Titre original: | Dragons 2 |
Réalisateur: | Dean DeBlois |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 102 minutes |
Date: | 02 juillet 2014 |
Note: |
Cinq ans après que les hommes et les dragons se sont réconciliés, la paix règne parmi les vikings de Berk. Alors que ses amis s’adonnent aux courses sportives de dragons et que son père Stoïk voudrait qu’il prenne sa succession en tant que chef du village, Harold préfère explorer des contrées lointaines grâce à son dragon Krokmou. Lors d’une de ses expéditions, il apprend que le méchant Drago rassemble une armée de dragons, qui pourrait mettre en danger la quiétude de Harold et des siens.
Rien n’est plus ennuyeux que la perfection. Malgré leur prouesse technique tout à fait indéniable, les premières minutes de cette suite d’un des meilleurs films d’animation de l’année 2010 nous laissent craindre le pire, c’est-à-dire une histoire dégoulinant de bons sentiments et dépourvue du moindre enjeu sérieux en termes dramatiques. Car cette plongée digne d’un jeu vidéo dans le monde de Harold nous présente justement ce dernier sous un jour abusivement optimiste et ludique, comme si rien, ni personne ne pouvait venir assombrir ce tableau idyllique. Il est pourtant déjà révélateur que le jeune héros soit absent de cette euphorie presque agaçante, parce qu’au lieu de se prélasser dans un environnement aseptisé, il a opté pour la découverte moins commode de terres et cultures inconnues. Le tribut que le spectateur doit payer pour le suivre dans ses aventures n’est pas excessif, puisqu’il se monnaie en des vols spectaculaires qui justifient amplement l’emploi du relief, mais qui commencent à en devenir aussi, film après film, la seule et unique raison d’être.
Dragons 2 est une suite à la fois efficace et solide, grâce à l’équilibre savamment dosé entre l’exubérance de la forme et un fond, qui aborde quelques sujets importants sans prétendre à la relecture complète de notre civilisation actuelle. Contrairement aux films d’animation de la grande époque de Pixar, qui se gavaient carrément de leur second degré assumé avec panache, le ton de celui-ci est – à l’image des autres productions Dreamworks – beaucoup plus sobre. Sa démarche réfléchie suit en quelque sorte le cheminement du personnage principal, un jeune adulte de désormais vingt ans, qui devra faire des choix lourds de conséquences pour son avenir personnel. La stratégie quasiment frileuse de Harold, en tant que reflet à peine voilé des hésitations diplomatiques qui caractérisent dans la vraie vie la politique internationale de ces vingt dernières années, est certes louable. Elle est aussi empreinte d’un idéalisme pacifique aux yeux bleus, qui se transformera assez tard en une forme plus tendancieuse du protectionnisme. Heureusement, ce schéma manichéen prend seulement le dessus, une fois que les messages quant à l’importance du maintien de l’équilibre écologique et de la nécessité de vivre en paix ont été transmis.
Vous le voyez bien, sa vocation de divertissement familial n’empêche pas ce film de poser quelques questions pas sans mérite, ni sans intérêt pour un public adulte. Rien ne nous en a marqués outre mesure, soit. La narration habile de Dean DeBlois a toutefois su préserver assez de la particularité de l’original pour ne pas tomber dans le piège de la répétition insipide. Ce qui implique que nous n’attendrons pas avec une impatience démesurée le troisième épisode des aventures de Harold et Krokmou, prévu dans deux ans. Mais que ce quatrième univers de chez Dreamworks, après Shrek, Madagascar et Kung Fu Panda, est néanmoins celui qui sait rester avec le plus d’élégance et d’intelligence à l’écart des enfantillages, qui rendent parfois ses confrères si anodins.
Vu le 20 mai 2014, au Club de l'Etoile, en VO
Note de Tootpadu:
Sorti en 2010, le premier Dragons réalisé par Dean DeBlois et Chris Sanders, et inspiré par le roman pour enfants écrit par Cressida Cowell, détonnait totalement avec le reste de la production de films animés de la société DreamWorks. Auparavant, cette dernière préférait miser sur des œuvres où aucune réelle qualité ne venait justifier leur succès commercial certain. On pense ainsi aux films Shrek, Madagascar ou encore Kung Fu Panda, parfaits exemples de l’application d’une formule dont le résultat aseptisé pouvant donner lieu à une infinité de suites sans intérêt ne parvenait en aucun cas à rivaliser avec les productions Pixar. Mais Dragons a su, par son caractère ambitieux et autrement plus étonnant de maturité, révolutionner le monde de l’animation chez DreamWorks en plaçant la barre très haut. Au vu de la réussite de ce film tant sur le plan qualitatif que sur le plan commercial, il était naturel de craindre que le second opus ne parvienne pas à égaler le premier.
Et pourtant, les promesses annoncées par Dragons sont plus que tenues dans une suite qui est cette fois-ci uniquement écrite et réalisée par Dean DeBlois. Le récit de Dragons 2 est synonyme d’élargissement des horizons : tandis qu’une première séquence enjouée et festive nous dépeint le monde utopique qu’est devenu Beurk une fois la guerre contre les dragons terminée, le film nous informe sur le nouvel objectif d’Harold, qui est d’explorer de nouvelles contrées accompagné de sa fidèle créature Krokmou. « Depuis que les Vikings chevauchent des dragons, le monde est devenu plus vaste. » dit-il d’ailleurs au début du film. Cette quête de territoire s’accompagne d’une quête personnelle et identitaire du héros, donnant au récit une dimension étonnamment réfléchie et mature.
La plus grande qualité de Dragons 2 est certainement de réussir à jouer sur tous les tableaux mais toujours avec brio. Effectivement, le film excelle lorsqu’il s’agit de donner un souffle épique à l’histoire, avec ces grandes batailles magnifiquement orchestrées et ces superbes séquences aériennes à dos de dragon. Les scènes d’action impressionnant par leur maîtrise ne sauraient en aucun cas nous faire oublier la dimension profondément émouvante de ce film qui ne manquera pas de faire sortir leurs mouchoirs aux petits comme aux plus grands. Si l’humour est également bien présent, il faut toutefois préciser qu’il est surtout cantonné à des gags d’arrière-plan efficaces et percutants, de manière à ne pas trop alourdir une œuvre déjà très riche et au rythme particulièrement soutenu.
Si nous n’avons pas encore mentionné la virtuosité technique et artistique de Dragons 2, force est de constater qu’elle place véritablement le film au rang de chef d’œuvre du cinéma d’animation. Tout ici est fait pour immerger entièrement le spectateur dans ce monde fantastique nourri par des influences nombreuses et variées : ainsi, cette course de vikings pilotant des dragons au début du film ne manquera pas de nous faire immédiatement penser aux fameux matchs de Quidditch présents dans la saga Harry Potter, tandis que par bien d’autres aspects le film rejoint Avatar, ou même les univers de Star Wars et du Seigneur des anneaux. Sans oublier la dimension poétique très présente qui aurait peut-être tendance à rapprocher Dragons 2 de l’œuvre d’Hayao Miyazaki (sans pour autant prétendre égaler la qualité de cet univers autrement plus beau et profond).
On reste en tout cas ébahi face au caractère si peu enfantin de ce film d’aventure captivant et parfaitement réussi, qui ne manquera pas de séduire un public des plus larges.
Vu le 15 Juin 2014, à l'occasion du Champs-Elysées Film Festival, à l'UGC George V, en VF.
Note de Noodles:
Note de Mulder: