Détective Dee 2 La Légende du dragon des mers

Détective Dee 2 La Légende du dragon des mers
Titre original:Détective Dee 2 La Légende du dragon des mers
Réalisateur:Tsui Hark
Sortie:Cinéma
Durée:134 minutes
Date:06 août 2014
Note:

En l’an 665, le détective Dee se rend à Luoyang, la capitale de la dynastie Tang. Il doit y prendre ses fonctions au Temple Suprême, alors que la ville est encore sous le choc après l’anéantissement de la flotte impériale par un dangereux dragon des mers. Afin d’apaiser la bête, la belle courtisane Yin devra vivre plusieurs années retirée dans un monastère. Mais dès l’arrivée de Dee, Yin est successivement enlevée par des bandits déguisés en moines taoïstes et par une étrange créature venue du marais. Ce n’est que grâce à l’intervention courageuse du notable omniscient qu’elle a la vie sauve, au grand dam de Yuchi, le maître du Temple Suprême, qui avait été chargé par l’impératrice Wu de résoudre cette affaire dans les plus brefs délais.

Critique de Tootpadu

Le vieil adage selon lequel une suite ne peut pas être meilleure que l’original a perdu beaucoup de sa validité par les temps qui courent, où le cinéma commercial se nourrit essentiellement d’une série interminable de resucées et autres redémarrages. Dans cette ère de l’éternel recyclage des idées, mieux vaut baisser ses attentes au niveau des limites d’un univers en particulier, à l’intérieur desquelles les suites peuvent plus ou moins s’épanouir. Le succès respectif de ces continuations à la chaîne ne dépend alors pas forcément de la croissance exponentielle du budget, mais de la capacité du réalisateur et des scénaristes de conférer un aspect personnel à ce qui n’est au fond qu’un produit purement mercantile. Nous ne sommes par conséquent que moyennement – quoique agréablement – surpris de constater que Tsui Hark réussit à redresser la barre de son Sherlock Holmes de la Chine ancienne, après un premier film fâcheusement mou. Détective Dee 2 La Légende du dragon des mers ne renoue certes pas tout à fait avec la grande tradition des films de cape et d’épée asiatiques dont le réalisateur était l’un des maîtres incontestés dans les années 1980 et ’90. Il permet par contre de justifier pleinement l’emploi du relief pour convoquer un joli souffle d’aventure à l’ancienne. Cette entreprise avait encore été sensiblement plus bancale lors des films précédents de Tsui Hark.

L’orgie des effets spéciaux qui se fait ressentir dans chaque plan du film y contribue pour une fois à soutenir un rythme proprement épique. Les tenants et les aboutissants de l’intrigue ne sont que d’une importance toute relative, comme le laisse craindre l’introduction assez déroutante. Mais dès que les enjeux basiques de l’enquête du super-détective sont campés, le divertissement plutôt jouissif peut commencer. Les lois élémentaires de la physique n’y sont pas plus respectées que la logique narrative. Et pourtant, l’exubérance sciemment agencée participe à une prise de plaisir presque enfantine. C’est que le récit fait tout son possible pour que l’on ne le prenne pas trop au sérieux. Une approche parfaitement en phase avec l’esprit de surenchère visuelle, qui ne perd jamais de vue le spectacle à l’efficacité redoutable. Le remplacement dans le rôle-titre du vétéran Andy Lau par le jeune Mark Chao participe à cette même volonté appréciable d’accentuer la fraîcheur populaire au lieu de se plier aux exigences du marché international.

Ce film plaisant aura probablement du mal à s’y imposer, puisque son attrait publicitaire repose sur le seul nom du réalisateur et les quelques fans des premières aventures du Détective Dee. Un léger handicap que nous regrettons d’autant plus que ce film-ci mériterait d’être le point de départ réel d’une saga aux légendes rocambolesques, après un premier démarrage pour le moins problématique. Notre confiance en le monde du cinéma serait tant soit peu rétablie, si cette série remportait le même succès que cette abomination filmique de Transformers, tout en restant fidèle à la tradition du wu xia pian. Ce genre typiquement chinois avait en effet beaucoup de mal à parfaire la transition vers l’âge du tout numérique, un retard que ce film ébouriffant permet de rattraper au moins en partie.

 

Vu le 31 juillet 2014, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: