Midnight special

Midnight special
Titre original:Midnight special
Réalisateur:Jeff Nichols
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:16 mars 2016
Note:

Fuyant d'abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d'une chasse à l'homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d'accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.

Critique de Mulder

Projeté récemment en compétition officielle pour l’ours d’or lors de la Berlinade 2016, le cinquième film de Jeff Nichols s’éloigne de ces précédents films en nous livrant un blockbuster intimiste parfaitement maitrisé. Chacun des films de ce réalisateur semble pétri avec la même ferveur de proposer une approche novatrice du récit. Ecrit et réalisé par Jeff Nichols (comme chacun de ses films précédents) l’inspiration semble clairement se trouver dans les films fantastiques des années 80 et dans la littérature américaine (le récit rappelle par certains côtés Charlie de Stephen King). En découvrant ce film impossible également de ne pas se rappeler Starman de John Carpenter ni certains films de Steven Spielberg. Pourtant, malgré ces emprunts le réalisateur réussit à imposer sa propre vision d’un road movie à la lisière du fantastique et laisse notre imagination appréhender les éléments restés sans explication.

Une nouvelle fois le réalisateur retrouve le comédien Michael Shannon avec lequel il aura tourné tous ses films. Cette collaboration fructueuse permet au réalisateur de trouver la parfaite personnalisation de ses nombreuses idées. Une nouvelle fois dans le rôle de ce père Roy ayant enlevé son enfant de l’emprise d’une secte ce comédien se révèle parfait et laisse passer toute son inquiétude par la simple expression d’un regard ou de se manière de se comporter. Le reste du casting est au diapason et on retrouve ainsi dans les seconds rôles Joel Edgerton, Adam Driver, Kirsten Dunst et Sam Shepard. Une nouvelle fois également, le réalisateur préfère délaisser le cadre des grandes villes américaines pour tourner son film en grande partie en Louisiane et plus précisément à la Nouvelle Orléans. Cependant contrairement à ces films précédents, le réalisateur a collaboré avec un grand studio hollywoodien (Warner Bros) et ainsi pu bénéficier des moyens nécessaires pour utiliser des effets spéciaux de la meilleure manière sans rompre avec l’aspect minimaliste d’un cinéma qui lui est cher.

Ainsi Midnight special aborde donc de manière intelligente non seulement l’univers des super héros (impossible de ne pas penser à certains DC Comics ne serait ce que par l’affiche du film) mais surtout aux nombreux films de science fiction tels Rencontre du Troisième type (1977) par le rapport entretenu par ce jeune enfant avec une force surnaturelle. En plongeant directement les personnages dans une quête vers un lieu secret, le film évite toute scène d’introduction qui aurait pu rompre le rythme. L’action est le principal vecteur du film et celle-ci est desservie par une excellente interprétation et des scènes propres à la science-fiction voir ayant un rapport religieux. Le réalisateur sait ainsi parfaitement capter l’attention du public sans chercher constamment à proposer des scènes spectaculaires. Au contraire, celles-ci certes présentes sont d’autant plus renforcées par la lenteur volontaire du rythme de Midnight Special.

Le réalisateur reste ainsi fidèle à ses films précédents en donnant une réelle épaisseur à ses personnages et en cherchant constamment à trouver leurs blessures et leur inspiration. Si le personnage de Roy veut autant protéger son fils c’est qu’il se sent responsable de celui-ci et cherche constamment à lui trouver une place dans laquelle il ne sera plus sous le jouc d’une secte ou des forces de l’ordre. Epaulé par sa femme (magnifiquement interprété par Sarah) et par son ami, ancien policier, Lucas (Joel Edgerton), il sera prêt à tout pour réussir sa mission et permettre à son enfant d’accomplir son destin.

Un seul petit bémol l’esthétique du film aurait gagné à bénéficier d’une fin nettement plus convaincante et le côté moralisateur du dernier acte s’éloigne considérablement du côté enfin voulu d’œuvre tel E.T l’extraterrestre (1983) pour laisser place à un monde plus réaliste. Cela enlève une part de la magie émanant de ce film mais rien en ce qui concerne la réussite de ce film de science-fiction intemporel et totalement maitrisé.

Vu le 16 février 2016 au Luxor, Salle 01, en VO

Note de Mulder: