Titre original: | 1982 |
Réalisateur: | Tommy Oliver |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 90 minutes |
Date: | 00 2014 |
Note: |
Un père se bat pour empêcher sa fille de découvrir la toxicomanie de sa mère.
Aux Etats-Unis, les eighties sont une décennie particulièrement tragique, car ces années ont été marquées par l'épidémie de crack qui a sévi dans tout le pays. Si cette drogue particulièrement dévastatrice et addictive a fait son apparition sur la côte Est au début des années 80, elle s'est répandue comme une trainée de poudre à travers le territoire, rendant des millions d'américain dépendants et faisant des milliers de morts. Derrière chaque personne accro à ce genre de substance, il y a bien souvent une famille qui en souffre terriblement. A ce titre, on se souvient de ce plan très bref mais terriblement marquant du film American gangster (2007) de Ridley Scott, dans lequel un très jeune enfant se tient près d'un de ses parents mort d'overdose. Ce fléau qui affecte et détruit une famille entière, c'est bien le sujet du premier long-métrage de Tommy Oliver, 1982.
Ce film poignant s'ouvre par une série de plans pris par une caméra super 8, dont le format est bien souvent synonyme de nostalgie à l'écran. Ces quelques images nous présentent brièvement un couple apparemment très heureux et épanoui, incarné par les acteurs Sharon Leal et Hill Harper (qui tient l'un des rôles principaux dans la série Les Experts : Manhattan). Mais l'image idyllique que renvoient ces amoureux s'efface bien vite pour laisser place à une réalité nettement moins radieuse : Shenae, désormais mère de famille, renoue avec ses vieux démons et sombre à nouveau dans la dépendance au crack. Tout au long de 1982, ce n'est pas son point de vue qui est adopté mais bien celui de son mari, Tim. Ainsi, plutôt que de nous infliger constamment la présence à l'écran de cette femme rongée par la drogue afin de la voir s'autodétruire progressivement, le cinéaste préfère faire de ce triste personnage une sorte de fantôme. Elle est telle une ombre, que sa famille ne voit que lorsqu'elle revient chez elle afin de voler l'argent contenu dans la tirelire de sa fille, ou bien ses cadeaux d'anniversaire.
Ce récit, presque autobiographique puisque l'histoire est largement inspirée de l'enfance du réalisateur Tommy Oliver (la maison du tournage est d'ailleurs celle dans laquelle il a grandi), ne se laisse néanmoins pas facilement gagner par un excès de pathétisme lourd. Certes, la dimension profondément tragique de la trame fait de 1982 un long-métrage psychologiquement éprouvant, mais il ne se situe pas pour autant du côté de la pleurnicherie. Il s'agit avant tout d'un film qui semble souffrir en silence, à l'image de ce père courageux et stoïque qui tente tant bien que mal d'élever seul sa fille, bien trop lucide pour son âge. C'est justement cette dernière, obligée d'affronter une situation familiale catastrophique, qui provoquera chez le spectateur le plus d'émotion.
Vu le 11 Juin 2014 à l'occasion du Champs-Elysées Film Festival, au Balzac, en VO.
Note de Noodles: