Retour à Cold Mountain

Retour à Cold Mountain
Titre original:Retour à Cold Mountain
Réalisateur:Anthony Minghella
Sortie:Cinéma
Durée:154 minutes
Date:18 février 2004
Note:
Dans une Amérique déchirée par la guerre de Sécession, un homme et une femme vont accomplir l'un vers l'autre le plus extraordinaire des voyages. Fille de pasteur, Ada a consacré toute sa jeunesse à la musique, aux arts et au bien-être d'un père veuf, qu'elle aime plus que tout au monde. Simple ouvrier, Inman est un homme farouche, avare de paroles, étranger à la société policée, pétrie de culture et traditions sudistes, dont s'entoure Ada. Un simple regard, quelques mots maladroits, un baiser volé à la veille de partir au front, suffiront pourtant à leur inspirer un amour absolu, où Ada et Inman puiseront la force et le courage d'affronter la séparation, la solitude, la misère, et les plus cruelles épreuves de la guerre...
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Critique élaborée à partir de critiques lues sur Allo Ciné et revue par mes soins.

Ce road-movie qui adapte le best seller de Charles Frazier respecte à la lettre tous les codes du genre. Mais, une fois, n'est pas coutume, classicisme rime avec souffle. Minghella assume pleinement l'étiquette "film à Oscars", collée à sa dernière production. Casting monstre, décors grandioses, musique tonitruante. Mais, balayé par un tourbillon épique irrésistible, l'exercice est réussi. La mise en scène utilise les conventions du récit avec une élégance qui finissent par donner au film, derrière ses allures impersonnelles de mastodonte, une véritable touche d'auteur. Ultraformaté, le film tient pourtant ses promesses : acteurs impeccables, peinture inspirée du chaos social et individuel, adhésion à un romantisme calme et cérébral. On pourra cependant regretter que la fresque soit parfois trop sage.

Retour à Cold Mountain se fait ainsi ambivalent en juxtaposant au mélo académique, une odyssée élégiaque emplie de surprenants accents macabres. Certes, on nage dans le romantisme effréné, mais il faut toutefois reconnaître qu'Anthony Minghella a le bon goût de couper juste comme il faut les scènes de violence et ne pas demander à ses acteurs de faire dans le cabotinage. Ce refus de la grande scène fait la force d'un film tout en demi-mesure, trouvant dans l'alanguissement de son rythme un vrai pouvoir d'envoûtement cette façon de ne jamais vouloir aller au bout des scènes ouvre en d'autres occasions sur une vraie frustration.

Enfin, Renée Zellweger par sa prestation couronnée aux oscars apporte beaucoup à ce film flamboyant, parfois très dur mais toujours magnifique. Jude law fait aussi dans ce film une performance incroyable.

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Pour une épopée qui était censée rivaliser avec "Autant en emporte le vent" en termes d'échelle grandiose des batailles et d'une histoire d'amour passionnante, on doit admettre notre déception face à ce drame très mou. Certes, le tout s'ouvre sur une bataille éprouvante dont seule la musique paraît déplacée, mais par la suite, on est obligé de se contenter d'un aller-retour continuel entre la vie à la ferme et le parcours dangereux d'un déserteur pour retrouver sa bien aimée. Ces deux actions parallèles ne répondent hélas guère aux attentes que l'on avait espéré maintenir au moins pendant la première heure, en vain. Car aucun des épisodes n'est à la hauteur d'intensité dramatique nécessaire pour y adhérer pleinement.
La faute à une mise en scène peu inspirée qui ne fait que feuilleter un album photo rempli de clichés de personnages qui restent sans point d'attache, sans vie. La faute aussi à une interprétation livide et vaporeuse, si elle ne s'aventure pas sur les chemins risqués du cabotinage (Renée Zellweger) ou de l'hystérie (Natalie Portman). Cependant, on est presque reconnaissant pour le numéro de Ruby aussi épais et faux que l'accent que prend Renée Zellweger pour ce rôle agréablement, si bêtement, comique. Au moins, elle insuffle un semblant de vie dans cette suite anémique d'événements sans originalité, ni poigne.
Où est donc passé le talent d'Anthony Minghella qui a su nous concocter auparavant un drame romantique aussi beau qu'une carte postale ("Le Patient anglais") et un polar dérangeant et réussi sur le camouflage de l'identité ("Le Talentueux M. Ripley") ? Espérons pour lui, et pour nous, que son prochain film sera moins doucement soporifique !

Vu le 12 mars 2004, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 31, en VO

Note de Tootpadu: