Nous 3 ou rien

Nous 3 ou rien
Titre original:Nous 3 ou rien
Réalisateur:Kheiron
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:04 novembre 2015
Note:

D’un petit village du sud de l’Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l’amour familial, le don de soi et surtout l’idéal d’un vivre-ensemble.

Critique de Mulder

Un premier film est souvent le moment le plus important dans la carrière à venir d’un jeune réalisateur. Il décide de son sort et se doit d’être original, intéressant et de refléter une véritable vision d’auteur. En s’inspirant de l’histoire de ses parents, Manouchehr Tabib (plus connu sous le nom de Kheiron) nous raconte comment ceux-ci ont fui leur pays l’Iran pour trouver exil en France. Ce premier film n’est pas qu’un véritable plaidoyer pour la paix et pour la résistance mais aussi une véritable leçon de courage (scène du pain du Shah dans la prison) et aussi d’intégration dans un pays dont la devise est égalité, liberté et fraternité. En opposant le mode de vie au Liban et en France, en présentant des personnages attachants, le réalisateur réussit le pari de s’imposer comme l’un des plus brillants réalisateurs actuels. Certaines des scènes du film nous font passer facilement du rire aux larmes et nous touchent par leur sincérité. Nous sommes donc loin de ces histoires insipides et véhicules à star sans aucun intérêt et à la mise en scène guère captivante.

Kheiron témoigne à travers ce film qu’il n’est pas qu’un simple humoriste talentueux. Après ses classes au Jamel Comedy club (2006) et l’écriture de chroniques pour l’émission T’empêches tout le monde de dormir (2007), c’est par ses one man show qu’il écrit et joue (Kheiron passe Du Coq à Light, Kheiron, en observation, Kheiron, Libre éducation) qu’il a développé un véritable sens de l’écriture palpable dans ce film. Loin de se donner un rôle sur mesure, il s’efface dernière son personnage et rend hommage au courage de ses parents. On pense inévitablement en découvrant ce film à certaines œuvres de Charlie Chaplin tels Les Lumières de la ville (1931), Les feux de la rampe (1952), Un Roi à New york (1957). C’est-à-dire que l’on passe constamment du rire aux larmes, on est ému et surtout on s’attache à ces personnages qui se battent pour une cause juste. Les thèmes de l’exil, de la pauvreté ont souvent été traités dans l’œuvre de Charlie Chaplin et servent de base à ce film.

Cette belle leçon d’humanité montre que le réalisateur, scénariste et comédien principal à trouver un sujet qui l’a complètement inspiré. En trouvant le juste équilibre entre la vision de deux mondes distincts, sans éviter de sombrer dans un film politique, Nous 3 ou rien montre que le cinéma français est encore capable de nous étonner, nous émouvoir et surtout à donner une vision pertinente de nos banlieues défavorisées.

La grande force de ce film tient également à ce que le réalisateur et scénariste a pu s’entourer d’un casting intéressant en faisant appel à des comédiens aguerris (Leïla Bekhti, Gérard Darmon, Zabou Breitman, Eriq Ebouaney), de collaborateurs de longues dates (Kyan Khojandi, Alexandre Astier, Jonathan Cohen) mais aussi de jeunes comédiens prometteurs comme Sébastien Houbani. Pour ce casting judicieux et tous ces éléments, on ne peut que vous encourager à découvrir d’urgence ce film.

Vu le 6 novembre 2015 au Gaumont Disney Village, Salle 16, en VF

Note de Mulder: