Sin City J'ai tué pour elle

Sin City J'ai tué pour elle
Titre original:Sin City J'ai tué pour elle
Réalisateur:Frank Miller, Robert Rodriguez
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:17 septembre 2014
Note:

A Sin City, le crime dicte plus que jamais sa loi. Le colosse Marv se réveille un samedi soir au milieu d’un accident de voiture sans se souvenir comment il en est arrivé là. Le jeune joueur Johnny veut infliger à tout prix une défaite au sénateur véreux Roark lors d’une partie de poker clandestine. Le privé Dwight McCarthy succombe une dernière fois aux avances de la sulfureuse Ava Lord. Et la danseuse Nancy attend patiemment de venger la mort de John Hartigan.

Critique de Noodles

Qu'est-ce qu'elle nous avait manqué, cette cité où le vice règne en maitre ! Qu'est-ce qu'elles nous avaient manqué, ces sombres ruelles dans lesquelles il ne fait pas bon mettre les pieds sans être armé jusqu'aux dents ! Qu'est-ce qu'ils nous avaient manqué, tous ces bars poisseux abritant des truands plus infréquentables les uns que les autres ! Qu'est-ce qu'elles nous avaient manqué, ces femmes cruellement magnifiques qui détonnent avec la laideur ambiante ! Qu'est-ce qu'elle nous avait manqué, cette bonne vieille Sin City. Neuf ans après un premier volet époustouflant par son audace visuelle, son univers sombre au possible et sa violence viscérale, nous voici enfin replongés dans les bas-fonds de la ville la plus malfamée de toute l'histoire du cinéma.

Déjà en 2005, lorsque Robert Rodriguez décidait de porter à l'écran la géniale série de comics créée par Frank Miller pour la première fois, une grande fidélité à l'œuvre originale était de mise. Non seulement le récit et les personnages respectaient de manière assez scrupuleuse le travail du dessinateur, mais c'est surtout l'esthétique même qui nous avait totalement bluffés : épousant à la perfection l'aspect formel de la bande dessinée, le film bénéficiait d'un style visuel étonnant et détonnant. Pour notre plus grand bonheur, rien n'a changé de ce côté-ci dans Sin City : j'ai tué pour Elle. Une fois de plus on a droit à un noir et blanc contrasté et épuré à l'extrême, tandis que le rouge – celui de l'hémoglobine – constitue la troisième couleur d'un tableau aussi magnifique que brutal. Peut-être plus encore que dans le premier volet, les trouvailles visuelles intelligentes et osées fourmillent. Un vrai régal pour les yeux.

Alors que Sin City se faisait le récit de l'impuissance des personnages face au pouvoir sans limite d'une classe politique corrompue et intouchable faisant main basse sur la ville, ce nouvel épisode est justement celui des challengers : que ce soit Johnny, cet éternel veinard qui s'est brulé les ailes ou bien Nancy, la strip-teaseuse avide de vengeance, les protagonistes de ce long-métrage électrique n'auront d'autre choix que de sombrer dans une spirale d'ultra-violence afin de l'emporter face à un ennemi bien plus fort qu'eux. Sin City : J'ai tué pour Elle laisse également une large place aux rôles féminins, avec en première ligne une Eva Green quasi-divine, dans la peau d'une veuve noire aussi dangereuse que fascinante.

Quant au reste du casting témoignant lui aussi de la fidélité du film à l'égard de la bande dessinée d'origine, il nous éblouit par sa capacité à incarner des figures fortes et marquantes, quasiment caricaturales : les femmes y sont plus belles que jamais, les gros durs deviennent encore plus durs, les méchants encore plus méchants... En résulte une œuvre profondément jouissive du début à la fin, qui n'a pour seul défaut que d'accorder un peu trop de place à l'action au détriment du charme du film noir réinventé, qui nous avait tant séduits dans l'opus précédent. C'est finalement un bilan presque parfait pour ce film qui respire le sang, la sueur et l'alcool fort.

 

Vu le 11 septembre 2014, à l'UGC des Halles, en VO, en 3D.

Note de Noodles:

Critique de Tootpadu

Pour rigoler, notre réponse standard à la question sur le dénouement de tel ou tel film est souvent que tout le monde meurt à la fin. Cette boutade est pour une fois pas très loin de la vérité avec ce deuxième conte très sombre de Sin City, où les cadavres s’empilent longtemps avant que les personnages n’aient accompli leur arc narratif respectif. La mort y est en effet omniprésente, comme une conclusion hâtive qui ne peut pas arriver assez tôt. Elle contrebalance avec une froideur implacable une autre dynamique dramatique : celle des croisades contre un mal absolu, déclenchées soit par amour, soit pour venger un honneur bafoué dans un passé lointain. Rien ne lui résiste, même pas la chorégraphie soigneusement orchestrée de ce décor crépusculaire entre le cauchemar et la réalité, entre l’esquisse en noir et blanc et des touches de couleur qui tirent vers le kitsch.

L’aspect esthétique de Sin City J’ai tué pour elle représente une fois de plus l’attrait formel principal de l’univers imaginé par Frank Miller et Robert Rodriguez. Les différentes techniques d’animation et de prises de vue s’y succèdent et se mélangent avec une aisance jamais prise en défaut. La sensation d’immersion y est encore accrue par le relief, qui participe sournoisement à nous attirer dans un monde dangereux et répugnant. Les archétypes du film noir, comme la femme fatale, le détective revenu de tout et le jeune arnaqueur arrogant, sont exacerbés par une violence qui s’abat sur chacun d’entre eux sans la moindre distinction. Il n’existe pas d’échappatoire à ce destin néfaste, ni à cette ville tentaculaire, répartie entre la vieille ville aux mains des prostituées guerrières et la sphère d’influence d’un pouvoir officiel guère plus recommandable.

Le léger souci avec le récit est qu’il ne réussit pas non plus à s’affranchir complètement de ce cercle infernal. Une fois que les trois ou quatre enjeux majeurs de l’intrigue sont exposés, ils suivent stoïquement leur déroulement préétabli, dont le seul élément de surprise est donc l’apparition prématurée du point final. La vague sensation de répétition ou plutôt d’éternel retour des mêmes griefs contre l’injustice dans cette société archaïque risque parfois de museler une narration visuellement hardie, mais pas assez téméraire pour appliquer un courage créatif semblable au niveau des codes du genre à dynamiter. L’effet de surprise du premier film, sorti il y a neuf ans, est ainsi considérablement amenuisé. Et vu l’échec cuisant du film au box-office américain, il est peu probable que nous ayons un jour l’opportunité de savoir si cet épisode-ci était une œuvre de transition, faisant en quelque sorte le ménage à Sin City avant d’y établir un nouvel équilibre des forces.

 

Vu le 13 septembre 2014, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Il aura donc fallu attendre sept ans pour retrouver sur nos grands écrans et dès le 17 janvier prochain en vidéo la suite de l’excellent film co-réalisé par Frank Miller et Robert Rodriguez de Sin City. Des changements ont donc eu lieu au niveau du casting, Clive Owen étant par exemple remplacé par Josh Brolin. L’ajout de la 3D dans cette suite permet une meilleure immersion dans un univers visuellement spectaculaire et maitrisé. L’impression de lire un comics se ressent pendant toute la durée du film non seulement au niveau du montage mais aussi au niveau de l’ intrigue. On reconnaît ici tout le génie de l’auteur Frank Miller qui a non seulement redonné un second souffle à Batman (The Dark knight) mais également géré parfaitement avec Robert Rodriguez la mise en images cinématographiques de son œuvre graphique. Le noir et blanc donne réellement un aspect fascinant à ce grand film non seulement parfaitement interprété mais également magistralement réalisé.
 
Le casting, l’un des meilleurs de cette année, permet de retrouver une multitude de talents reconnus tels Eva Green (Ava Lord), Josh Brolin (Dwight McCarthy),  Jessica Alba (Nancy Callahan),  Bruce Willis (le fantôme de John Hartigan),  Mickey Rourke (Marv),  Joseph Gordon-Levitt (Johnny),  Rosario Dawson (Gail) Jamie Chung (Miho), Lady Gaga (Bertha la serveuse) Ray Liotta (Ray), Dennis Haysbert (Manute), Stacy Keach (Wallenquist) et Powers Boothe (Senateur Roark). Il est impossible de résister à un tel casting. Mention spéciale à la comédienne qui redonne toutes ses lettres de noblesse au rôle de la femme fatale.
 
Alors que le film n’aurait pu être qu’une réussite visuelle, le scénario également signé par Frank Miller permet de relier différents récits au sein d’une même histoire. Cette adaptation fidèle au roman graphique reste fidèle également au dialogue original. C’est ainsi que dans ce film quatre histoires  ont servies de base (“A Dame To Kill For,  “Just Another Saturday Night”, “The Long Bad Night” et “The Fat Loss”). Les évènements relatés se passent ainsi avant, pendant et après le premier film. Sin city 2, j’ai tué pour elle s‘impose ainsi tout simplement comme l’une des meilleures et plus fidèles retranscriptions d’un roman graphique.
 
On ne peut donc que trop conseiller de vous précipiter sur l’édition blu-ray de ce film que l’on espère remplie de bonus et bénéficiant d’un transfert parfait. Rendez-vous mi-janvier .
Vu le 26 septembre 2014 au Gaumont Disney Village, Salle 07, en VF

Note de Mulder: