classique du cinéma indémodable.

Vu le 06 mars 2016 en Blu-ray et en VO

Note de Mulder: