Favelas

Après l’excellent film La Cité de Dieu de Fernando Meirelles et Kátia Lund (2002), et l’utilisation du décor des favelas dans différentes grosses productions américaines (L’incroyable Hulk (2008), Fast and furious 5 (2011)…), le nouveau film de Stephen Daldry nous présente les favelas telles qu’elles sont réellement. Loin du glamour des grosses productions américaines, nous ressentons à chaque moment du film l’enfer que vit cette population pauvre dans un pays marqué par la corruption massive.  

 

En nous présentant trois jeunes adolescents travaillant durement dans les ordures et devant mener une enquête suite à la découverte d’’un portefeuille, le film nous livre  non seulement une aventure pleine de rebondissements mais surtout très réaliste et avec un message d’espoir rarement aussi intense dans une œuvre cinématographique. En donnant à trois jeunes comédiens les premiers rôles, la production prend certes un risque mais privilégie ainsi la richesse d’un scénario parfaitement maîtrisé. Les seconds rôles permettent de retrouver Rooney Mara (Olivia) et Martin Sheen (le Père Juilliard). Ceux-ci loin de vouloir se mettre en avant se fondent parfaitement dans l’intrigue et laissent à ce jeune casting toute sa force.

 

En adaptant le roman de l’écrivain britannique Andy Mulligan paru en 2010, le scénariste Richard Curtis (Quatre mariages et un enterrement (1994), Bridget Jones : l'âge de raison (2004), Cheval de guerre (2011)) nous livre tout simplement l’un de ses meilleurs scénarios et semble vouloir privilégier le réalisme et s’opposer à tout effet purement hollywoodien inutile. Son association avec le réalisateur Stephen Daldry ((Billy Elliott (1999), The Reader (2008)) permet de donner au film une richesse non seulement visuelle mais également narrative.

 

Il est ainsi impossible de ne pas penser au film culte Les Goonies de Richard Donner (1985) dans laquelle des jeunes aventuriers étaient également à la recherche d’un trésor. Pourtant, Favelas trouve son propre chemin et réussit à distiller malgré la violence de certaines scènes une œuvre grand public pouvant autant plaire à un jeune qu’à un plus âgé. Favelas réussit ainsi la fusion parfaite entre le cinéma d’auteur et le cinéma grand public. En voulant retrouver tout le charme des films des années 80 dans lesquels les effets spéciaux n’étaient pas là pour cacher ni la maigreur scénaristique d’un film ni le jeu limité de certains comédiens, Favelas est tout simplement l’un des meilleurs films sortis cette année en salles et surtout une invitation à une chasse au trésor parsemée de scènes fortes.

 

Favelas porte également un véritable regard sur cette population très pauvre brésilienne, loin des feux de la Coupe du Monde de la FIFA, un peuple opprimé qui trouve par son entraide un moyen de continuer à se battre contre des inégalités. C’est en cela que Favelas mérite d’être découvert, diffusé et reconnu comme une œuvre importante portant le regard d‘un réalisateur sensible, doué et convaincant.

 

Vu le 27 octobre 2014  à la Salle Universal, en VO