Maléfique

Maléfique
Titre original:Maléfique
Réalisateur:Robert Stromberg
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:28 mai 2014
Note:

Il était une fois un monde divisé en deux parties distinctes : d’un côté le royaume des hommes et de l’autre la Lande, le pays des fées et d’autres créatures fantastiques. Alors que la confiance règne sur cette contrée enchantée, la jeune fée Maléfique veille à ce qu’aucune influence du monde des hommes ne vienne troubler ce bonheur. Un jour, elle interpelle le jeune voleur Stefan, qui s’était introduit dans la Lande afin de voler un diamant. Maléfique le renvoie. Mais elle finit par tomber amoureuse de cet homme, qui deviendra un jour le roi, aux dépens de son amie ailée.

Critique de Tootpadu

Le prologue en voix off de cette nouvelle adaptation du conte de Perrault ne nous incite guère à l’enthousiasme. Oui, bien sûr que nous connaissons déjà les grandes lignes de cette histoire de la princesse Aurore et de sa malédiction, mais ce qui risque de nous y poser problème, c’est l’annonce de deux ou trois détails qui changeraient notre regard sur elle. Depuis quelques années, nous subissons en fait des relectures soi-disant modernes de ce patrimoine littéraire, qui se soldent hélas le plus souvent par des déluges d’effets spéciaux, trahissant par la même occasion la part importante que revient à l’imagination dans ces contes intemporels. Le cinéma hollywoodien se rend le plus souvent complice de cette braderie des histoires édifiantes pour enfants, même si du côté de la France, nous avons également eu notre dose de sacrilège sous forme de la réinterprétation risible de La Belle et la bête par Christophe Gans, sortie plus tôt cette année. Notre appréhension était cependant infondée, puisque cette nouvelle production Disney reste globalement fidèle au ton enchanteur qui rend les contes de fées si irrésistibles pour les spectateurs plus ou moins jeunes.

Même si l’accent est clairement mis sur les effets spéciaux et le décor – ce qui n’a d’ailleurs rien d’étonnant de la part d’un réalisateur débutant comme Robert Stromberg qui avait jusque là excellé dans ces domaines –, Maléfique dispose de suffisamment de sagesse pour ne pas en faire sa principale raison d’être. Car le dépaysement auquel nous convie le film ne se base pratiquement pas sur l’esbroufe visuelle, préjudiciable à nombre de spectacles vains avant lui. Son aspect plastique n’a certes strictement rien de naturel, avec ses couleurs retravaillées sans relâche à l’ordinateur et une esthétique pas si loin de celle de Tim Burton, avec lequel le réalisateur avait collaboré récemment. Mais derrière cette lourde façade numérique se cache une narration animée par une compréhension presque innocente du conte. Contrairement à ces tentatives anachroniques précédentes, qui essayaient en vain de moderniser ces récits archaïques à coups d’arts martiaux et autres créations farfelues sans aucun rapport avec l’univers initial, celle-ci sait admirablement préserver un air de magie très plaisant.

Il y a donc un dragon et d’étranges chevaliers en bois, mais dans l’ensemble, l’intégrité de l’histoire d’origine est sauve. Et là où le scénario prend des libertés auprès d’elle, ces écarts servent avant tout à rendre les personnages moralement plus ambigus. A commencer par cette sorcière pas sans remords, interprétée souverainement par Angelina Jolie, qui s’octroie un premier rôle moins caricatural et grandiloquent que l’on ne pouvait le craindre. Le message de respect et de soif de découverte, que le film transmet assez subtilement, trouve une championne aux multiples facettes en cette fée déchue, certes aigrie, mais également capable de donner de l’amour, le vrai. Ce qui constitue finalement un constat moral pas aussi manichéen et exagéré que celui avec lequel la plupart des productions estivales venues de Hollywood cherchent à nous obnubiler grossièrement.

 

Vu le 21 mai 2014, au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Noodles

A l'annonce d'une adaptation au cinéma de La Belle au bois dormant basée sur le long-métrage d'animation de Disney sorti en 1959 lui-même tiré du conte de Charles Perrault, on pourrait aisément s'attendre à un résultat dénué de tout intérêt. Pourtant, cette version s'avère être bien différente de l'œuvre originale dans son approche puisqu'ici Maléfique, l'emblématique méchante incarnée par Angelina Jolie, vole clairement la vedette à la princesse Aurore (Elle Fanning). Réaliser un long-métrage autour de ce personnage fascinant, ce n'est pas seulement revisiter de manière atypique un récit connu de tous. C'est également construire tout un univers autour de cette figure, et surtout lui inventer un passé qui expliquerait comment elle est devenue Maléfique. Le film est mis en scène par Robert Stromberg, qui signe ici sa première réalisation. Concepteur d'effets visuels puis chef décorateur oscarisé pour son travail sur les films Avatar (2009) de James Cameron et Alice au pays des merveilles (2010) de Tim Burton, le cinéaste a visiblement su se servir de son expérience sur Maléfique.

Car évidemment, cette production Disney bénéficiant d'un budget colossal ne loupe aucune occasion de déployer une salve d'effets spéciaux plus impressionnants les uns que les autres. Pour autant, ces effets numériques sont bien loin d'être un cache-misère sur lequel se reposerait le film. Par leur utilisation brillante et maitrisée, ils permettent d'offrir au spectateur des images sublimes et de créer un monde féérique à la hauteur de nos exigences. Un monde qui possède bien sûr son lot de créatures farfelues venues compléter le paysage fantastique de Maléfique. Notre seule réserve concernant la dimension formelle du film réside dans l'utilisation de la technologie 3D qui, bien qu'elle permette de magnifier les époustouflants décors du film, ne trouvera de réelle justification que dans ces quelques scènes aériennes dans lesquelles Maléfique fait usage de ses immenses ailes.

Cette relecture du conte de La Belle au bois dormant s'avère en tout cas bien plus mature que l'adaptation animée. En effet, on observe à bien des égards que le récit adopte un aspect assez sombre. De manière surprenante, ce n'est pas vraiment la fée Maléfique qui apporte cette certaine noirceur, mais plutôt les Hommes qui s'attaquent à son territoire. Ainsi le film, sans pour autant faire preuve de manichéisme, tente de dénoncer la cruauté du comportement humain à travers celui du roi Stéphane (Sharlto Copley), un être sombrant progressivement dans la folie et n'hésitant pas à se livrer à des actes barbares afin d'assouvir ses ambitions personnelles. Toutefois, cette dimension plus sinistre de Maléfique ne saurait nous faire oublier qu'il s'agit également d'un film empli d'humour, le personnage interprété par Angelina Jolie étant lui-même la source de nombreuses situations comiques.

En plus de signer le grand retour au box-office d'Angelina Jolie, Maléfique se présente donc comme une adaptation réussie aussi bien pour son angle d'approche original que pour ses effets spéciaux brillamment utilisés. Une version qui séduira les nostalgiques du film d'animation de Disney, mais également les spectateurs venus chercher du grand spectacle.

 

Vu le 21 mai 2014, au Publicis Cinémas, en VO.

Note de Noodles:

Critique de Mulder

La première version de La Belle au  bois dormant fut présentée en 1967  et écrite par Charles Perrault. Mais c’est la version publiée en 1812 et écrite par les frères Jacob et Willem Grimm qui a servi de base scénaristique à ce film. Pour la célébration des cinquante-cinq ans du long métrage d’animation culte La Belle au bois dormant (1959) de Clyde Geromini, Wolfgang Reitherman, Eric Larson et Les Clark, Walt Disney Pictures nous propose donc de revisiter ce conte via une approche plus adulte et en inversant les rôles. Ainsi, le personnage principal n’est plus la princesse Aurore mais Maléfique une créature vivant en harmonie dans une forêt avec d’autres créatures fantastiques. Trahie par ce qu’elle pensait être son ami Stéphane (devenu Roi en ayant coupé les deux cornes de Maléfique),  elle jette un sort sur la fille de celui-ci, la princesse Aurore .Plus le temps passe, plus Maléfique se rend compte que la princesse Aurore n’est pas comme son père. Elle semble être la seule à faire revenir la paix dans le royaume.

Réinventer un des contes les plus connus n’a pas dû être une tâche aisée pour la scénariste Linda Woolverton  (La belle et la bête (1991), Le Roi Lion (1994),  Alice au pays des Merveilles (2210)). Pourtant, la magie opère parfaitement et le film se révèle être non seulement une histoire palpitante mais également parfaitement mise en scène par le réalisateur Robert Stromberg qui signe ici son premier film. Après avoir fait ses armes dans la conception  d’effets visuels et matte painting puis en qualité de chef décorateur, il témoigne d’un savoir-faire indéniable pour donner un rythme à son film. Ayant eu par son passé la possibilité de travailler auprès de grands réalisateurs tels Peter Weir, Martin Scorsese, James Cameron et Tim Burton principalement il a acquis non seulement la maîtrise des effets spéciaux (très nombreux dans ce film) et surtout su trouver le bon rythme. Alors que la version de Tim Burton nous avait déçu, Maléfique est un véritable enchantement pouvant plaire autant aux enfants qu’aux adultes. Certes, le côté très noir du film risque de faire peur aux enfants de bas âge mais s’avère judicieux pour donner à ce film sa juste  tonalité.

La réussite de ce film revient pourtant au choix judicieux du casting et surtout à la présence imposante d’Angelina Jolie dans le rôle de Maléfique. Aucune autre comédienne ne pouvait être aussi juste dans ce rôle. Celui-ci lui donne non seulement la possibilité de revenir au-devant de la scène non plus comme une simple icône (Tomb Raider (2001&2003), Wanted : choisis ton destin (2008), Salt (2010)) mais comme une comédienne aussi à l’aise dans des scènes dramatiques que des moments  irrésistiblement comiques. Quatre années après Salt (2010), ce film marque donc son retour réussi malgré des tensions pendant le tournage entre le réalisateur Robert Stromberg et la comédienne qui amena le réalisateur John Lee Hancock à devoir tourner des scènes supplémentaires. Si Angelina Jolie obtient le premier rôle de ce film c’est en partie contre l’avis des exécutifs des studios hollywoodiens qui pensent qu’ un blockbuster ne peut reposer que sur un rôle masculin. C‘est donc grâce notamment à la série des Hunger games et de Twilight et surtout Frozen que cette donne semble péricliter.

La volonté de faire de ce film un blockbuster se ressent par des effets spéciaux aussi spectaculaires et nombreux et par un casting parfaitement en phase avec la teneur du film. Seul petit défaut la trop courte durée (96 minutes) fait qu’on a souvent la sensation que  certaines scènes  ont disparu en salle de montage.

Vu le 06 juin 2014 au Gaumont Disney Village, Salle 01, en VF

Note de Mulder: