13 Sins

Le thriller thaïlandais écrit et réalisé par Chukiat Sakveerakul sorti en 2006 mettait en scène un jeune homme ayant perdu son emploi et sa petite amie il devait subvenir aux frais relatifs aux études de sa sœur. En recevant un coup de téléphone il rentre dans un jeu dangereux lui demandant d’accomplir treize épreuves afin de gagner l’équivalent de deux millions. L’idée brillante à l’origine de ce film ne fut pas malheureusement exploitée parfaitement et le résultat n’imposa pas celui-ci comme un véritable succès en dehors des frontières thaïlandaises. Pourtant, la société de production Blumhouse Productions eut la brillante idée de reprendre le concept et surtout de lui apporter une réelle efficacité. Les changements apportés sont non seulement au niveau des différentes épreuves (les deux première restent identiques, les autres gagnent en cruauté et efficacité) mais également au niveau des personnages principaux. Ces changements redonnent réellement au film une efficacité redoutable et aurait dû permettre à ce film, pur chef d’œuvre horrifique une sortie en salles.

Le réalisateur Daniel Stamm co-signe ici son premier scénario et son troisième film (A Necessary Death (2008), Le Dernier exorcisme (2010)). Bénéficiant pourtant d’un budget guère confortable, il réussit à en tirer parti au maximum et surtout à instaurer un cadre autant malsain que funeste. En caricaturant à l’extrême ces jeux télévisés vantant aux participants des lots fabuleux, le personnage principal se retrouvera peu à peu à n’être qu’un pantin dans les mains d’une organisation toute puissante. Plus celui-ci avancera dans la réussite des challenges à accomplir, plus il perdra son innocence et deviendra une véritable arme mortelle.

La descente aux enfers du personnage principal, Elliot, ses soucis entre un frère handicapé mental, sa copine enceinte et un père aussi déplaisant que cruel créés une véritable connexion émotionnelle entre lui et le public. La réussite de ce lien revient à la performance ahurissante du comédien Mar Webber habitué à des seconds rôles ( Scott Pilgrim (2010)..). Le réalisateur permet à ce comédien de donner le meilleur de lui-même et surtout de donner vie à un personnage complexe partagé entre gagner de l’argent et rester intègre. Le voir au fur et à mesure tenter de gagner à ce jeu par tous les moyens puis d’en sortir et de protéger certaines personnes l’impose comme un personnage romanesque et profondément humain. Le reste du casting n’est pas en reste avec la présence de comédiens appréciés et parfaitement en phase avec leur personnage (Tom Bower, Ron Perlman et Pruitt Taylor Vince).

Rares sont les thrillers horrifiques s’imposant dès leur découverte comme des classiques du genre. Une fois le jeu des treize challenges lancé, il est impossible de retenir son souffle. Nous souffrons avec le personnage principal, nous comprenons son état. Face à une horreur de plus en plus intense, nous nous demandons si il y a réellement une sortie possible. On pense inévitablement à l’excellent Cheap Thrills (2013) même si l’approche diffère et la part d’humour noir nettement moins présente. Ces deux films ont par contre en commun d’être très réussis et de porter un triste regard sur la nature humaine.

Vu le 22 septembre 2014 au Club de l’Etoile , en VO

Note de Mulder: