
Titre original: | Respire |
Réalisateur: | Mélanie Laurent |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 92 minutes |
Date: | 12 novembre 2014 |
Note: | |
Charlie, une jeune fille de 17 ans. L’âge des potes, des émois, des convictions, des passions. Sarah, c’est la nouvelle. Belle, culottée, un parcours, un tempérament. La star immédiate, en somme. Sarah choisit Charlie.
Critique de Mulder
En adaptant librement dans son deuxième film le roman éponyme d'Anne-Sophie Brasme,, Mélanie Laurent signe non seulement l’un des meilleurs film français sorti cette année en salles mais également confirme un talent indéniable de réalisatrice et scénariste. En prenant une toute autre direction que le film d’Abdellatif Kechiche La Vie d’Adèle, elle montre l’emprise néfaste d’une jeune étudiante dévergondée sur une autre studieuse et renfermée sur elle-même.
Mélanie Laurent apparaît comme un véritable caméléon, aussi à l’aise devant la caméra (De battre mon cœur s'est arrêté (2005), Paris (2008), Inglourious Basterds (2009), Enemy (2013)..) que derrière un micro (très beau premier album En t’attendant (2011)), elle se révèle dans son second film comme une parfaite directrice de comédiens et surtout un réel sens pour capter les images fortes et les présenter. Une telle dextérité est plutôt rare chez une comédienne passée à la réalisation tardivement. Loin de vouloir présenter un film grand public, elle ose montrer l’horreur véritable subie par certains lycéens et étudiants dans nos lycées et collèges. Ses élèves abandonnés par leur parents, livrés à eux-mêmes deviennent ainsi des proies sans repères moraux. Ainsi entre le personnage de Charlie et sa mère égocentrique ne pensant qu’à son bonheur (Isabelle Carré parfaite une fois de plus), et Sarah et sa mère alcoolique, leur amitié deviendra peu à peu une lutte psychologique acharnée. Ce film présenté lors du festival de Cannes 2014 et salué par la presse et le public témoigne des progrès accomplis en qualité de réalisatrice entre son premier film Les adoptés (2010) et celui-ci.
A l’occasion de ce film, la réalisatrice retrouve notamment son chef monteur Guerric Catala, son directeur de la photographie Arnaud Potier, son chef décorateur Stanislas Reydellet et son ingénieur du son Cyril Moisson avec qui elle avait déjà travaillé sur son premier film mais également s’entoure de talents indéniables. Ainsi, en prenant le risque de donner à deux jeunes comédiennes leur premier grand rôle, Mélanie Laurent nous présente les futures grandes comédiennes dont nous risquons d’entendre beaucoup parler. Joséphine Japy découverte dans Neuilly sa mère ! (2009) et surtout Cloclo (2012) confirme qu’elle a toutes les qualités requises pour devenir une brillante comédienne. Dans le rôle de Charlie, elle représente parfaitement la jeunesse blessée et bafouée, prête à se suicider suite aux différents actes malsains de Sarah. C’est à Lou de Laâge que revient le rôle difficile d’incarner une jeune manipulatrice exercant une véritable perversion narcissique sur Charlie. Découverte notamment dans les films Jappeloup (2013), Des Gens Qui S'embrassent (2013) elle témoigne également d’un talent inné pour camper des personnages troubles et perfides.
La réalisatrice ne cherche à aucun moment à prendre part aux différentes confrontations entre Charlie et Sarah. Au contraire, elle livre un film parfaitement maîtrisé, dans lequel l’espace et le son sont très importants pour faire naître une véritable sensation d’asphyxie. Après un premier film plutôt lisse, Mélanie Laurent signe là tout simplement un très grand film dans lequel elle s’est investie non seulement dans l’écriture (co-scénariste), la réalisation mais aussi la production.
Enfin, Respire témoigne que le cinéma français est encore capable de prendre des risques, d’imposer une véritable jeune réalisatrice, une véritable femme orchestre capable de continuer à nous étonner et à donner le meilleur d’elle-même dans ses créations. Pour cela, Respire est mon gros coup de cœur de cette semaine. Un film à découvrir, à partager et surtout à défendre…
Vu le 10 novembre 2014 au Pathe Beaugrenelle, Salle 06, place B11
Note de Mulder: