Titre original: | Loin des hommes |
Réalisateur: | David Oelhoffen |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 14 janvier 2015 |
Note: | |
1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au coeur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.
Critique de Mulder
Rares sont les films qui s’imposent dès leur première vision comme des œuvres intemporelles, fortes et que l’on garde longtemps en mémoire. En adaptant librement la nouvelle d’Albert Camus L’hôte et en donnant une plus grande profondeur à ses deux personnages principaux, le scénariste et réalisateur David Oelhoffen nous livre non seulement un film parfaitement réalisé à la photographie somptueuse mais également s’appuie sur deux grands comédiens. Le directeur de la photographie Guillaume Deffontaines a soigné l’image du film et nous découvrons ainsi les sublimes paysages marocains servant à illustrer l’Atlas saharien, lieu dans lequel est sensé se dérouler l’action. Le réalisateur et scénariste David Oelhoffen avait déjà réalisé et scénarisé en 2006 son premier film Nos retrouvailles et s’appuyait déjà sur les liens forts entre deux hommes (un père et son fils). Son nouveau film reprend donc son étude des relations humaines (un professeur d’école et un paysan accusé de meurtre). Chacun des deux personnages principaux sont ancrés dans leur passé et tentent de trouver leur place dans une société pétrie de traditions. Il en résulte un très beau message de paix entre les peuples et surtout deux portraits intéressants d’hommes pris par leur passé.
Loin des hommes est également marquant par son approche historique du début de la guerre d’Algérie (1954-1962) et par le fait qu’il repose sur deux hommes, un algérien et un français d’origine étrangère les deux hommes représentent ainsi deux mondes, deux religions différentes, deux cultures diférentes. C’est cette opposition qui fait toute la force de ce grand film porté par les comédiens Viggo Mortensen (L'Impasse (1993), USS Alabama (1995), A armes égales (1997), la trilogie Le Seigneur des anneaux (2001-2003), A History of Violence (2005), La route (2009)…) et Reda Kateb (Un prophète (2009), Zero Dark Thirty (2012), Lost River (2014)..). Alors que le premier semble préférer des films d’auteur à des films typiquement hollywoodiens, le second commence réellement à abandonner les seconds rôles pour témoigner qu’il est bien l’un des meilleurs comédien français actuels. Ces deux comédiens se rejoignent dans leur volonté de ne pas interpréter les mêmes rôles et à collaborer avec des metteurs en scène convaincants. Ce film nous live simplement deux très grandes interprétations en confirmant tout le bien que nous pensons de Viggo Mortensen et surtout reconnaître le talent du second.
A l’orée d’un cinéma indépendant, d’un cinéma donnant de véritables rôles à ses comédiens, Loin des hommes s’affirme comme l’un des films événements de cette année. Un film qui vous amènera à réfléchir sur nos erreurs du passé et à tracer une route meilleure pour notre avenir. A l’image de cet instituteur retiré du monde qui va devoir entreprendre un long chemin, on trouvera à travers le message de ce film un message d’espoir, d’entraide et surtout de paix que nous pouvons que soutenir. Alors que le cinéma français se tourne de plus en plus vers un cinéma commercial grand public, calque des films américains actuels, Loin des hommes produits par One World Films, Perceval Pictures, Kaléo Films et Jouror Développement et distribué et co-produit également par Pathé Production est un cinéma que nous apprécions et souhaitons voir diffuser dans nos salles de cinéma.
Vu le 15 décembre 2014, à la Salle Pathé Lamennais
Note de Mulder: