Mister Babadook

Mister Babadook
Titre original:Mister Babadook
Réalisateur:Jennifer Kent
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:30 juillet 2014
Note:

Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu'elle n'arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé 'Mister Babadook' se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le 'Babadook' est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont pas peut-être pas que des hallucinations...

Critique de Mulder

« Plains ceux qui ont peur car ils créent leurs propres terreurs. »
Stephen King
 
Auréolé de quatre prix (Prix du jury, prix du jury jeune, prix du public, prix de la critique) au Festival international du film fantastique de Gérardmer 2014, le premier film de Jennifer Kent est une réussite éblouissante et augure un avenir prometteur à la jeune réalisatrice et scénariste . Dans la veine du cinéma d’horreur cherchant plus à sublimer l’horreur pure et provoquer l’effroi que déverser de litres de sang, Mister Babadook pourrait concourir  aisément pour être le film fantastique horrifique de l’année .
 
Produire un film de genre actuellement sans comédien connu est devenu presque impossible même si le scénario est comme ici totalement réussi. Pour trouver les fonds nécessaires, les producteurs se sont tournés vers la plateforme Kickstarter, c’est-à- dire par la méthode de plus en plus utilisée de Crownfunding. Sans aucun doute la jeune réalisatrice a pu s’appuyer sur son court-métrage Montre qui semble être la moelle épinière de son premier film (une mère et son enfant doivent affronter une peluche maléfique).  Dans la mouvance des grands films d’horreur des années 70-80 tels les films de David Cronenberg (Rage (1977), Chromosome 3 (1979)..), John Carpenter et Sam Raimi (un plan du film rappelera à certains par son efficacité Evil Dead (1981). La  réalisatrice nous livre donc un film très efficace avec un minimum de lieux différents et donne ainsi une réelle épaisseur à cette mère de famille dévastée, Amelia  par la mort de son mari dans un accident de voiture et qui  n’arrive plus ni à gérer ni à aimer son fils de six ans Samuel.
 
Ne sachant pas si cette mère devient démente ou si le monstre échappé du livre maudit Mister Babadook existe réellement, on laissera les spectateurs découvrir par eux-mêmes, l’ambiance est de plus en plus inquiétante et effrayante. Sans recourir à des effets spéciaux, la réalisatrice tire son inspiration également des contes de notre enfance (Grimm) et du cinéma d’horreur muet et expressionniste allemand. Il en ressort que nous avons l’impression de retrouver une atmosphère réellement inquiétante et nous nous laissons guider par une réalisatrice maîtrisant totalement un genre devenu trop rare actuellement au cinéma. Impossible de ne pas penser à l’approche de David Lynch et Wes Craven d’une horreur réaliste et enfouie en chacun de nous.
 
Un film d’horreur est efficace uniquement s’il peut réellement sembler réaliste. Les auteurs considérés comme des maîtres de l’épouvante tels Stephen King, Clive Barker l’ont compris depuis toujours. Impossible en regardant ce film  à ne pas penser à Shining ou aux classiques indémodables qui ont marqué nos mémoires de cinéphiles. Certes certaines questions resteront en suspens comme savoir si ce livre existe réellement, comment il a pu arriver dans cette maison. La magie occupe ainsi une part prépondérante dans le récit que cela soit les tours de magie de Samuel ou ce personnage de croquemitaine de Babadook. On pense ainsi au court métrage également de George Melies le livre magique (la présence de scènes en noir et blanc renforcent cette allusion). De la même manière, on pense en voyant ce film aux films Conjuring (2013) et Insidious (2010) de James Wan mais Mister Babadook les surpasse par sa volonté d’assurer un film de qualité avec un budget minimaliste. Les plus grands films d’horreur comme Halloween (1978) ont maximisé leur efficacité avec un budget minimaliste en étant très créatif. Jennifer Kent s’impose par ce premier film comme une réalisatrice à suivre de près dont on attend le second film en espérant qu’elle continuera à avoir son indépendance et échappera à l’attrait hollywoodien risquant d’amoindrir l’efficacité de ses créations comme ce fut le cas pour John Carpenter.
 
Vu le 12 juin 2014 au Club Lincoln en VO

Note de Mulder: