Légendes vivantes

Légendes vivantes
Titre original:Légendes vivantes
Réalisateur:Adam McKay
Sortie:Cinéma
Durée:113 minutes
Date:11 juin 2014
Note:

En 1979, le présentateur vedette Ron Burgundy s’attend d’être promu aux infos du soir à la chaîne pour laquelle il travaille désormais à New York. Or, c’est sa femme Veronica qui récupère ce poste prestigieux, alors que Ron est viré pour avoir été le pire présentateur de l’Histoire de la télévision. Il lui faudra quelques mois pour se remettre de ce choc, rendu plus pénible par la décision de Veronica de le quitter. Echoué dans un parc aquatique où il annonce sans entrain les acrobaties des dauphins, Ron est prêt à se suicider. Une offre d’emploi inespérée lui fait changer d’avis : il pourra participer avec son ancienne équipe au lancement de la première chaîne d’information continue.

Critique de Tootpadu

Qu’est-ce que ça fait du bien parfois de regarder un film qui s’efforce simplement à être le plus bête possible ! Dans la programmation du festival de Deauville, où des films d’auteur intenses côtoient les grosses machines hollywoodiennes avant leur lancement européen à la rentrée, il ne reste en effet pas beaucoup de place pour des comédies typiquement américaines et par conséquent interdites de séjour sur les écrans français. C’est toujours l’humour local qui s’exporte le moins bien. Une constante que des comiques comme Adam Sandler et Will Ferrell vivent à leur corps défendant dans l’exportation très restreinte de leurs frasques au-delà des frontières américaines. En parallèle de sa sortie en vidéo au début de l’été, la suite des premières aventures de Ron Burgundy réjouit les rares fans français de cet univers absurde à travers des passages éclairs aux festivals des Champs-Elysées et de Deauville. Que les choses soient claires, ce genre d’humour ne nous fait normalement pas rire. Mais près de la fin d’un emploi du temps de festival plutôt chargé, c’est l’antidote quasiment parfait à la morosité trop sérieuse par laquelle la plupart des autres films de la sélection officielle se définissent.

Légendes vivantes ne se distingue par aucun coup de génie. Ce n’est pas pour autant un film dépourvu d’intelligence, notamment lors de l’arrivée d’une forme de journalisme sensationnel qui allait vivre ses plus belles heures sur les nouvelles chaînes privées, nées dans les années 1980. Tel un bouffon à la cour du roi, le récit tend gentiment la glace à une civilisation américaine qui ne s’est nullement repentie depuis de cette course à la mauvaise information. Ainsi, le personnage principal – toujours aussi con et ingénieux malgré lui – donne un petit coup de pouce à l’évolution de la consommation des médias. Sa contribution n’a a priori rien de transcendant, puisqu’elle est avant tout le fruit d’un esprit obnubilé par lui-même. A travers les yeux de cet homme, qui est la somme de tous les vices de l’Amérique, nous découvrons pourtant un regard décalé, qui ne prend rien, ni personne au sérieux.

Les retrouvailles avec la bande de crétins autour de Roy Burgundy ne manquent pas d’un charme doucement malpropre. Nous ne dirons pas qu’ils nous ont manqué, mais cette suite est en tout cas moins offensive et bancale que l’original. Difficile de dire si c’est notre goût qui s’est avachi en neuf ans ou si la sagesse enfantine a enfin pris le dessus sur le joyeux bordel que Brick Tamland et les autres guignols provoquent partout où ils passent. Toujours est-il qu’en tant que divertissement sans ambition exagérée, ça passe.

 

Vu le 11 septembre 2014, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu: