Massacre à la tronçonneuse

Massacre à la tronçonneuse
Titre original:Massacre à la tronçonneuse
Réalisateur:Tobe Hooper
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:05 mai 1982
Note:

Jeunes et insouciants, cinq amis traversent le Texas à bord d'un minibus. Ils s'aperçoivent bien vite qu'ils sont entrés dans un territoire étrange et malsain, à l'image du personnage qu'ils ont pris en stop, un être vicieux en proie à des obsessions morbides. Ce dernier ne tarde pas à se faire menaçant. Mais les cinq amis parviennent à s'en débarrasser. Peu de temps après, une panne d'essence contraint le groupe à s'arrêter à une station-service. Non loin de là, une maison isolée attirent leur attention. Deux d'entre eux décident de s'y aventurer, mais lorsqu'ils tentent de pénétrer à l'intérieur, un boucher masqué surgit et massacre les deux adolescents avec une tronçonneuse. 

Critique de Noodles

Lorsque Tobe Hooper a pris la décision de réaliser son film Massacre à la tronçonneuse à l'aide de trois bouts de ficelles et à des fins purement commerciales, était-il conscient qu'il allait donner naissance à ce qui n'est ni plus ni moins que l'un des films d'horreur les plus mythiques de toute l'Histoire du cinéma ? C'est en effet avec un budget microscopique à peine supérieur à cent mille dollars que le cinéaste parvient à boucler cette œuvre rapidement devenue culte. Mais qu'est-ce qui, finalement, vaut à ce projet maladroit d'être affublé d'un tel statut ? En premier lieu, on pense au rôle joué par censure quasi-immédiate qui est venue interdire la projection du film dans bien des pays (en France, il faudra attendre cinq ans pour qu'il atterrisse enfin sur nos grands écrans), méthode de promotion involontaire mais pourtant infaillible.

On peut également expliquer un tel succès par le désir de présenter Massacre à la tronçonneuse comme étant le récit de faits réels. Cette terrible histoire se base ainsi des crimes commis par le boucher meurtrier Ed Gein qui a inspiré bien d'autres films tels que Psychose (1960) d'Alfred Hitchcock ou encore Le Silence des Agneaux (1991) de Jonathan Demme. Replaçons le film dans son contexte historique et politique : alors que le scandale du Watergate éclate, prouvant que le mensonge médiatique est omniprésent aux Etats-Unis, Tobe Hooper débarque et propose aux gens de découvrir une vérité horrible, celle dont est réellement capable l'Amérique. En réalité, malgré l'annonce adressée au spectateur dès les premières minutes, ce long-métrage est purement fictionnel, même si l'influence de La Nuit des mort-vivants (1968) de George Romero et de son aspect proche du documentaire se fait clairement ressentir.

Après un générique d'ouverture des plus hypnotiques qui n'est pas sans évoquer son premier long-métrage expérimental Eggshells (1969), Massacre à la tronçonneuse dévoile rapidement ses intentions. Il s'agit là d'un survival au schéma narratif des plus basiques, et il est d'ailleurs l'un des pionniers du genre aux côtés de films comme Delivrance (1972) de John Boorman. Ici, une bande de cinq jeunes incarnés par des acteurs qui, pour la plupart, font leur première apparition à l'écran, ne va pas tarder à se faire massacrer tour à tour comme cela nous a été annoncé au début. C'est donc de ce petit film aux maigres visées que découle tout un penchant du film d'horreur, et cette influence considérable place véritablement Massacre à la tronçonneuse au rang de classique.

Rares sont les œuvres majeures du cinéma d'épouvante qui peuvent se vanter de ne pas avoir mal vieilli. Si Massacre à la tronçonneuse en fait justement partie, c'est très certainement parce qu'il ne mise pas sur la surexposition d'hémoglobine. Alors que le public s'attendait justement à découvrir un film profondément gore, Hooper lui offre quelque chose de totalement différent : à défaut d'un excès de sang qui jaillirait dans tous les sens, le réalisateur opte pour une ambiance des plus poisseuses et sinistres, dépeignant un univers sale où rodent des personnages cauchemardesques pris d'une folie meurtrière sans pareil. La tension est toujours à son maximum dans cet anti-rêve américain où l'horreur frappe en plein jour sous un écrasant soleil texan, alors que la mise en scène nerveuse caractérisée par de brillants mouvements de caméra permet de traiter la violence de manière souvent suggestive. L'utilisation particulière d'une bande sonore en tout point horrifique (existe-il une musique plus effroyable que celle produite par le son d'une tronçonneuse en marche ?) vient conclure l'interminable liste des points qui font de Massacre à la tronçonneuse un pur chef-d'oeuvre.

 

Vu le 13 Juin 2014, à l'occasion du Champs-Elysées Film Festival, au Gaumont Marignan, en VO.

Note de Noodles:

Critique de Mulder

C’est la version restaurée que nous avons pu découvrir dans le cadre de la nuit Vendredi 13 du Champs Elysées Film. Redécouvrir un film considéré comme beaucoup et justement comme l’un des chefs d’œuvre des maîtres de l’horreur est un plaisir qui ne se refuse pas. Bien que le film ait pris trente-deux ans, sa mise en scène reste d’actualité même si l’agressivité du film passe maintenant plus facilement.

Avant d’être réalisateur, Tobe Hooper travaillait au département radio-télévision-film de l’université de Texas puis comme caméraman pour une chaîne de télévision locale (KLRN). Son premier film Massacre à la tronçonneuse a été tourné après un casting organisé dans l’université de Texas. Le scénario qu’il a co-écrit avec Kim Henkel s’inspire d’Ed Gein, un psychopathe nécrophile ayant exercé dans les années 50. Sa filmographie comporte l’excellent Poltergeist (1982) qui reste parmi les meilleurs films de maison hantée. Massacre à la tronçonneuse a été interdit de sortie en salles par cinq ministres de la culture successifs et n’est sorti en salles en France que quatre ans après sa sortie en cassette vidéo (René Château).

Tobe Hooper avec ce film s’inscrit dans la lignée d’Halloween de John Carpenter sorti en 1979. On retrouve ainsi un climat oppressant, peu de dialogues et une ambiance très glauque. Le fait que le film avec un budget de 83 milles dollars montre que le réalisateur a dû faire preuve d’originalité pour pouvoir le réaliser ,la musique par exemple qui joue une grande part dans l’ambiance du film revient à Tobe Hooper et  l’utilisation d’un système D. C’est en cela que les réalisateurs John Carpenter et Tobe Hooper sont considérés comme les maîtres de l’horreur. Titre amplement mérité à la vision de cette bande de jeunes qui finiront traumatisés, mutilés entre les mains de cette famille de bouchers cannibales.

Ayant récupéré plus de 36 millions au box-office, ce film s’affirma comme un classique de l’horreur, un film d’exploitants destiné à un public en manque d’adrénaline. Il s’imposa comme l’un des classiques du genre avec Vendredi 13 (1980), Les Griffes de la nuit (1984). Les nombreuses suites qui suivirent ce film ne connurent pas le même succès mais permirent notamment à  Renée Zellweger et Matthew McConaughey de lance leur carrière cinématographique (Massacre à la tronçonneuse : La Nouvelle Génération (1994)).

 

Vu le 13 juin 2014 au Gaumont Champs-Elysées Marignan, Salle 05, en VO

Note de Mulder: