Planète des singes L'Affrontement (La)

Planète des singes L'Affrontement (La)
Titre original:Planète des singes L'Affrontement (La)
Réalisateur:Matt Reeves
Sortie:Cinéma
Durée:131 minutes
Date:30 juillet 2014
Note:

Dix ans après que la grippe simienne a anéanti la race humaine, les singes vivent paisiblement dans la forêt. Leur tranquillité est perturbée par l’arrivée d’un groupe d’hommes, venus d’une colonie à San Francisco, afin d’inspecter l’état d’un barrage hydraulique. En effet, les rares survivants génétiquement immunisés contre le virus se trouvent face à une pénurie d’énergie, qui risque de compromettre leur projet de reconstruction. César, le chef des singes, voit d’un mauvais œil cette renaissance de la race humaine et cherche à maintenir la paix en affichant sa force. Mais Malcolm, en charge de ramener l’électricité à l’enclave humaine, tente de le convaincre d’autoriser le redémarrage du barrage.

Critique de Mulder

Chaque année, la  période estivale est réputée pour nous présenter des blockbusters américains réussis ou non mais reposant sur des effets spéciaux spectaculaires, des comédiens aguerris et une volonté des grands studios de faire frémir et rire les spectateurs sur leur fauteuil. Après Godzilla, Edge of Tomorrow (Warner Bros), Les Gardiens de la Galaxie (Marvel Studios), La major 20th Century Fox avait ouvert les hostilités avec l’excellent X-men : Days of Future past et nous présente maintenant l’un des plus grands films de l’année, La planète des singes: l'affrontement.
 
Les films de science-fiction se font de plus en plus rares et compter les chefs d’œuvres récents dans ce genre est assez rapide. Edge of Tomorrow avait monté d’un cran cette catégorie et s’affirmait de très loin comme la réussite exemplaire de cette année. C’était sans compter le prodigieux et parfaitement maîtrisé nouveau film de Matt Reeves, La planète des singes: l'affrontement. Ce réalisateur qui a débuté sa carrière avec une série Z (Future Shock (1993)), une comédie  (Le Porteur de cercueil (1996), s’est tourné vers la télévision pour réaliser des épisodes de séries (Homicise, Felicity, Conviction) et a  montré qu’il maîtrisait parfaitement le film de genre avec Cloverfield (2008) et surtout Laisse-moi entrer (2010)). La planète des singes: l'affrontement est son second blockbuster après Cloverfield et surtout fait de lui tout simplement l’un des meilleurs réalisateurs américains actuels.
 
L’écrivain français Pierre Boulle ne pouvait pas se douter en publiant son  livre en 1963 La planète des singes que son livre allait devenir un tel succès mondial. Huit films virent le jour, le premier dès 1968 dans lequel le réalisateur Franklin J. Schaffner nous présentait des cosmonautes atterrissant sur une terre sur laquelle régnait les singes et dans laquelle les hommes étaient réduits à l’esclavage. Cinq films virent le jour entre 1968 et 1973. Ceux-ci furent suivis d’une série sur la chaine CBS puis d’une série d’animation en 1975 sur NBC. Il fallut attendre 2001 pour découvrir le remake de Tim Burton et enfin 2011 pour qu’une nouvelle saga puisse voir le jour. Le réalisateur Rupert Wyatt redonna toutes ses lettres de noblesses à cette saga en présentant ses origines. Le film La planète des singes: l'affrontement reprend exactement là où s’arrêtait le film La Planète des singes : Les Origines. La race humaine est pratiquement éradiquée suite à un virus créé accidentellement par l’homme. On retrouve donc César (toujours interprété par Andy Serkis) dix ans plus tard, il règne en chef de tribu sur une colonie de singes et a maintenant un fils et un bébé avec sa compagne.
 
Le scénario de Mark Bomback (Die hard 4 (2004)), Unstoppable (2010)..) , Scott Z. Burns (La Vengeance dans la peau (2007), The informant (2009)…), Rick Jaffa/ Amanda Silver (Relic (1997), La Planète des singes : Les Origines (2011), Jurassic World (2015)) est un modèle de perfection. L’approche ethnologique du film montre ainsi le langage des signes adoptés par ces singes pour communiquer ensemble voire la parole aussi. Au lieu de vouloir nous présenter un film d’action lambda, les scénaristes développent les personnages singes et humains et leurs relations. Le résultat est un bockbuster racé, intelligent et sans aucun temps mort. On croit réellement à ce monde d’anticipation.
 
La planète des singes: l'affrontement est également une fable sociale, un regard porté sur la nature hostile de l’homme. Les nombreuses armes créees par l’homme le détourne de son équilibre envers son entourage. Koba l’opposé de César en prenant le contrôle sur les armes humaines en perdra tout simplement la tête et imposera une dictature sur les siens. Le film n’oublie pas qu’il doit divertir et apparaître comme un blockbuster mais il trouve l’équilibre parfait entre film d’auteur et film de science-fiction. En cela Matt Reeves continue sur le chemin tracé par Steven Spielberg (Jurassic Park) en faisant de son film un véritable film d’immersion totale sonore et visuelle. La 3D trouve enfin sa réelle utilité.  Andy Serkis s’avère une nouvelle fois parfait dans sa manière d’interpréter Cesar. Son interprétation mériterait d’obtenir une nomination comme meilleur acteur. Maître incontestable de la notion capture, il donne réellement vie à César avec ses expressions faciales et physiques. 
 
A regarder de plus près, le film continue dans lancée de Gravity ainsi les effets spéciaux occupent la place prépondérante de l’écran et les acteurs sont peu nombreux. La planète des singes: l'affrontement est tout simplement le cinéma de l’avenir dans lequel les effets spéciaux paraissent aussi tangibles que le monde réel . La différence entre le réel et le virtuel tend à totalement disparaître. Matt Reeves après son expérience sur Cloverfield se révèle être un réalisateur surdoué pour nous proposer des scènes d’action encore inimaginables il y a quelques années. A regarder la scène du tank contrôlé par Kuba on est bien rentré dans le cinéma du futur.  Cette allégorie de notre société moderne s’impose dès sa première vision comme le chef d’œuvre incontournable du genre, un film intelligent, flamboyant et surtout  comme ce que devrait être un blockbuster estival parfait. Le film marque tout simplement un pallier dans l’histoire du cinéma américain actuel. Il y aura un pré et post  La planète des singes: l'affrontement. 
 
Vu le 09 juillet 2014  au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO et 3D

Note de Mulder:

Critique de Noodles

Le roman de science-fiction La Planète des singes publié en 1963 est décidément bien prolifique cinématographiquement parlant. En effet, cette œuvre de l’écrivain français Pierre Boulle a donné lieu à pas moins de huit long-métrages. Le premier (1968), devenu culte, était une adaptation plutôt fidèle à sa source littéraire, dans laquelle l’acteur à succès Charlton Heston y tenait le rôle principal.

Avec La Planète des singes : l'Affrontement, nous nous sommes quelque peu éloignés de l’œuvre originale de Pierre Boulle étant donné que ce nouvel épisode de la saga est la suite directe de la production des studios Fox La Planète des singes : Les Origines (2011). Cette dernière, réalisé par Ruppert Wyatt, mettait en scène les prémices de la domination des singes à travers un scénario intelligent mais toutefois quelque peu gentillet (en tout cas, comparé à celui très similaire mais beaucoup plus sombre de La Conquête de la planète des singes (1972)). Cette fois-ci, c’est Matt Reeves, à qui l’on doit notamment Cloverfield (2008) et Laisse-moi entrer (2010) qui prend le relais en assurant la réalisation de ce nouveau blockbuster estival.

La Planète des singes : l'Affrontement s’ouvre sur une séquence d’introduction réussie, nous présentant ce qu’il en est désormais de la civilisation humaine et de celle des singes. Tandis que la première succombe lentement à la grippe simiesque qui décime une grande partie de la population et ne laisse qu’une poignée de survivant, les seconds se développent et s’organisent de manière époustouflante. Lors des premières scènes, on assiste ainsi à une véritable naissance d’une nation, avec ces singes qui apprennent le langage humain, ou encore qui chassent et apprivoisent d’autres animaux.

Evidemment, la rencontre et l’opposition entre ces sociétés est au centre de ce nouvel opus. Le film pose alors des enjeux narratifs particulièrement intéressants : la cohabitation entre ces deux espèces (l’une sur le déclin, l’autre en ascension) est-elle possible, ou la guerre est-elle inévitable ? La réponse nous est bien vite donnée. La Planète des singes : l'Affrontement se présente également comme une réflexion sur la notion d’humanité. Pourtant, il s’agit ici d’un long-métrage qui n’accorde finalement pas beaucoup d’importance aux humains, menés par un Jason Clarke peu enthousiasmant. En réalité, la présence des Hommes ici permet surtout de faire un parallèle intéressant entre ces deux espèces, et de rendre compte que le singe perd de ses qualités morales lorsqu’il se met justement à ressembler aux humains.

Nul doute que le spectateur sera nettement plus captivé par les intrigues qui entourent les singes que par les Hommes qui sont voués à connaitre un futur peu reluisant. Une identification si forte à des personnages simiesques est rendue possible grâce à la qualité des effets spéciaux, bien supérieurs à ceux du précédent opus. La qualité de la mise en scène se fait clairement ressentir, dans ce film qui sait faire preuve d’un dosage juste en termes d’action.

Si La Planète des singes : l'Affrontement ne saurait certainement pas non plus prétendre au titre de meilleur film de l’année, ce nouvel opus réussi remplit parfaitement son contrat et s’avère tout de même être le blockbuster le plus intelligent de l'été 2014.

 

Vu le 16 Juillet 2014, à La Courneuve, dans un hangar désaffecté redécoré spécialement pour le film, en VO.

Note de Noodles:

Critique de Tootpadu

Contrairement aux James Bond qui ont pour ambition indirecte de refléter l’actualité des préoccupations géo-politiques avec chaque nouvelle aventure, l’univers de La Planète des singes évolue plutôt hors du temps. Et les suites assez bon marché du classique de Franklin J. Schaffner sorties dans les années 1970, et le remake laborieux de Tim Burton du début du siècle ne cherchaient à tenir compte explicitement des époques qui les ont vu naître. La donne a quelque peu changé avec cette nouvelle incarnation, plus prestigieuse bien que l’essentiel du budget aille du côté des effets spéciaux pour créer les singes. Depuis désormais deux films, elle tente le grand écart entre le divertissement qui fait appel aux instincts primaires de la préservation de l’espèce et une mise en garde plus sophistiquée sur ce qui nous attend, si nous continuons dans la voie du mépris borné de l’environnement. Ni ce film-ci, ni son prédécesseur ne sont certes des pamphlets brûlants en faveur de la cause écologique. Ils poursuivent néanmoins le genre de réflexion qui fait sinon cruellement défaut aux grosses productions hollywoodiennes.

Dans La Planète des singes L’Affrontement, la question des sources d’énergie qui s’amenuisent passe rapidement à l’arrière-plan, au profit du traitement lucide des étapes successives de la guerre. L’élément déclencheur des hostilités y a beau être la quête de la manne électrique dans un territoire interdit, c’est surtout la confiance maintes fois trahie entre les deux forces adverses qui a l’air d’intéresser le scénario. Par les temps qui courent, avec tous les points critiques du fragile équilibre international qui s’embrasent simultanément, il y a donc plus à tirer de ce film très solide qu’un simple spectacle au premier degré. La lente montée de la violence, avec la bonne volonté de part et d’autre qui ne résiste pas à l’engrenage alimenté par de vieilles rancunes, pourrait presque nous faire croire en un film sincèrement pacifiste, s’il n’y avait pas la séquence de l’assaut principal de la colonie des hommes, au lourd arsenal formel, y compris le ralenti, qui procède à une glorification contre-productive. Mais dans l’ensemble, l’intrigue aux multiples rebondissements nous renvoie forcément à l’instabilité entre les deux forces de la Guerre froide, qu’on croyait appartenir au passé, alors qu’il suffirait peut-être d’une étincelle pour déclencher les hostilités.

Tandis que le film de Matt Reeves donne une fois de plus le beau rôle aux personnages simiens, notamment à César qui traverse tout un processus de désenchantement envers ses responsabilités de leader entre le plan qui ouvre et qui ferme son périple, les humains se rapprochent hélas de plus en plus des stéréotypes qu’il vaudrait même mieux d’éliminer. La distribution humaine ne fait guère le poids face aux singes animés sans le moindre faux pas par ordinateur, contrairement aux autres animaux aux mouvements sensiblement moins bien maîtrisés. On se retrouve alors confronté au même dilemme que dans l’univers de Jurassic Park : l’excellence des effets y bute sur la médiocrité des interprétations et plus généralement sur la pauvreté des personnages humains. Nous ne sommes alors pas sûrs que la voie choisie apparemment par La Planète des singes, c’est-à-dire d’enrichir presque artificiellement les enjeux narratifs par des observations sociales et historiques, soit la plus adaptée pour rendre ce monde fictif plus attrayant à long terme.

En tout cas dans l’immédiat, la différence de qualité entre ce film et celui de Rupert Wyatt n’est pas assez notable pour que nous désenchantions d’ores et déjà d’un univers toujours aussi fascinant.

 

Vu le 4 août 2014, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: