Vito

Vito
Titre original:Vito
Réalisateur:Jeffrey Schwarz
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:00 2014
Note:

On plonge dans la vie de Vito Russo, un des activistes gays les plus marquants de l’histoire américaine, qui fut à la fois critique cinématographique, scénariste et militant de la première heure. Ce new-yorkais né à East Harlem luttera très tôt contre l’homophobie. Très marqué par les émeutes de Stonewall, il deviendra un militant des droits LGBT. Figure du New-York des seventies, animateur de talk show sur une chaîne câblée, ce grand ami de Bette Midler deviendra une célébrité, puis un militant brillant et radical après l’apparition du sida. Il sera ainsi l’un des cofondateurs de Act Up, avant d’être lui aussi emporté par le sida en 1990.

Critique de Noodles

Nous avions découvert le travail du réalisateur Jeffrey Schwarz avec son dernier documentaire en date, le très intéressant I am Divine (2014) consacré à Harris Glen Milstead plus connu sous le pseudonyme de Divine. Parmi une riche filmographie qui résulte d'un travail de longue haleine visant à mettre en lumière les personnalités importantes de la communauté gay ainsi que ceux qui ont contribué à sa progressive acceptation au sein de notre société, il y a Vito. Ce documentaire s'attache à retracer la vie d'une figure emblématique de la lutte pour les droits des homosexuels pourtant assez méconnue hors Etats-Unis.

Vito Russo semble être un sujet idéal pour le réalisateur, dont les deux thèmes de prédilection sont l'homosexualité et le cinéma. En effet, on découvre dans Vito qu'en plus d'être un ardent défenseur de la cause homosexuelle et un militant politiquement très engagé dans ce sens, il s'agissait également d'un cinéphile passionné. Toute une partie du documentaire se concentre ainsi sur cette facette de ce personnage haut en couleur, à qui l'on doit d'ailleurs The Celluloid Closet, un livre très complet sur la représentation de l'homosexualité au cinéma publié en 1981. De nombreux extraits des films étudiés par Vito Russo viennent appuyer ses propos, montrant à quel point son travail sur la présence d'une sexualité alors considérée comme déviante sur les grands écrans d’un pays longtemps fermé à ce sujet est des plus passionnants.

Dans la forme, ce long-métrage ne nous étonne guère puisqu'il correspond parfaitement à la méthode et au style de Jeffrey Schwarz que nous avions déjà pu observer dans I am Divine. De la même manière, Vito adopte donc un aspect de documentaire très classique mais particulièrement efficace, que l'on devine dû à son expérience de documentariste pour la télévision. Ainsi, ici aussi le film est une association de nombreuses images d'archives (les photos et images filmiques s'avèrent être des documents précieux) et de propos des proches de Vito qui nous livrent les moindres petits secrets et autres anecdotes le concernant.

Le schéma narratif lui aussi des plus conventionnels permet en tout cas de dresser un portrait très pédagogique d'un homme dont la vie a été profondément marquée par ses préoccupations politiques. En relatant sa lutte honorable, Vito nous permet de réaliser dans quel mesure le gouvernement américain (et notamment le président Ronald Reagan) a été particulièrement virulent à l'encontre de la population gay. Comment ne pas être affligé face à ses images de policiers matraquant avec acharnement des homosexuels manifestant pacifiquement dans le but de demander de l'aide à l’État face au terrible fléau qu'est le SIDA ? Il est d'autant plus émouvant de voir que le combat politique mené par Vito contre cette maladie s'accompagne d'un combat personnel de cet homme séropositif. Jeffrey Schwarz signe donc un autre documentaire poignant et éminemment nécessaire.

 

Vu le 16 Juin, à l'occasion du Champs-Elysées Film Festival, au Publicis Cinéma, en VO.

Note de Noodles: