Pourquoi j'ai pas mangé mon père

Pourquoi j'ai pas mangé mon père
Titre original:Pourquoi j'ai pas mangé mon père
Réalisateur:Jamel Debbouze
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:08 avril 2015
Note:

L’histoire trépidante d’Édouard, fils aîné du roi des simiens, qui, considéré à sa naissance comme trop malingre, est rejeté par sa tribu. Il grandit loin d’eux, auprès de son ami Ian, et, incroyablement ingénieux, il découvre le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et même… l’espoir. Généreux, il veut tout partager, révolutionne l’ordre établi, et mène son peuple avec éclat et humour vers la véritable humanité… celle où on ne mange pas son père.

Critique de Mulder

Le premier film de l’humoriste, comédien et producteur Jamel Debbouze est un long et beau projet que celui-ci a porté durant sept bonnes années. On sent un réel investissement non seulement au niveau du scénario (qu’il a co-écrit avec Frédérique Fougea) mais également au niveau des dialogues et du soin apporté à l’image et l’ambiance sonore du film. Edouard, son personnage c’est un peu son ancêtre préhistorique et ce n’est donc pas un hasard fortuit si le principal rôle féminin est tenu par Mélissa Theuriau (voix française de Rochelle dans Planes) et on retrouve également dans les voix principales Arié Elmaleh (Ian). La sincérité de cet excellent film d’animation français nous touche et surtout nous apporte une réelle fraîcheur et originalité face aux mastodontes américains que sont The Walt Disney Animation Studios, Pixar Animation Studios, DreamWorks Animation et 20th Century Fox Animation. Nous sommes donc loin avec le personnage d’Edouard d’un personnage de film d’animation traditionnel. Celui-ci suite à un accident intervenu à sa naissance subi un handicap important et rejeté par son père est recueilli par Ian un solitaire avec un dialecte incompréhensible. Par certains côtés, on pense au majestueux Roi Lion de Roger Allers et Rob Minkoff (1994) et à Tarzan de Kevin Lima et Chris Buck (1999), deux longs métrages d’animation de The Walt Disney Animation Studios.

En adaptant le livre de Roy Lewis paru dans les années 60 en Angleterre et en le remettant dans un contexte plus récent, le film nous parle tout simplement de l’évolution de l’homme, de ses handicaps et de sa volonté de s’adapter constamment à son temps. Ainsi Edouard va apprendre à marcher, à maîtriser le feu, à chasser et surtout faire la rencontre de Lucy , un ange tombé du ciel à proprement parlé. Une des nombreuses qualités de ce film d’animation c’est de ne jamais oublier d’avoir différents niveaux de lecture. De ce fait un public enfantin appréciera ce monde préhistorique avec cette tribu d’hommes préhistoriques et d’animaux surprenants tels les lapinosaures, les tortruches. Un public adulte appréciera les nombreux clins d’oeils à notre société actuelle comme le sport pratiqué par cette tribu simiesque, les soucis d’intégration et l’humanité qui se dégage de ce film.

Alors que la plupart des films d’animation sont faits soit de manière traditionnelle (dessins, croquis) soit assistés par ordinateur, Pourquoi j’ai pas mangé mon père quant à lui recourt à la motion capture. La mocap utilisée ici permet tout simplement de faire transparaître plus facilement les sentiments des personnages principaux à travers leur visage et leur manière de se comporter. En cela ce film concrétise une véritable avancée technologique car il s’agit tout simplement du premier film utilisant ce processus. Pourquoi j’ai pas mangé mon père réussit donc là où Le pôle express (2004) et La Légende de Beowulf (1997) avaient échoué par manque de consistance scénaristique. La froideur des personnages du film Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne (2011) ne permettait pas non plus d’être concluant et de s’imposer comme une réussite exemplaire. En cela, ce film par son scénario et son audace visuelle se révèle être tout simplement une réussite exemplaire d’un véritable savoir-faire.

Le réalisateur profite également de son premier film pour rendre un hommage à l’un de nos comédiens français populaires qui a marqué tout un pan du cinéma hexagonal. Le personnage de Vladimir a ainsi les traits de Louis de Funes et le résultat est aussi réussi qu’attachant. Il nous rappelle ainsi les films La Folie des grandeurs (1971). Pourquoi j’ai pas mangé mon père réussit donc aisément son objectif de nous divertir intelligemment et nous révèle une nouvelle facette de Jamel Debbouze qui laisse entrevoir un avenir prometteur en qualité de réalisateur.

Vu le 02 avril 2015, à la Salle Pathé Lamennais

Note de Mulder: