Titre original: | Au fil d’Ariane |
Réalisateur: | Robert Guédiguian |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 100 minutes |
Date: | 18 juin 2014 |
Note: |
C’est le jour de son anniversaire et Ariane est plus seule que jamais dans sa jolie maison. Les bougies sont allumées sur le gâteau. Mais les invités se sont excusés… Ils ne viendront pas. Alors elle prend sa jolie voiture et quitte sa jolie banlieue pour se perdre dans la grande ville.
Au fil d'Ariane se présente comme un grand bol d'air au sein de la filmographie conséquente de désormais dix-huit long-métrages de son auteur. Selon les propres dires de Robert Guédiguian, il s'agit surtout d'une ode à sa compagne et muse Ariane Ascaride, cette femme qui pourrait presque prétendre être le fil conducteur de l'œuvre du réalisateur tant le nombre de films qu'il a écrit pour elle est important. Pour l'occasion, il s'entoure une nouvelle fois de ses amis de longue date avec ce casting composé de Jean-Pierre Daroussin, son acteur fétiche depuis Ki lo sa ? (1985), et Gérard Meylan, également présent dans presque tous ses films. Loin des sujets graves ou du militantisme qui caractérisent bien souvent le cinéma de Robert Guédiguian, Au fil d'Ariane n'est ni plus ni moins qu'une plongée au cœur de la fantaisie.
Au fil d'Ariane titille notre curiosité dès cette intrigante scène d'ouverture faite d'images de synthèses, où la caméra planante se balade à travers des décors froids et blancs jusqu'à atterrir dans la cuisine de celle qui sera l'héroïne de cette drôle d'histoire. Cette énigmatique entrée en matière ne semble avoir nulle autre justification ni utilité que celle de nous prévenir que le cinéaste est bien décidé à laisser parler son désir de tenter de nouvelles choses. La décision de fuir prise par cette femme qui se retrouve seule le jour de son anniversaire correspond au point de départ d'un récit marqué par l'apparition de personnages hauts en couleurs.
Par moment, le film bascule même carrément dans le fantastique et le surréalisme, en témoignent ces conversations entre Ariane et une tortue dotée de parole. De par son aspect fantasque et sa dimension poétique presque onirique, Au fil d'Ariane est une œuvre d'inspiration profondément fellinienne. Guédiguian n'hésite d'ailleurs pas à rendre un hommage (et pas des plus subtils) au maître italien en faisant référence à l'une des images les plus célèbres de l'Histoire du cinéma : la scène de la fontaine dans le film La Dolce Vita (1960).
Cependant, même si le spectateur parvient à s'immerger dans cet univers léger qui semble partir dans toutes les directions possibles, il ne lui faudra pas longtemps pour remarquer que la magie n'y opère pas. Certes, l'attachant personnage interprété par Ariane Ascaride confère au film un optimisme plaisant ainsi qu'une douceur mélancolique, mais force est de constater que ni l'émotion ni l'humour ne sont réellement au rendez-vous. Même Jack, cet homme farfelu qui se prétend américain, fini par nous agacer plus qu'autre chose avec ses gags qui se répètent.
Malgré quelques passages savoureux, Au fil d'Ariane peine grandement à nous émerveiller. On ne retiendra donc de cette curieuse parenthèse dans la filmographie de Robert Guédiguian que le petit charme frais qui s'en dégage.
Vu le 17 Juin 2014, à l’occasion du Champs-Elysées Film Festival, au Balzac.
Note de Noodles: