Astérix Le Domaine des dieux

Astérix Le Domaine des dieux
Titre original:Astérix Le Domaine des dieux
Réalisateur:Alexandre Astier, Louis Clichy
Sortie:Cinéma
Durée:85 minutes
Date:26 novembre 2014
Note:

Toute la Gaule est occupée par les Romains, à l’exception d’un village peuplé d’irréductibles Gaulois, qui résistent encore et toujours à l’envahisseur. Las de perdre une légion après l’autre dans la guerre qui l’oppose à Astérix et ses amis, l’empereur Jules César décide de changer de tactique. Il décrète la construction tout près du village d’une monumentale cité romaine : le Domaine des dieux. L’architecte Anglaigus est en charge de ce chantier à haut risque. Dès qu’il entame les travaux de déforestation, il se heurte à l’opposition la plus ferme et malicieuse d’Obélix et d’Idéfix.

Critique de Tootpadu

S’il y a bien un symbole national dans lequel les Français aiment se reconnaître, ce sont Astérix, Obélix et leur univers dessiné, habités par l’esprit intransigeant de l’indépendance et de la résistance, qui fait si cruellement défaut à notre époque. Ces ancêtres rêvés, si forts et si marrants, qui règlent leurs problèmes et leurs comptes avec un simple coup de poing à la puissance exponentielle, servent depuis longtemps de prétexte de défoulement à un peuple, qui n’a pas connu pareille vigueur en plus de trois siècles. Car cela fait indéniablement du bien de s’identifier à ces héros purement imaginaires, qui confèrent un cours différent à une Histoire qui n’a pas toujours souri à notre patrie d’adoption. Ils sont les représentants fiers, voire arrogants, d’une culture profondément chauvine, au détail près que dans la fiction, leurs gros bras sont assez dissuasifs pour appuyer leurs revendications, là où dans la réalité, cette forme de prétention suscite au mieux un sourire condescendant de la part de l’observateur étranger.

La principale qualité de ce monde doucement décalé est justement qu’il ne se prend pas trop au sérieux. Au lieu d’être un exemple à suivre, il agit subtilement comme le reflet ironique de tout ce qui ne va pas dans la psychologie collective française. L’humour de la dérision peut y faire des merveilles, tandis qu’un regard plus méchant aurait sans doute poussé le ton de cet univers vers la farce à la voix criarde. Le cinéma n’a pas toujours été en mesure de capter convenablement cette particularité nationale, de gronder tout en se réjouissant de la joyeuse incohérence du propos. Surtout les quatre adaptations en long-métrage en prises de vues réelles se sont apparentées à de grosses productions mercantiles sans âme, plus intéressées à profiter de l’attrait commercial des vacances scolaires et à mettre en avant une distribution aussi prestigieuse que rapiécée que d’incarner les dessins de Albert Uderzo. Leurs pendants animés passés n’ont été, quant à eux, guère plus que des mises en images sans personnalité des histoires si populaires en bande dessinée aux yeux des lecteurs de tout âge et de toute origine.

Ce nouveau film déroge heureusement juste assez à la règle pour nous divertir convenablement. Il reste largement fidèle au climat frondeur de l’histoire d’origine en y glissant quelques commentaires cinglants sur notre société de consommation. Et l’aspect lisse de l’animation numérique trouve un écho de making-of hautement officieux à travers la copie pas tout à fait terminée, que nous avons eu le privilège de découvrir en projection pour des raisons techniques. Les différentes étapes de production et de finition de l’image animée y apparaissaient avec un air d’artisanat fort instructif et curieusement en phase avec l’esprit du film, qui vante l’authenticité du terroir au détriment du bling-bling de l’importation. Or, Astérix Le Domaine des dieux ne s’improvise nullement en chantre d’une idéologie nombriliste. Il participe au contraire à préserver en toute légèreté le patrimoine de Astérix et Obélix par le biais d’un film accessible et appréciable par tous ceux, qui n’y cherchent pas l’hypothétique réinvention d’un univers ayant de toute façon déjà fait ses preuves depuis très longtemps.

 

Vu le 20 octobre 2014, à la Salle Pathé François 1er

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le 29 octobre 1959, la collaboration créative entre le scénariste René Goscinny et le dessinateur Albert Uderzo a donné naissance aux personnages emblématiques de l'univers d'Astérix le Gaulois, dans le premier numéro du journal Pilote. L'attrait durable de ce village gaulois d'Armorique, dépeint comme la seule résistance contre un adversaire oppressif cherchant à dominer le monde, a fait d'Astérix un défenseur convaincant de la résistance et de la liberté d'expression. Avec un succès mondial qui transcende les barrières linguistiques - publiée en 107 langues et vendue à plus de 350 millions d'exemplaires. Cette bande dessinée est devenue une source de fierté pour notre nation. Comme les Belges ont Tintin, nous avons Astérix le Gaulois. Depuis la parution du premier album en 1961 (Astérix le Gaulois) jusqu'au dernier opus, Astérix chez les Pictes, ce sont au total trente-cinq bandes dessinées, huit films d'animation et quatre adaptations cinématographiques en prises de vues réelles (Astérix et Obélix contre César (1999), Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2002), Astérix aux Jeux Olympiques (2008) et Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté (2012)) ont enrichi l'héritage d'Astérix.

Astérix et le domaine des Dieux est la neuvième adaptation animée, inspirée de l'album éponyme de 1971. En y regardant de plus près, ce film d'animation apparaît comme l'adaptation la plus louable, non seulement parce qu'elle préserve l'esprit de la bande dessinée originale, mais aussi parce qu'il réussit à la situer dans notre contexte contemporain. Bien que le récit se déroule en 50 avant J.-C., alors que la Gaule est presque entièrement occupée par les Romains et que Jules César tente de nouvelles stratégies contre l'indomptable village, le film entrelace habilement des éléments historiques avec une pertinence moderne.

Cette fois, le plan machiavélique de César consiste à créer une zone résidentielle luxueuse à côté du village gaulois, avec l'intention d'imposer un nouveau mode de vie à ses habitants. Finies les adaptations linéaires centrées sur les tours de force d'Astérix induits par la potion magique. Les réalisateurs, Alexandre Astier, Jean-Rémy François et Philip LaZebnik, semblent particulièrement intrigués par ce changement, où une simple potion magique ne peut résoudre le dilemme de l'histoire.

L'approche d'Alexandre Astier, coréalisateur et coscénariste, s'avère la plus pertinente. Contrairement aux adaptations précédentes qui se contentaient de suivre la narration de la bande dessinée, Astier juxtapose son humour iconoclaste à l'univers d'Astérix, créant ainsi une combinaison gagnante. Abordant divers thèmes tels que l'esclavage, les problèmes sociétaux contemporains reflétés par un urbanisme décadent et les valeurs morales et familiales, le film transcende le domaine de la narration animée sans faille. Il revitalise des personnages qui font partie intégrante de notre culture intellectuelle.

Dans la continuité des adaptations précédentes, les réalisateurs ont conservé Roger Carel pour la voix d'Astérix, mis en valeur les voix d'acteurs populaires (Lorànt Deutsch, Alain Chabat, Laurent Lafitte, Elie Semoun), et restitué fidèlement Jules César et le village gaulois. Ils ont notamment réussi à réinventer le personnage d'Obélix, en y incorporant des éléments rappelant King Kong et Hulk, comme dans la scène où Obélix escalade un immeuble. La consommation pour la première fois de la potion magique pour rectifier les circonstances témoigne d'une volonté délibérée d'innovation.

La splendide animation, qui rappelle les récentes productions animées américaines, démontre que le cinéma français, à l'instar du village gaulois, peut s'opposer à l'hégémonie américaine. Pour ces raisons et bien d'autres, Astérix et le domaine des Dieux fait partie de mes dix films d'animation préférés.

Par Toutatis, passer à côté d'un tel bijou cinématographique reviendrait à passer à côté de l'un des meilleurs films de l'année.

Astérix et le domaine des dieux
Réalisé par Louis Clichy, Karl Willems
Écrit par Alexandre Astier, Robin Lyons, Andrew Offiler, Bill Speers
D'après Les demeures des dieux de René Goscinny, Albert Uderzo
Produit par Philippe Bony, Thomas Valentin
Avec Jack Whitehall, Nick Frost, Greg Davies, Matt Berry, Catherine Tate, Harry Enfield, Richard McCourt, Dominic Wood, Jim Broadbent
Monté par Soline Guyonneau
Musique : Philippe Rombi
Sociétés de production : M6 Films, Belvision, Grid Animation
Distribué par SND Groupe M6
Dates de sortie : 26 novembre 2014 (France), 19 août 2016 (UK), 23 juin 2017 (USA)
Durée : 85 minutes

Vu le 17 novembre 2014 au Gaumont Marignan, Salle 01

Note de Mulder:

Critique de Marty

Alexandre Astier, connu pour la série Kaamelot, s'associe Louis Clichy, un ancien graphiste de la firme Pixar, pour nous dévoiler un nouvel épisode du plus célèbre Gaulois d'Uderzo & Goscinny, Astérix. Cette fois-ci, c'est le tome "Le domaine des dieux" qui se retrouve porter au cinéma. Il s'agit aussi, et surtout, de la première adaptation numérique (et en 3D) du célèbre moustachu et de son équipe. 

A l'instar de l'ensemble des films d'animations, c'est un casting vocal d'acteurs qui est au rendez-vous et non à un casting de comédiens de doublages. On y retrouve, entre autre, Guillaume Briat, Lorànt Deutsch, Laurent Lafitte, Alexandre Astier, Alain Chabat, Elie Semoun, Géraldine Nakache et Florence Foresti. On note la présence de Roger Carel, l'un des plus grands comédiens de doublages, puisqu'il est connu pour être celui de David Suchet dans la série Hercule Poirot, celui d'Anthony Daniels ; alias C3P0 ; dans Star Wars et bien sûr, Astérix, dans tous les dessins animés. A 86 ans, il reprend le rôle du joyeux guerrier et redonne une vie à ce personnage aussi atypique que sympathique. 

Le synopsis du film est évidemment très proche de la bande-dessinée. On y retrouve la rengaine habituelle dans laquelle César souhaite conquérir la Gaule et se heurte, encore et toujours, à ce village d'irréductibles Gaulois. Cette fois-ci, son plan machiavélique va donner du fil à retordre à nos chers Gaulois. Le film m'a semblé fidèle à mes souvenirs de la bande-dessinée, même s'il manque l'humour. 

Avec quelques répliques savoureuses, des noms de romains bien trouvés, une bonne ambiance, cette adaptation d'Alexandre Astier fait mouche. Il séduit les plus petits comme les plus grands et offre un bon divertissement en cette fin d'année. Astier évite la technologie employée pour Tintin où Spielberg avait accentué la Real Capture. Ici, on joue sur l'animation 3D, dîtes classique. 

Mais la beauté des décors ou de l'animation ne fait pas tout. Le film manque cruellement d'humour et de rythme. Le choix des doubleurs est aussi un point faible... Seul, Roger Carel, dont le métier de comédien de doublage offre une copie des plus honorable, redonne vie au petit Gaulois. Le choix de Guillaume Briat (Kaamelot), en Obélix, n'est pas un bon choix... La disparition de Pierre Tornade n'a pas été remplacée par un choix judicieux mais un choix affectif. Semoun fait du Semoun mais relève malgré tout la note. Il est convaincant dans son rôle de Cubitus. Lorànt Deutsch en Anglaigus est dans l'ensemble crédible tout comme Lafitte en Duplicatha... Encore une fois, je regrette la présence de stars du petit écran ou du grand écran (ou des "stars" de la télé-réalité) au détriment des comédiens de doublages. On ne peut pas s'improviser doubleur quand on n'est pas comédien. Il faut savoir donner des intonations pour donner vie à son personnage... Un bon nombre des comédiens d'Astérix n'a pas su donné vie et offre donc une prestation décevante... 

S'appeler Astier ne fait un Asteri(x)... Il a calqué quelques brides de sa série Kaamelot (que je ne trouve pas drôle...) et n'offre pas l'humour qu'on était en droit d'attendre...

Vu le 06 décembre, au Pathé Conflans, en VF (sans 3D)

Note de Marty: