
Titre original: | 21 grammes |
Réalisateur: | Alejandro Gonzalez Iñarritu |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 124 minutes |
Date: | 21 janvier 2004 |
Note: | |
Jack Jordan est un ancien détenu qui essaie de conjurer les fantômes du passé par une foi presque fanatique. Paul Rivers est un cardiaque en attente d'une transplantation, et dont la copine veut absolument un enfant quitte à faire appel à des procédés artificiels. Cristina Peck est une jeune mère de famille qui a réussi de décrocher de la drogue grâce à ses deux filles. Le destin de ses trois individus qui n'ont a priori rien en commun se croisera suite à un événement tragique.
Critique de Tootpadu
L'exploit majeur de ce deuxième film du réalisateur mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu est de captiver le spectateur par un procédé qui aurait très bien pu être déroutant, voire incompréhensible. Construit à la manière d'un puzzle, avec des séquences enchaînées dont le sens ne se dévoile que progressivement, ce drame à la base conventionnelle (l'accident, la vengeance) y gagne une dimension supplémentaire. Certainement beaucoup moins excitant s'il était raconté de façon linéaire, ce récit s'apparente alors davantage à un thriller plein de suspense entre le spectateur et l'écran. Chaque pièce doit être replacée dans son contexte alors que celui-ci n'est parfois même pas encore connu. En même temps, l'exercice est beaucoup plus aisée qu'il ne paraît, grâce à des indices repérables et à une structure générale finalement assez compréhensible. Il n'en reste pas moins qu'un arrière-goût que tout ce dispositif curieux n'est en fin de compte autre chose qu'un énorme gadget qui tente de rendre une histoire banale exceptionnelle.
En dehors de sa forme intéressante, à défaut d'être originale, en vue des oeuvres semblables ces derniers temps ("Memento", "Irréversible"), et d'une mise en scène forte qui repète des effets de style d'avant (la saturation sonore de la scène finale rappelle l'élément de Iñarritu dans "11'09'01"), ce sont surtout deux interprétations qui remportent notre adhésion. En effet, Benicio Del Toro dans le rôle de l'ancien criminel torturé par sa conscience trouve ici probablement le meilleur personnage de sa carrière jusqu'à présent, bien plus intense, menaçant et vulnérable à la fois que son policier dans "Traffic". Et de voir Naomi Watts déchaînée et au bord d'une crise de nerfs lorsqu'elle découvre la véritable identité de Paul Rivers n'a certainement rien du trouble énigmatique de son personnage dans "Mulholland Drive", mais figure sans doute parmi les interprétations les plus pénibles et bouleversantes de l'année.
Vu le 26 février 2004, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 14, en VO
Note de Tootpadu: