Titre original: | Arrêtez moi là |
Réalisateur: | Gilles Bannier |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 94 minutes |
Date: | 06 janvier 2016 |
Note: |
Chauffeur de taxi à Nice, Samson Cazalet, la trentaine, charge une cliente ravissante à l’aéroport. Un charme réciproque opère. Le soir même, la fille de cette femme disparaît et des preuves accablent Samson. Comment convaincre de son innocence lorsqu’on est le coupable idéal ?
Arrêtez moi là marque les débuts à la réalisation d’un long métrage de Gilles Bannier après avoir réalisé de nombreux épisodes de séries françaises (Reporters, Engrenages). Epaulé par Nathalie Hertzberg il adapte le roman d’Iain Levison (The cab Driver, 2012) et il transpose l’action de Salt Lake City à Nice . Ce roman s’inspirait déjà d’un fait divers s’étant déroulé en 2002 d’un homme accusé et emprisonné pour un enlèvement. Les nombreuses difficultés liées au fait de passer l’action des Etats-Unis au territoire français se sont accompagnées de différentes adaptations liées à deux systèmes judiciaires ne reposant pas sur le même code pénal ni à des procès se déroulant de manière identique. Pourtant le réalisateur réussit le pari et nous livre ainsi un bon thriller filmé de manière réaliste et rappelant par moment les films documentaires de Raymond Depardon. Il pointe par la même occasion les zones d’ombre de notre système judiciaire actuel plein d’incohérences.
Loin de vouloir nous livrer une histoire romanesque avec plein d’incohérence, le réalisateur trouve la juste tonalité pour narrer les déboires de ce chauffeur de taxi de Nice interprété par Reda Kateb qui va se retrouver accuser injustement de l’enlèvement d’une jeune fille. Ce personnage issu d’un milieu social populaire et ayant quelques difficultés à s’exprimer (son prénom Samson découle du jeu de mot « Sans son ») ne pourra pas bénéficier d’un bon avocat et se retrouvera confronté à lui-même pour échapper à une accusation lourde. Par une approche quasi documentaire et porté par l’excellent comédien qu’est Reda Kateb, le film nous présente les différents soucis que va rencontrer ce personnage. De son premier interrogatoire dans un commissariat de police à son procès, nous suivons avec un réel intérêt la trajectoire révoltante d’un homme innocent condamné d’avance. C’est également cette approche réaliste que le réalisateur a privilégié en recourant à des espaces concrets tels cette cours de justice ou ce pénitencier avec de véritables surveillants et détenus. De la même manière, les scénaristes ont compris qu’il fallait donner au personnage principal une véritable épaisseur et son implication dans son travail. Son seul compagnon à plein temps est un chat et malgré la présence d’une femme dans sa vie Elisabeth Ostrovsky (magnifique Erika Sainte) il reste un solitaire.
De la même manière le réalisateur bénéficie d’un casting solide donnant à des comédiens tels Léa Drucker et Gilles Cohen suffisamment de consistance pour donner vie à leur personnage. La ville de Nice occupe également une réelle importance car derrière ces paysages calmes se cache un danger permanent. En cela également le film Arrêtez moi là tranche avec les thrillers actuels cherchant à tout prix à nous infliger des scènes d’action spectaculaires au détriment d’une interprétation solide et d’un scénario consistant. Une nouvelle fois, le film montre à quel point Reda Kateb est l’un des meilleurs comédiens actuels. Son interprétation mérite à elle seule de découvrir et soutenir ce film.
Vu le 5 janvier 2016 au Club 13
Note de Mulder: