Chef

Chef
Titre original:Chef
Réalisateur:Jon Favreau
Sortie:Cinéma
Durée:115 minutes
Date:29 octobre 2014
Note:

A ses débuts, Carl Casper était un chef de cuisine prometteur dont les recettes aussi inventives que savoureuses présageaient un grand avenir. Dix ans et un divorce plus tard, il œuvre sans trop de satisfaction au Gauloises, un restaurant huppé de Los Angeles. Empressé de présenter un menu exceptionnel à un critique qui vient y dîner, Carl doit finalement se soumettre aux souhaits plus classiques de son patron. Le résultat est catastrophique et finit par coûter à ce cuisinier de génie son travail et sa réputation. Il ne lui reste alors plus qu’à accompagner son ex-femme et leur fils pour des vacances à Miami, là où sa carrière fulgurante avait commencé.

Critique de Tootpadu

Et voilà, c’est ainsi qu’on fait une fable à la fois simple et intelligente sur le retour aux sources par voie de quelques petits plats appétissants, à l’opposé complet de la bouillie fade de Lasse Hallström sortie six semaines plus tôt en France. Les thèmes évoqués dans cette dernière et le septième film réalisé par Jon Favreau sont assez similaires, puisqu’ils prennent les prouesses des personnages derrière les fourneaux comme prétexte pour un voyage initiatique, qui aboutira forcément par une prise de conscience salutaire pour tous. Les bons sentiments et les bonnes saveurs fusent de part et d’autre, sauf que l’accès est infiniment plus aisé dans le cadre d’un père en pleine crise existentielle que dans celui de deux cultures – l’indienne et la française – qui devront à tout prix unir leurs forces. Notre cœur de cinéphile gourmand des plaisirs simples penche sans hésitation du côté de Chef, un film qui n’a pas les yeux plus grands que le ventre !

L’auto-dérision n’est pas une qualité inconnue à Jon Favreau qui s’applique à indiquer les petites failles humaines de son personnage, sans forcer le trait. Au cœur du récit se trouve ainsi sa relation avec son fils, un gamin bien de son âge et de son temps, qui apprendra à son père les us et coutumes dans la jungle des réseaux sociaux. Le reproche d’une publicité larvée pour Twitter atteint à peine le film, qui s’emploie à explorer en alternance les bienfaits du marketing viral et les risques d’une expression mal maîtrisée. Rarement les deux faces complémentaires de cet outil de communication ont été inclus d’une manière si peu opportuniste dans l’intrigue d’un film de fiction. Twitter fait désormais partie de la vie courante. Alors pourquoi diaboliser systématiquement ailleurs un support qui n’est jamais meilleur ou pire que son contenu ?

Or, le reflet de cette nécessité contemporaine de tout partager avec la planète entière en quelques mots n’est qu’un aspect secondaire dans l’ambiance festive qui caractérise le film. La réalité assez dure de l’environnement professionnel dans lequel Carl Casper évolue tout au long de l’histoire participe à rendre son parcours plus touchant, malgré quelques écarts un brin sirupeux. Il tente de jongler de son mieux entre ses responsabilités privées et son boulot prenant, tout en ayant pleinement conscience des choses plutôt nombreuses qu’il a ratées dans sa vie de quarantenaire. Ce n’est ni un père, ni un supérieur hiérarchique modèle. Et pourtant, il a su garder intacte, quelque part au fin fond de lui-même, sa passion pour la préparation d’une bouffe qui sort de l’ordinaire. Dans un contexte moins humblement joyeux, on traiterait pareille attitude de propagande pour un volontarisme sommaire. Mais entre les mains de Jon Favreau, elle se transforme miraculeusement en un conte de fées des plus délicieux.

 

Vu le 7 septembre 2014, au Morny, Salle 2, Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Retour aux sources pour le scénariste, producteur, comédien, réalisateur Jon Favreau. Après avoir réalisé, scénarisé et interprété son premier film en 2001 (Made) et connu d’énormes succès avec Elf (2003), Iron man 1&2 (2008-2010), Jon Favreau nous livre à ce jour son film le plus personnel et de loin le plus réussi. Loin des studios hollywoodiens, son nouveau film est une véritable réussite, un feel good movie comme on en voit rarement actuellement.

En campant le rôle principal et en étant le producteur, scénariste et réalisateur, il obtient un contrôle total de son œuvre et surtout démontre que son talent n’a pas de limite. Ainsi, son personnage, Carl Casper,un Chef cuisinier d’un restaurant réputé se voit critiquer âprement par un journaliste, Ramsey Michel d’un blog très suivi. Licencié, il décide de s’associer à son ex-femme, un ancien ami et collègue et son fils pour lancer un food truck. Ainsi, il retourne à sa véritable passion pour la cuisine cubaine et connaîtra un succès fulgurant. A bien regarder, il y a dans le scénario une véritable envie de liberté de la part du réalisateur. Une volonté de faire entre deux grosses productions, une pause aussi bien en réalisant un film produit de manière indépendante mais également de passer par la case séries américaines. Jon Favreau a ainsi réalisé un épisode de la série The Office (Saison 9 épisode 16) mais aussi les pilotes des séries About a boy (2014) et Révolution (2012).

Le sujet principal du film est donc le cadre familial. En ayant un travail de chef cuisinier lui demandant un travail énorme, il a dû s’éloigner de sa famille. En changeant de cadre de travail, son personnage peut enfin retrouver sa famille mais surtout reprendre plaisir à travailler. En prenant pour cadre un food truck soit un camion restaurant, le film traite d’un sujet récent prenant une véritable importance dans la manière de consommer aux Etats-Unis mais également en France. Ces lieux de restaurant connaissent une réelle renommée aussi bien en France (Le camion qui fume à Paris et le Kogi BBQ Taco Truck de Roy Choi à Los Angeles). Pour ce film, le réalisateur a collaboré avec Roy Choi afin de coller parfaitement à la réalité.

Le film donne également une réelle importance aux réseaux sociaux et plus particulièrement à Twitter. En effet ce nouveau média est utilisé par ces food trucks pour donner leur localisation en permanence. De nombreux médias utilisent également Twitter comme les critiques gastronomiques, de cinéma mais aussi les grands groupes et personnalités. A ce jour, Chef est sûrement le film ayant donné une part importante à ce nouveau média.

Enfin, l’efficacité de ce film tient aussi à son casting. On retrouve ainsi Scarlett Johansson et Robert Downey Jr. avec lesquels le réalisateur a collaboré sur Iron Man mais aussi Sofia Vergara, Oliver Platt, Dustin Hoffman et John Leguizamo. Ce film avec Whiplash sont mes deux préférés sur les vingt et un film découverts pendant le festival du cinéma américain de Deauville et il me tarde de le revoir..

Vu le 7 septembre 2014, au Morny, Salle 2, Deauville, en VO

Note de Mulder: