Raid 2 (The)

Raid 2 (The)
Titre original:Raid 2 (The)
Réalisateur:Gareth Huw Evans
Sortie:Cinéma
Durée:150 minutes
Date:23 juillet 2014
Note:

Après avoir été l’un des rares rescapés de l’attaque de l’immeuble du caïd Tama, le policier Rama doit infiltrer le clan de Bangun. Pour y parvenir, il sera incarcéré aux côtés de Uco, le fils unique du gangster. Il devient rapidement le confident et protecteur de Uco, une fidélité que ce dernier récompense lors de la libération de Rama deux ans plus tard, en l’engageant dans les services de son père. Rama sera rapidement associé aux affaires courantes du clan. Mais au lieu de suivre la trace des policiers corrompus à la solde de Bangun, il deviendra le témoin involontaire de l’ascension sanglante de Uco.

Critique de Tootpadu

Le pire faux pas à commettre lors d’une suite, c’est de supposer que les personnages et les événements du film précédent sont encore étroitement familiers à tous les spectateurs. Alors que nous considérons que chaque film est censé tenir et convaincre par lui-même, le prologue long d’un quart d’heure de ce film-ci nous a rappelé à quel point il est difficile de bien agencer la transition entre les différentes œuvres d’une série. Tant de peine prise, en termes narratifs et dramatiques, pour arriver à l’explication presque superflue de la présence du héros enfermé dans les toilettes de la prison, avant qu’il n’entame un interminable cycle de bastons spectaculaires ! Car l’efficacité du premier film résultait essentiellement du dispositif sans fioriture de l’assaut musclé d’un immeuble, un étage à la fois. Ici, les aspirations du réalisateur Gareth Evans ont visiblement décuplé, à la façon des Wachowski et leur alourdissement idéologique de l’univers de Matrix. Plus assez de mettre en avant les prouesses acrobatiques de Iko Uwais, il leur faudra désormais un environnement surchargé en codes du crime, comme si l’augmentation significative de la durée par rapport au premier film n’était que le premier point de rapprochement avec le ton tragique de la trilogie du Parrain de Francis Ford Coppola.

En effet, la dimension policière de The Raid 2 passe rapidement à l’arrière-plan. Le protagoniste s’enfonce de plus en plus dans le marasme des différents clans de la mafia, qui se sont départagés l’économie parallèle de l’Indonésie. D’emblée un prétexte aux pieds d’argile, sa mission n’est bientôt plus qu’un lointain souvenir, qui justifierait sa présence lors des nombreux combats sanglants. Le seul reproche que l’on ne puisse pas faire à cette orgie de violence, c’est qu’elle lésine sur les moyens pour trouver des décors toujours plus ingénieux pour y orchestrer des affrontements dignes des meilleurs jeux vidéos. En l’absence d’une quelconque ambition réaliste, surtout à l’œuvre du côté de l’invincibilité du personnage principal, qui se remet immédiatement à la tâche, alors qu’il vient d’être sérieusement amoché, les nombreuses séquences d’action font preuve d’une virtuosité formelle notable. Mais est-ce qu’elles constituent une raison d’être suffisante pour deux heures et demie d’un divertissement qui bat sérieusement de l’aile en dehors de ces ponctuations vigoureuses ?

Hélas, le stade de la maturité des films d’arts martiaux n’est pas encore atteint par cette histoire, qui s’efforce beaucoup trop à insuffler un climat de gravité dans un univers qui vit avant tout de la surenchère caricaturale de la violence. Les écarts successifs de la narration, qui brouille la compréhension des enjeux de l’intrigue au lieu de les clarifier, contribue à une lassitude mesurée, accentuée davantage par le caractère répétitif des scènes de combat, elles aussi dépourvues d’un effet sensible de crescendo. Ce que nous reprochons donc à Gareth Evans, c’est de ne pas avoir su entourer ses exercices de style fulminants par autre chose qu’un environnement nébuleux et lourd de sens, quoique très léger en termes d’une réelle tension dramatique.

 

Vu le 22 juillet 2014, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Avec deux films (The killer (1989), Hard boiled (1992)) le réalisateur chinois John Woo s’imposait mondialement comme le réalisateur des films d’action intelligent, ultra violent et aux nombreuses scènes époustouflantes. Après un passage mitigé aux Etats-Unis (le meilleur Volte-face (1997), Mission impossibe 2 (2000) cotoyant le moyennement réussi Chasse à l’homme (1992)…), John Woo avait laissé sa place vacante de maître des films d’action. On ne se doute pas un seul instant que le réalisateur gallois Gareth Evans est un cinéphile et cinéphage véritable tellement sa filmographie témoigne d’un réel attachement à ce genre dit mineur. L’amitié véritable entre le comédien Iko Uwais et ce réalisateur leur a permis peu à peu de s’imposer comme l’égal de John Woo et Chow Yun-fat. Après avoir travaillé ensemble, Iko Uwais devant et Gareth Evans derrière la caméra déjà sur Merantau (2009) et The Raid: Redemption (2011), leur association dans The Raid 2: Berandal s’impose comme étant le film d’action de l’année certes imparfait (un départ trop lent, trop de dialogues) mais suffisamment attractif pour être hautement recommandé. Le film déjà disponible aux Etats-Unis depuis le 8 juillet ne sort que ce mercredi 23 juillet en salles. Malheureux hasard de distribution, ce film mérite amplement d’être découvert en salles et non sur un excellent home cinéma.
 
Alors que le premier volet ne se passait exclusivement que dans un immeuble, le réalisateur, scénariste et chef monteur Gareth Evans voit cette fois plus large et fait de la ville de Jakarta le théâtre d’affrontements titanesques entre la mafia indonésienne et yakusas. Quelque heures après être sorti victorieux d’un immeuble rempli de criminels, le jeune flic Rama se voit dans l’obligation d’intégrer une organisation criminelle afin de mettre fin aux gangs multiples. On reconnait le même fondement que Hard boiled de John Woo et les scènes ultra spectaculaires sont multiples. La violence est omniprésente et le sang coule à flot. Certes on aurait aimé un meilleur début à ce film que cette vision lointaine d’un champ et d’un règlement de compte et surtout moins de dialogues coupant par trop souvent le rythme du film mais les séquences d’action sont tellement monstrueuses qu’ on ne peut qu’adhérer à cette lutte d’un policier intègre poussé malgré lui dans ses plus sombres retranchements que nous ne pouvons que plébisciter ce film. Dommage donc que ce film ne soit pas plus court et aurait dans ce sens été purement un chef d’œuvre authentique du film d’action. N’arrivant pas à égaler les prouesses visuelles de John Woo, The Raid 2 reste de très loin l’un des meilleurs films de son genre vu depuis une dizaine d‘années dans une salle de cinéma. 
 
Dans cette danse sanglante magnifiée par des scènes hallucinantes de combat, le réalisateur n’oublie pas de donner de l’épaisseur à ses nombreux personnages. Cette volonté explique donc les nombreux dialogues  et la durée plutôt longue que ce genre de films nous a habitué (150mns au lieu de 90mns courantes). De ce fait, le réalisateur arrive même par moment à relayer son personnage principal dans un second plan voire le faire totalement disparaître du récit pour le retrouver ensuite. Cette trop longue durée et cette approche ne semble pas avoir plu au public américain malgré une critique unanimement élogieuse. Tout sonne pourtant juste dans ce film non seulement les coups partent réellement (certes atténués) et la longue course poursuite est à couper le souffle mais une telle approche et une durée non habituelle ont dû déplaire à certains.
 
La violence atteint son paroxysme dans la dernière demi- heure du film et surtout dans l’affrontement tendant à devenir culte dans la cuisine entre le héros pratiquement invincible et l’un des tueurs.. Cette violence chorégraphiée laisse le réalisateur une totale liberté pour nous montrer des scènes d’une force incroyable et d’une fluidité absolue. C’est en cela que The Raid 2 est une réussite et impose Gareth Evans comme l’élève le plu doué de John Woo.
 
Vu le 22 juillet 2014, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: