Rich Hill

Rich Hill
Titre original:Rich Hill
Réalisateur:Andrew Droz Palermo, Tracy Droz Tragos
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:00 2014
Note:

Rich Hill est une chronique de vie de trois turbulents garçons vivant dans une ville pauvre du Midwest et des fragiles liens familiaux qui les soutiennent.

Critique de Noodles

Il y a sans doute deux manières d’appréhender la société américaine à travers le cinéma qu’elle produit : soit on choisit de se laisser bercer (et berner) par les récits hollywoodiens présentant les Etats-Unis comme une belle et grande nation qu’il faut à tout prix imposer comme modèle, soit on choisit d’affronter la vision nettement moins charmante mais bien plus authentique que peut nous offrir un autre type de cinéma américain. Nous montrer le revers peu reluisant de la médaille, c’est bien l’objectif d’Andrew Droz Palermo et Tracy Droz Tragos avec leur documentaire Rich Hill.

Certes, les réalisateurs ne sont pas les premiers à pointer du doigt la situation économique et sociale déplorable de certaines zones de la première puissance mondiale. On pense évidemment au génial et marquant Gummo (1997), dans lequel Harmony Korine nous dévoilait de manière quasi-expérimentale une réalité insoupçonnée, celle de l’enfer des campagnes américaines. Si depuis, ce type de sujet n’est plus totalement inconnu du grand public, il faut tout de même avouer qu’il manque toujours autant de visibilité. Et c’est bien ce qui fait de Rich Hill un film cruellement nécessaire.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette petite ville du Missouri porte bien mal son nom. Ce patelin comme il en existe des milliers aux Etats-Unis est frappé de plein fouet par une pauvreté sévissant particulièrement en milieu rural. C’est donc dans un environnement des plus difficiles que tentent d’évoluer les trois adolescents de ce long-métrage poignant : Appachey, Andrew et Harley. D’emblée, on sent les garçons à l’aise, ce qui nous permet de ressentir une véritable proximité avec ces personnages qui ont beaucoup à livrer. Si la caméra semble d’abord entrer trop brutalement dans leur intimité, elle parvient progressivement à se faire oublier.

Ce sont bien ces trois gosses qui sont les narrateurs d’un documentaire qui leur donne la possibilité de raconter leur quotidien loin d’être rose, avec leurs mots. Bien sûr, le film ne fait pas l'impasse sur les inévitables travers qui découlent de telles vies. Pauvreté, délinquance juvénile, échec scolaire, parents malades et accros aux médicaments, sont donc évidemment au rendez-vous.

Pour autant, Rich Hill est loin d’être un simple étalage de misère, comme en témoigne cette phrase du jeune Andrew au début du documentaire : « We're not trash, we're good people ». D'ailleurs, ce qui est certainement le plus triste ici ce n'est pas tant la misère ambiante que l'optimisme naïf avec lequel ces jeunes envisagent leur avenir et nous confient leurs rêves.

Même si le film souffre de quelques longueurs superflues, il est appuyé par une photographie mettant en valeur des plans qui sont parfois d’une grande beauté. En définitive, Rich Hill est un documentaire saisissant. 

 

Vu le 17 Juin 2014, à l’occasion du Champs-Elysées Film Festival, au Balzac, en VO.

Note de Noodles: