Albert à l'ouest

Albert à l'ouest
Titre original:Albert à l'ouest
Réalisateur:Seth MacFarlane
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:02 juillet 2014
Note:

Vivre dans l’ouest américain en 1882 n’était pas de tout repos. Il y avait un million de façons de mourir prématurément, de maladie ou par la faute des bêtes sauvages, de la météo ou de personnes aux mœurs guère civilisées. Le tendre et intellectuel Albert Stark y a néanmoins élu domicile en tant qu’éleveur de moutons, pour suivre sa fiancée Louise. Quand celle-ci le plaque à la suite d’un duel qui a une fois de plus prouvé la couardise de Albert, il est profondément déprimé. L’arrivée de la belle et mystérieuse Anna va lui redonner confiance.

Critique de Tootpadu

Il n’y a qu’une seule et unique ruse scénaristique qui aurait pu rendre crédible la prémisse du deuxième film de Seth MacFarlane : révéler à un moment donné que le personnage principal avait entrepris un voyage dans le temps, ce qui expliquerait son avance considérable en termes de connaissances sur le reste de la population dans sa bourgade paumée. Cela aurait même justifié l’apparition d’un engin mythique d’une trilogie de films des années 1980, que l’on aperçoit aussi furtivement qu’une flopée d’acteurs dans des rôles très secondaires. Car dans l’état, l’ambition à deux voies de Albert à l’ouest de montrer d’une façon plutôt réaliste le quotidien de cette époque peu commode et de s’en moquer simultanément depuis notre point de vue contemporain soi-disant éclairé échoue lamentablement. Le décalage énorme qui existe entre le contexte rustre et ce héros malgré lui, qui sait pratiquement tout, mais qui peine à mettre à profit son bagage intellectuel et sa sensibilité, aurait sans doute dû y être une source inépuisable d’humour. A notre immense frustration, il ne fait qu’accentuer le côté puéril et incongru de l’ironie prétentieuse selon Seth MacFarlane.

Tandis que la salve monotone de blagues vulgaires avait pu garder un certain charme tant qu’elles sortaient de la bouche d’un nounours dans le film précédent du réalisateur, elle devient très vite lassante ici. Le registre comique est en effet incroyablement étroit puisqu’il ne tourne qu’autour du cul ou de différentes matières fécales. On aurait bien aimé y déceler de vagues vestiges du ton corrosif de Mel Brooks, qui avait tourné il y a quarante ans une comédie de western infiniment plus amusante avec Le Shérif est en prison. Hélas, le niveau de l’humour américain a encore perdu en finesse depuis, puisque les stéréotypes se succèdent sans la moindre ingéniosité dans un spectacle à la lourdeur difficilement supportable. Et la seule réplique à peu près réussie, sur les grands yeux de l’une des actrices, est anéantie par une exagération de cette particularité de physionomie lors d’une séquence onirique ultérieure, qui en dit long sur les fantasmes risibles de Seth MacFarlane.

En effet, nous mettons cet échec cuisant sur le compte du seul et unique acteur, scénariste, producteur et réalisateur. Ce film est certes à son image, celle d’un comique trop imbu de lui-même pour voir que son deuxième degré tombe invariablement à plat et que son film s’adresse à un public infiniment petit, qui rit encore de ressorts aussi éculés et immatures que la diarrhée publique ou des moutons qui pissent. Mais pour nous, il est surtout la preuve irréfutable que nous rirons jamais de cet humour bête et paresseux, voire que nous fuirons comme la peste les futures créations probablement encore plus indigestes de Seth MacFarlane !

 

Vu le 13 juin 2014, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Voici le genre de films qui divise notre rédaction. En effet l’humour de Seth MacFarlane est assez particulier et ne plait pas forcément à tous. Après avoir été le créateur et showrunner de deux séries cultes d’animation Le Griffin et American Dad ! Son premier film, Ted, sort  en octobre 2012 et connaît un succès mondial retentissant. Deux ans plus tard et bénéficiant d’une certaine liberté d’action, il est épaulé par les deux co-scénaristes Alec Sulkin et Wellesley Wild pour écrire un western parodique intitulé  A Million Ways to Die in the West (le titre français est vraiment mal choisi et dessert ce film). C’est en puisant dans le chef d’œuvre de Mel Brooks, Le shérif et en prison (1974) qu’il trouve l’inspiration nécessaire à cette parodie de western italien.

Après de multiples seconds rôles, voire des voix dans ses créations (Ted, Brian/Peter/Stewi Griffin, American Dad !), c’est avec Albert à l’Ouest que Seth MacFarlane trouve son premier grand rôle au cinéma. Ce rôle écrit sur mesure montre non seulement qu’envers lui-même il sait faire preuve d’humour mais surtout qu’il sait parfaitement s’entourer. La présence dans le rôle féminin de Charlize Theron est un des atouts charme de ce film. En cow-girl et pour sa première comédie, elle est simplement parfaite et le duo que son personnage forme avec Albert est parfaitement exploité. Le reste du casting est parfaitement choisi, ainsi les personnages interprétés par  Amanda Seyfried (« de trop grands yeux ») et Sarah Silverman (Ruth, une prostituée en couple) en prennent pour leur grade. On retiendra également le comédien fétiche de Seth MacFarlane Giovanni Ribisi (déjà présent dans Ted) et dans les rôles masculins Liam Neeson (en bad guy) et Neil Patrick Harris.

Comme dans Ted, l’humour sans limite de Seth MacFarlane ne connaît pas de limite aux mauvais goûts et cela tranche réellement avec les habituelles productions hollywoodiennes actuelles. Cette absence de limite peut expliquer d’une certaine façon l’accueil assez froid accordé aux Etats-Unis, pays très puritain. Dans cette histoire, l’église, les mœurs, les fêtes, les américains et surtout les moutons sont les principales victimes d’un humour dévastateur. Certes Seth MacFarlane n’a pas la présence filmique que Mark Wahlberg et semble nettement plus à l’aise à l’écriture et derrière la caméra mais il est pratiquement impossible de ne pas rire devant cette excellente comédie. Les nombreux privates jokes notamment à ma trilogie préférée des années 80 et au dernier film de Quentin Tarantino témoignent bien que Seth MacFarlane est un féru de cinéma américain.

Ce n’est pas seulement la présence d’un élément futuriste qui semble nous faire penser que le personnage principal est complètement en décalage avec son époque. Il semble connaître ainsi parfaitement les causes de mort dans cet Ouest sauvage, comme parler l’indien couramment.  C’est en cela que l’humour de  Seth MacFarlane témoigne d’une vraie analyse et semble réellement destiner à des cinéphiles capables de déceler les nombreux détails et clins d’œil présents dans Ted et ce film. A Million Ways to Die in the West est donc la comédie américaine de cet été  totalement débridée et permettant de retrouver la trop rare et sublime Charlize Theron.

Vu le 17 juin 2014 au Gaumont Champs-Elysées Ambassade / Gaumont Marignan, Salle 01, en VO

Note de Mulder:

Critique de Noodles

Deux ans après la réussite fulgurante et pas moins surprenante de son premier long-métrage Ted(2012), Seth MacFarlane revient avec une nouvelle comédie, bien décidé à dépoussiérer le genre de prédilection du cinéma américain : le Western. Ici, plus question pour lui d'adopter la forme d'un ours en peluche pour enchaîner ses gags, puisqu'il se met lui-même en scène dans sa nouvelle comédie Albert à l'Ouest, incarnant ainsi le personnage principal. Fort du succès commercial que constitue son premier coup d'essai cinématographique, MacFarlane semble plus que confiant en souhaitant endosser les rôles d'acteur, réalisateur, producteur et également scénariste (bien qu'il soit épaulé par deux autres scénaristes pour l'occasion : Alec Sulkin et Wellesley Wild). Voyons où se situe ce second long-métrage dans le travail du créateur des sériesFamily Guy et American Dad et de Ted.

Après un générique d'ouverture nous plongeant dans l'univers des grandes épopées de l'Ouest américain, une première partie du film qui a tendance à trainer un peu s'attache à nous présenter les protagonistes et à construire le petit monde qui est le leur. Comme l'indique bien mieux son titre américain (A Million Ways to Die in the West), Albert à l'Ouest nous présente un Far West de tous les dangers où règne la loi du plus fort, et où la mort omniprésente frappent souvent de manière absolument improbable et ridicule. Un univers en totale opposition avec le caractère d'Albert, cet éleveur de mouton pleutre et gauche incarné par Seth MacFarlane. Même si les gags qui s'enchainent avec un rythme fort soutenu sont loin de tous être à mourir de rire, le contraste entre Albert et le milieu dans lequel il évolue est l'occasion de scènes particulièrement hilarantes. C'est donc lorsqu'il s'agit de s'amuser avec les codes et les clichés qui caractérisent le Western que le film fonctionne bien, multipliant les réflexions décalés et anachroniques d'Albert qui observe son environnement avec beaucoup de recul.

Malheureusement, Seth MacFarlane ne se contente pas de réaliser une amusante parodie de Western empreinte du meilleur de l'humour dont il a su faire preuve dans ces créations antérieures. On peut même aller jusqu'à dire que par la suite, on trouve dans Albert à l'Ouest le pire dont il est capable c'est-à-dire des gags faciles, graveleux et lourds. Bien sûr, cette aspect humoristique a toujours été présente chez Seth Macflarane, notamment dans Family Guy etAmerican Dad. Pourtant, ces dernières ont tout de même sues nous séduire grâce à la présence d'un autre style d'humour, autrement plus absurde et corrosif. Or, cette dimension est trop peu présente dans Albert à l'Ouest, qui ne nous offre que le pitoyable spectacle d'une longue et bruyante diarrhée, ou encore celui de ces moutons qui urinent sur notre pauvre héros. D'ailleurs, ce dernier ne brille clairement pas dans son interprétation, ce qui est d'autant plus dommage que le casting (dans lequel on retrouve notamment Charlize Theron et Liam Neeson) nous laissait espérer une agréable surprise.

Si l'on regrette amèrement de ne trouver dans Albert à l'Ouest que la dimension la plus pauvre de l'univers comique de Seth MacFarlane, on se laissera tout de même amuser par les nombreux clins d'oeil qu'il nous adresse, et la certaine faiblesse du scénario ne saurait pas non plus nous faire oublier que quelques gags parviennent à atteindre leur cible.

 

Vu le 19 Juin 2014, à la salle Universal, en VO.

Note de Noodles: