vérité sur Emanuel (La)

Le second film Francesca Gregorini qu’elle a produit, écrit et réalisé a été l’un des temps forts du Champs Elysées Film Festival car celui-ci repose sur un sujet original et sur deux excellentes comédiennes Kaya Scodelario (Le Choc des Titans (2010), série Skins) et Jessica Biel. Ce film fut récompensé par le prix du meilleur réalisateur pour un premier film au festival L.A Femme et des prix également aux Ashland Independent Film Festival et Brooklyn Film Festival en 2013.

Le thème des traumatismes de la maternité est ici abordé à travers deux femmes meurtries. La première incarnée par la magnifique Kaya Scodelario,  Emanuel, n’a pas connu sa mère morte en lui donnant la vie. Elle s’en veut pour cela et malgré l’amour d’un père (incarné par Alfred Molina) présent et à son écoute elle semble instable. La seconde incarnée par Jessica Biel, Linda, a connu un drame dans son passé et pour cette raison a déménagé. Ces deux femmes vont apprendre à se connaître et partager un secret en relation avec le bébé de Linda.

Le film repose donc sur ce lourd secret qui est révélé trop tôt mais n’empêche pas celui-ci de nous captiver par la présence des deux comédiennes principales. Certes on aurait aimé que le scénario soit à la hauteur du talent d’un casting si attrayant. Malgré tout, on reste fasciné par le  personnage d’Emanuel capable de raconter des choses irrévérencieuses à table et de demander à son petit ami rencontré dans le train de suivre ses diktats. Elle incarne parfaitement cette héroïne capable de supporter une tension inconfortable et de témoigner en même temps d’une sincérité et une affection particulière. Loin de ces films tout public, celui-ci se veut inconfortable volontairement mais présente certaines scènes de pure comédie. Il est surtout une étude réussie de la manière de survivre à un traumatisme soit en prenant la vie avec une certaine ironie soit en s’inventant une présence imaginaire.

Pour apprécier ce film, il conviendra de le découvrir sans connaître son synopsis (que nous avons modifié ici volontairement). Malgré une fin trop classique, on retiendra qu’une nouvelle fois le cinéma indépendant américain nous permet de découvrir des comédiens prisonniers de certains rôles dans les films hollywoodiens. Dans le cas présent la comédienne Jessica Biel apparaît ici dans l’un de ses meilleurs rôles à ce jour. Elle est ainsi loin des personnages qui ont fait sa notoriété internationale (Les lois de l’attraction (2002), Furtif (2005), L’agence tout risque (2010)….)

Vu le 14 juin 2014  au Publicis Cinémas, Salle 01, en VO

Note de Mulder: