Sun Belt Express

Sun Belt Express
Titre original:Sun Belt Express
Réalisateur:Evan Buxbaum
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:00 2014
Note:

Renvoyé pour avoir plagié le travail d'un étudiant, Allen a presque touché le fond. Pour payer son ex-femme il fait la navette jusqu'à la frontière mexicaine avec des immigrés dans son coffre de voiture. Mais sa vie se complique quand sa petite amie mexicaine tombe enceinte et sa fille atterrit dans son véhicule pendant une course clandestine.

Critique de Noodles

Il faut bien l'admettre, Evan Buxbaum a su faire preuve de beaucoup d'audace en traitant de manière aussi surprenante l'épineux sujet qu'est l'immigration dans son film Sun Belt Express. Si d'habitude, ce qu'on appelle communément les « films de frontière » s'attachent à aborder ce thème avec beaucoup de gravité et d’idéaux engagés, le jeune réalisateur américain se positionne à contre-courant de cette vision des choses et opte au contraire pour un film bien plus léger bien que pas moins réaliste. Les allers-retours d'Allen King, ce prof fauché servant de passeur afin de faire traverser la frontière à ses étudiants mexicains, prennent ainsi des allures de comédie façon road-trip. Par ailleurs, les producteurs du film ont sans aucun doute fait un choix des plus malins en accordant le rôle à Tate Donovan (que l'on retrouve par exemple dans Argo (2012)), certainement l'acteur de ce long-métrage indépendant qui jouisse de la réputation la plus conséquente.

Le récit de l'ultime voyage de cet homme un peu loser sur les bords se veut donc plein d'humour, bien qu'il ait pour toile de fond une problématique dont la complexité est particulièrement accentuée par la situation de crise économique. Si le rire est bien omniprésent, il faut préciser que c'est avant tout grâce aux performances des personnages secondaires souvent hilarants. En effet, ce trio de mexicains désirant passer la frontière de manière illégale pour des raisons bien différentes n'a pas manqué de nous amuser par les pénibles situations auxquelles ils sont confrontés nous rappelant peut-être, par certains aspect, l'esprit des péripéties des personnages du film Very Bad Trip (2009). On pense surtout à ces scènes où les trois pauvres hommes sont entassés dans le coffre de la voiture, donnant lieu à des dialogues tordant. Même si ce trio devient rapidement un duo (incarné par Arturo Castro et Oscar Avila), c'est bien lui qui confère à Sun Belt Express sont rythme si dynamique et son côté humoristique plaisant.

Toutefois, les rires que provoqueront un bon nombre de scènes ne sauraient nous faire oublier que les visées d'Evan Buxbaum sont loin d'être uniquement comiques, sont but étant avant tout d'entamer une réflexion sur le thème de l'immigration et d'en combattre les éternels clichés. A ce titre, on salue sa volonté de ne pas prendre parti, et de réaliser un film qui s'éloigne de toute morale simpliste en tenant compte de la cruelle réalité dans laquelle les personnages évoluent tant bien que mal. Hélas, sans être réellement manichéen, Sun Belt Express ne parvient pas à se défaire d'une certaine naïveté un peu agaçante, notamment vers la fin. Ce happy-end peu crédible et presque grotesque est représentatif du surplus de bons sentiments qui vient entacher le bilan d'un film pourtant assez souvent émouvant et plutôt intelligent. On retient en tout cas que le message politique délivré dans Sun Belt Express atteint sa cible avec bien plus d'efficacité quand cela est fait avec humour.

 

Vu le 12 Juin 2014, à l'occasion du Champs-Elysées Film Festival, au Balzac, en VO.

Note de Noodles: