Titre original: | Nos étoiles contraires |
Réalisateur: | Josh Boone |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 126 minutes |
Date: | 20 août 2014 |
Note: |
Diagnostiquée au début de son adolescence d’un cancer en phase terminale, Hazel Grace Lancaster n’attend plus grand-chose de la vie. Désormais âgée de dix-sept ans, elle a pour seul but de faire plaisir à ses parents avant sa mort aussi précoce qu’inéluctable. Participer à un groupe de soutien d’autres jeunes malades fait partie de ce calvaire à petit feu dont Hazel ne tire guère de satisfaction. Jusqu’au jour où elle y rencontre Augustus Waters, un survivant dont l’humour et l’optimisme ne manqueront pas de la séduire.
Avant d'être un film, Nos étoiles contraires est un roman du même nom écrit par John Green et publié en 2012, qui s'avère rapidement être un immense succès commercial : désigné livre de l'année par le TIME magazine et numéro un des ventes sur internet, c'est tout naturellement qu'un studio hollywoodien (en l'occurrence la FOX) s'est rué sur les droits afin d'en faire une adaptation cinématographique. C'est Josh Boone, à qui l'on doit un premier long-métrage intitulé Stuck in Love (2012), qui se charge de la réalisation du film.
Avec ce mélodrame romantique mettant en scène deux jeunes atteints de maladies incurables leur promettant un sort tragique, on s'attend forcément à un résultat visant un public essentiellement féminin, et cherchant par tous les moyens possibles et imaginables à faire pleurer dans les chaumières. Ce n'est pas tant l'exagération du côté fleur bleue qui a tendance à nous insupporter dans ce genre de films, mais plutôt leur fâcheuse tendance à vouloir nous émouvoir à tout prix afin de masquer la maigre prétention cinématographique de ces productions hollywoodiennes.
Si nos craintes à ce propos sont bel et bien fondées, il faut avouer que Nos étoiles contraires commence par nous surprendre agréablement. Josh Boone semble avoir pour objectif de s'affranchir des règles habituelles qui régissent tant d'histoires romantiques made in Hollywood et tente d'épargner à son film un trop plein de niaiserie. Chose réussie dans un premier temps, surtout grâce aux deux personnages principaux qui abordent un sujet grave avec à la fois humour et cynisme. Certes, le jeu de séduction auquel s'adonnent les deux tourtereaux interprétés par Shailene Woodley et Ansel Elgort (que l'on retrouve tous deux dans le film Divergente (2014)) n'est pas des plus passionnants, mais il suffit tout de même à dégager une sincérité assez charmante.
Malheureusement, la suite de Nos étoiles contraires nous prouve que le réalisateur ne parvient absolument pas à faire l'impasse sur les clichés qui caractérisent les mélos romantiques dont il voulait justement s'éloigner. Une fois la mécanique du couple mise en place, le film sombre dans un trop plein de niaiserie qui ne manquera pourtant sans doute pas de réjouir une partie des spectateurs. C'est notamment la partie du récit se déroulant à Amsterdam qui en souffre le plus, nous présentant des images stéréotypées du couple de touristes amoureux dans toute sa splendeur, et comportant des scènes quasiment risibles telles ce premier baiser applaudi par les gens aux alentours.
Pour autant, Nos étoiles contraires saura efficacement séduire le public visé, qui se laissera sans nul doute charmer par ce duo somme toute tendre et touchant. En tout cas, on devine facilement que cette adaptation filmique devrait connaître un succès commercial similaire à celui du livre éponyme.
Vu le 5 Mai 2014, au Club de l'Etoile, en VO.
Note de Noodles:
Préparez vos mouchoirs ! Car l’objectif principal de cette adaptation d’un énième livre à succès est de faire pleurer sous les chaumières. Qu’il y échoue assez misérablement est avant tout dû à un ton très inégal, qui voudrait tant ne pas être dupe des ficelles qui animent généralement pareille tragédie larmoyante, mais qui finit par y succomber à plusieurs reprises. Le point le plus platement mélodramatique est atteint tôt dans le film, lors du retour en arrière pour illustrer de la façon la plus convenue imaginable, avec des ralentis et de grands gestes du désespoir, la première urgence vitale dans la longue histoire médicale de Hazel. Mais dans l’ensemble, le récit ne réussit guère à mettre en pratique sa profession de foi initiale, c’est-à-dire de rester à l’écart des épopées de maladie abusivement édulcorées.
En même temps, les options pour Nos étoiles contraires restent plutôt limitées. Comment éviter en effet tout chantage émotionnel, quand le seul et unique enjeu de l’histoire consiste à rendre plus plaisants, voire intenses les derniers jours sur Terre des personnages condamnés à une mort inévitable ? Puisque l’attente du moment fatidique est rythmée par cette certitude lénifiante que, quoique l’on fasse, les choses ne vont jamais aller mieux, la marge de manœuvre de la narration est réduite. Le scénario cherche certes à y aménager quelques rebondissements. Mais la plupart du temps, ces changements de cap sont pour le pire dans un contexte déjà lourd de nouvelles funestes. Il n’y a qu’une seule séquence où la carapace de l’optimisme forcé, de cette bonne humeur blasée qui sonne atrocement faux, est confrontée à une vision encore plus sombre de la vie.
Hélas, la rencontre avec l’écrivain misanthrope à Amsterdam n’est qu’une brève parenthèse de franchise dans un long fleuve de poncifs soi-disant réconfortants. L’occasion de renverser alors la tendance à meubler maladroite une existence parallèle aux souffrances de la maladie, en faisant face aux aspects plus déplaisants de la vie, est rapidement gâchée par un retour aux affaires courantes les plus consensuelles. Celles-ci deviennent même de plus en plus aberrantes, avec d’abord cette prise de prétexte fort discutable de la maison de Anne Frank pour l’abandon tardif de la pudibonderie que Hazel manifestait jusque là à l’égard d’Augustus, et puis l’annonce d’une nouvelle néfaste qui propulse l’intrigue dans les excès lacrymaux les plus écœurants pendant la dernière partie du film.
A chaque génération son Love story. Celle des années 2010 ne bénéficie pas d’une version cinématographiquement plus aboutie que celle de Arthur Hiller d’il y a quarante ans. Les préoccupations y sont toujours les mêmes, tout comme cette volonté troublante d’attendrir à tout prix le spectateur avec un destin dont la noblesse réside, à notre avis, ailleurs que dans cette attitude artificielle de faire comme si de rien n’était.
Vu le 18 août 2014, au Club de l'Etoile, en VO
Note de Tootpadu:
Note de Mulder: