Ce sentiment de l'été

Ce sentiment de l'été
Titre original:Ce sentiment de l'été
Réalisateur:Mikhaël Hers
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:17 février 2016
Note:

Au milieu de l'été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu'ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l'absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu'ils ont aimée.

Critique de Mulder

Certains films s’imposent dès leur découverte par leur originalité et leur somme de talents réunis. Porté par un casting de jeunes talents prometteurs, le nouveau film de Mikhaël Hers marque notre esprit et surtout vous amène à une réflexion ludique et sincère sur nos choix personnels. Après trois moyens métrages sélectionnés à la semaine de la critique de Cannes (Charell (2006), Primrose Hill (2007), Montparnasse (2009)), son premier film Memory lane (2010) imposait un réalisateur-scénariste prometteur, Ce sentiment de l’été le consacre comme étant l’un des plus intéressants actuels.

De nombreux films tendent à transcender nos vies routinières pour créer des atmosphères irréalistes voire utopiques, ce second film s’écarte totalement de cette approche et nous livre la destinée de deux jeunes adultes Lawrence et Zoé entre Berlin, Paris et New York pendant trois étés successifs. Lawrence était le compagnon de la sœur de Zoé, Sasha et ils vivaient à Berlin. Ce décès va les amener à se retrouver, à partager leur vision de la vie. Le réalisateur aborde ainsi à travers ces chemins qui s’entrecroisent le deuil d’une manière noble et sans artifice inutile et surtout comment continuer à vivre après avoir perdu un être cher. Lawrence semble ainsi avoir perdu ses repères, il quitte donc Berlin et part vivre quelques temps à Paris puis s’installe à New York. La force de ce film vient ainsi de ces différents lieux à l’image des personnages principaux complexes et surtout traités avec une véritable vision d’auteur. Le réalisateur semble ainsi avoir pu entièrement construire le film qu’il souhaitait en s’entourant de proches tant au niveau du directeur de la photographie (Sébastien Buchmann) et de comédiens comme Stéphanie Déhel et Thibault Vinçon. En cela le cinéma vu à travers le prisme de Mikhaël Hers revient à celui du cinéma américain. On pourra ainsi aimer ou non cette simplicité et cette manière constante de vouloir proposer quelque chose de différent que le cinéma commercial accessible à tous mais pour la plupart du temps aussi vite vu qu’oublié.

Le réalisateur et scénariste se retrouve également parfait pour aborder les relations humaines et s’appuie sur des jeunes comédiens parfaits dans leur rôle. Ainsi Anders Danielsen Lie rôle principal démontre dès son premier film qu’il est un jeune comédien très prometteur. De la même manière Judith Chemla vue notamment dans L'Homme qu'on aimait trop (2014) et Camille Redouble (2011) est un des atouts charme. On retiendra aussi la présence de Féodor Atkine et Marie Rivière dans des seconds rôles intéressants. Dans la mouvance du cinéma de Cédric Klapisch Mikhaël Hers démontre une fois de plus qu’un film ne doit pas être forcément un simple divertissement mais aussi un moyen d’approcher avec une totale liberté artistique certaines thématiques difficiles. Certes l’image proposée par moment n’est pas parfaite manque de finesse (scènes extérieures) mais cela renforce cette vision imparfaite de la vie, des blessures que nous portons en soi. Reste que ce sentiment de l’été s’impose comme une réussite et surtout confirme que Mikhaël Hers est l’un des réalisateurs français les plus intéressants du moment.

Enfin, l’utilisation de la musique de Tahiti boy colle parfaitement à la volonté du réalisateur de nous livrer un film différent, simple et classieux. Le groupe retrouve donc Mikhaël Hers après avoir travaillé ensemble sur Memory Lane (2010). Il en ressort un film d’une cohésion parfaite entre l’image et le son, une plongée dans les turpitudes de la vie. Ce sentiment de l’été réussit donc sa promesse de nous livrer une histoire aussi attachante que ses personnages, un film délicat à la grâce intacte.

Vu le 15 février 2016 à UGC Ciné Cité les halles, Salle 6, en VO

Note de Mulder: