Land ho !

Land ho !
Titre original:Land ho !
Réalisateur:Aaron Katz, Martha Stephens
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:00 2014
Note:

Le chirurgien à la retraite Mitch n’a pas vu son ancien beau-frère Colin depuis longtemps. Lors de leurs retrouvailles, il lui annonce qu’il l’invite pour un voyage tous frais payés en Islande. D’abord hésitant, Colin finit par accepter l’offre qui est censée lui faire changer d’idées après le divorce de sa deuxième femme. Les deux vieillards partent alors à l’aventure, afin de refaire les quatre-cents coups ensemble dans le pays des geysers.

Critique de Tootpadu

Il faut faire fort pour que le charme de l’Islande, notre prochaine patrie d’adoption hypothétique, ne nous fasse pas craquer. Les réalisateurs Aaron Katz et Martha Stephens y sont pourtant parvenus, par le biais d’un film qui n’adopte finalement aucun des traits de la mentalité islandaise. Leur point de vue y épouse étroitement les modalités d’un tourisme primaire, qui est à nos yeux pire encore que l’attendrissement sur le pittoresque folklorique d’un pays étranger. Même le motif si cher à notre dérision des Américains paumés loin de chez eux et incapables de s’intégrer manque de piquant ici, puisque le but de cette escapade de grincheux est tout sauf une exploration à l’esprit ouvert d’une culture inconnue. En fin de compte, le décor de Land ho ! aurait pu être n’importe quel pays en quête d’un support publicitaire pour vanter ses paysages impressionnants.

L’aspect le plus consternant de cette comédie très rarement amusante est cependant le portrait de deux vieux schnocks hautement antipathiques. L’interaction entre eux paraît d’autant plus superficielle et tirée par les cheveux que ces deux hommes se définissent à travers des traits de caractère très différents, au-delà de tout espoir de complémentarité. D’un côté, il y a Mitch, l’Américain caricatural par excellence : dépensier, bruyant et vulgaire. Et de l’autre, Colin, son acolyte australien : mélomane, sensible et discret. Dans une comédie gaie du troisième âge, cette combinaison aurait peut-être pu fonctionner. Mais dans le cas d’une amitié virile qui n’avait point besoin d’être ravivée, elle se résume à une suite de banalités sans aucun intérêt.

Les moments excessivement rares où les deux routards roublards osent tomber les masques et admettre leur solitude ne sont que les vestiges misérables d’une humanité largement absente du récit. La plupart du temps, nous avons hélas droit à des enfantillages qui ne révèlent aucune facette authentique du vieillissement. Car au lieu d’être une odyssée satirique sur l’impossibilité de faire le deuil des joies charnelles de la vie, le ton très poussif de la narration reste imperméable au potentiel grotesque de ce périple pénible.

 

Vu le 8 septembre 2014, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu: